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ARCHIVES 

DU 

MUSÉUM NATIONAL 

D’HISTOIRE NATURELLE 

publiées par MM. les Professeurs-Administrateurs 


SEPTIÈME SÉRIE 



TOME IV 


ÉDITIONS DU MUSÉUM 

36, Rue Geoffroy-St-Hilaire — Paris V e 
1956 


Source : MNHN, Paris 



BULLETIN DU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE 

Paraît depuis 1895 , 6 ou 7 numéros par an. Réunit de brèves communications sur toutes les branches 
de l’histoire naturelle. 

SÉRIE : 1895 à 1928, t. I à XXXIV. 

2° SÉRIE : en cours, depuis 1929. 

Abonnement : France : 1.500 francs, Étranger : 2.000 francs payable comptant à la Bibliothèque centrale du 
Muséum national d’histoire naturelle, 36, rue Geoffroy-saint-Hilaire, Paris (5 e ) ou par chèque bancaire 
ou par versement au C.C.P. Paris 9062-62. 


MÉMOIRES DU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE 

Paraissent depuis 1935, sans périodicité. Contiennent des monographies. 

— 30 tomes, parus de 1935 à 1950. Liste sur demande. 

— Nouvelle série en 3 parties depuis 1950 : A. Zoologie. B. Botanique. C. Sciences de la terre. 

Prix variables suivant fascicules. 


PUBLICATIONS DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 

Paraissent depuis 1933, sans périodicité. Contiennent des monographies scientifiques ou biographiques. 

Prix variables suivant les tomes. 


ANNUAIRE DU MUSÉUM NATIONAL D'HISTOIRE NATURELLE 

Paraît depuis 1939. 7 e année, 1953, 172 p., 300 fr. 


CATALOGUE DE L’EXPOSITION DU TROISIÈME CENTENAIRE 

Paru en 1935. 150 p., 8 pl., France : 200 francs, Étranger : 300 francs. 


LES GRANDS NATURALISTES FRANÇAIS 

1. Buffon, 1952, 245 p., 25 pl., 1.200 fr. 

2. Victor Jacquemont, Stendhal et le salon du baron Cuvier (en préparation). 


GUIDE GÉNÉRAL DU JARDIN DES PLANTES 

Paru en 1954 , 32 p., fig., 2 plans, 150 fr. 


Toutes ces publications peuvent s’obtenir par échange . 


Source : MNHN, Paria 





Source : MNHN, Paris 


Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES 

DU 

MUSÉUM NATIONAL 

D'HISTOIRE NATURELLE 


SEPTIÈME SÉRIE 


Source : MNHN, Paris 



LISTE 

PAR ORDRE D’ANCIENNETÉ DES PROFESSEURS-ADMINISTRATEURS 
DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 
Arrêtée au i er Octobre 1956 


NOM 

CHAIRE 

DATE 

de l’entrée en fonctions 

*Édouard Bourdelle (1) . . 

Zoologie (Mammifères et Oiseaux). 

16 Juillet 1926. 

*Paul Rivet. 

Ethnologie des Hommes actuels et 
des Hommes fossiles. 

6 Mars 1928. 

*René Jeannel. 

Entomologie. 

I er Octobre 1931. 

Henri Humbert. 

Phanérogamie. 

i er Octobre 1931. 

* André Guillaumin .... 

Culture. 

10 Décembre 1932. 

* Achille Urbain. 

Éthologie des Animaux sauvages. 

I er Janvier 1934. 

* Camille Arambourg. . . . 

Paléontologie. 

I er Novembre 1936. 

Jean Orcel. 

Minéralogie. 

I er Mai 1937. 

* Louis Fage. 

Zoologie (Vers et Crustacés). 

I er Décembre 1937. 

Charles Sannié. 

Chimie organique. 

I er Décembre 1941. 

René Abrard . 

Géologie. 

20 Décembre 1941. 

Paul Vayssière. 

Entomologie agricole coloniale. 

I er Janvier 1942. 

Théodore Monod. 

Pêches et Productions coloniales 
d’origine animale. 

18 Août 1942. 

Jacques Millot. 

Anatomie comparée. 

i er Mars 1943. 

Maurice Fontaine .... 

Physiologie générale. 

15 Mars 1943. 

Édouard Fischer. 

Malacologie. 

i er Décembre 1943. 

f Léon Bertin. 

Zoologie (Reptiles et Poissons). 

i er Août 1944. 

Roger Heim. 

Cryptogamie. 

i er Août 1945. 

Auguste Loubière .... 

Anatomie comparée des Végétaux 
vivants et fossiles. 

i er Août 1945. 

Roland Portères. 

Agronomie coloniale. 

I er Avril 1948. 

Jacques Berlioz. 

Zoologie (Mammifères et Oiseaux). 

I er Avril 1949. 

Yves Le Grand. 

Physique appliquée aux Sciences 
naturelles. 

I er Juillet 1949. 

Henri-Victor Vallois . . . 

Ethnologie des Hommes actuels et 
des Hommes fossiles. 

i er Mars 1950. 

*Lucien Chopard. 

Entomologie. 

I er Août 1951. 

Henri Lacombe. 

Océanographie Physique. 

I er Mars 1955. 

Max Vachon. 

Georges Kuhnholtz- 

Zoologie (Vers et Crustacés). 

I er Juin 1955. 

Lordat . 

Écologie et Protection de la Nature. 

1er Juillet 1955. 

Eugène Séguy. 

Entomologie. 

I er Janvier 1956. 

Jean-Pierre Lehman . . . . 

Paléontologie. 

I er Avril 1956. 

Jacques Nouvel. 

Éthologie des Animaux sauvages. 

I er Août 1956. 


(1) L’astérisque s’applique aux Professeurs honoraires. 


Source : MNHN, Paris 






































ARCHIVES 

DU 

MUSÉUM NATIONAL 

D'HISTOIRE NATURELLE 

publiées par MM. les Professeurs-Administrateurs 


SEPTIÈME SÉRIE 



TOME IV 


ÉDITIONS DU MUSEUM 

36, Rue Geoffroy-St-Hilaire — Paris V e 
1956 


Source : MNHN, Paris 



SOMMAIRE 


Louis-Eugène Bouvier, par E. Séguy .vu 

Nudibranches du Viêt-Nam, par Jean Risbec, Préface de R. Serène 
et G. Ranson. i 

Les Symphurus marbrés du Complexe Indo-Pacifique tropical, par 
Paul Chabanaud.79 


Source : MNHN, Paris 












































Source : MNHN, Paris 




LOUIS-EUGÈNE BOUVIER 

(1856-1944) 


par Eugène SÉGUY, 
Professeur au Muséum d’Histoire Naturelle. 


A une époque où la Science évolue rapidement, où la culture gréco-latine s’amenuise, 
où l’esprit de la profession libérale ne se comprend plus, où l’éducation se réduit, il est peut- 
être utile de montrer ce qu’était un savant d’autrefois, fils de paysans, qui, soumis à un 
idéal, s’est élevé de plus en plus et, après une vie de travail scrupuleux et acharné, sans 
chercher de récompenses, est mort pauvre, isolé, mais fier du devoir accompli. 

Il ne s’agit pas de prendre parti, ni de faire la critique des faits et des idées transfor¬ 
mistes qui ont dirigé l’œuvre résumée ici. Je me suis efforcé de ne pas m’éloigner du but, 
qui est un exposé objectif de la vie et des travaux de M. Bouvier. 


SA VIE ET SA CARRIÈRE 

L’enfant qui devait être le Professeur Louis-Eugène Bouvier naquit le 9 avril 1856, 
à Saint-Laurent-Grandvaux, arrondissement de Saint-Claude (Jura). Gai, intelligent et 
docile, il fait la joie de ses parents dont l’affection attentive ne fut jamais faible à son égard. 
« Il n’aurait pas fallu, m’a-t-il souvent répété, que j’esquive le moindre des commandements 
reçus de mon père. On aurait rapidement, avec rigueur, rendu sensible la notion du devoir. » 
Un peu turbulent au foyer paternel, il se montre très appliqué à l’école. Dès qu’il sut lire il 
fut avide de s’instruire. Après avoir aidé aux travaux des champs, il se réfugiait dans un 
grenier, où il étudiait une partie de la nuit, éclairé par un morceau de chandelle. Gomme 
tant d’autres il commença l’étude des sciences naturelles par la détermination des plantes 
vulgaires, sous la direction de l’instituteur de son village. Dans sa soupente, pour soutenir 
sa veille et animer son incessant labeur, nous savons qu’il rêvait du succès et de la gloire 
qui devaient être sa récompense. 

Il quitta de bonne heure la maison familiale pour élargir le cercle de ses études. En 
1872 il entra à l’École Normale Primaire de Lons-le-Saunier, où pendant ses maigres loisirs 
il continue d’herboriser. A vingt ans, en 1875, il était instituteur adjoint à Glairvaux, au 
sud de son village natal. Trois ans après, en 1878, il est nommé maître adjoint à l’École 
Normale Primaire de Versailles. En 1881 il fut un des élèves reçus dans la première pro¬ 
motion admise à l’École Normale Primaire Supérieure de Saint-Cloud. Il en sortit avec le 
titre de Professeur à l’École Normale de Villefranche. 


x 


•• 


Source : MNHN, Paris 


vin 


Louis-Eugène Bouvier 


Très indépendant il se forma lui-même intellectuellement. Il refusa toute aide. Il vou¬ 
lait « arriver » seul. Lorsque, jeune étudiant, il dut passer un examen décisif, on lui proposa 
la protection de Pasteur, son illustre compatriote. Il déclina l’offre avec violence, en disant 
que si on la lui imposait il abandonnerait l’enseignement. Il fut toujours ennemi des recom¬ 
mandations. 

Cependant Edmond Perrier, qui enseignait à Saint-Cloud, avait discerné les aptitudes 
remarquables de son élève pour les sciences biologiques. Il lui offrit une bourse au Muséum 
et l’accueillit à Paris en 1882. 

A cette époque un choc intime provoqua chez M. Bouvier une violente réaction. La 
proposition (peut-être sollicitée) d’Edmond Perrier, et la volonté de s’y soumettre, opérèrent 
un changement radical dans la vie du jeune maître. Sans abandonner l’enseignement 
primaire, il se tourna vers l’enseignement supérieur. Boursier du Muséum de 1882 à 1885, 
il passa successivement le baccalauréat ès sciences, les deux licences physiques et naturelles, 
puis l’agrégation des sciences naturelles où il fut reçu premier. 1885 le trouva répétiteur 
d’Edmond Perrier à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud, où il fut chargé de la 
direction des conférences et manipulations zoologiques pour l’agrégation des lycées. 

Stagiaire au Muséum en 1887, il fut nommé chef des travaux pratiques du laboratoire 
de Zoologie comparative de l’École des Hautes Études, alors dirigé par Edmond Perrier. 
Ses recherches sur les Mollusques, qu’il étudiait avec passion depuis près de trois ans, lui 
permirent la rédaction d’une importante monographie, puis de soutenir d’une façon brillante 
une thèse de doctorat sur le Système nerveux, la Morphologie et la Classification des Gastéropodes 
prosobranches. Ce travail de plus de cinq cents pages, illustré d’une centaine de dessins origi¬ 
naux, fut publié dans les Annales des Sciences naturelles. En bouleversant les idées reçues 
sur la classification des Prosobranches, cette publication valut une certaine notoriété à son 
auteur, mais rien de plus. 

Cependant il fallait vivre, et M. Bouvier connaissait alors les difficultés de la vie 
matérielle. Tout en gardant ses fonctions au Muséum il se fit inscrire à l’École de Pharmacie, 
passa encore des examens et obtint le diplôme de pharmacien de i re classe. En 1889 il fut 
reçu premier au concours d’agrégation des Écoles de Pharmacie, avec une thèse importante 
sur les Cétacés souffleurs, thèse inspirée, comme celle du doctorat, par Edmond Perrier. 
Ce brillant travail lui valut d’être nommé Professeur agrégé à l’École de Pharmacie de 
Paris et suppléant à la chaire de Cryptogamie. M. Bouvier reconnut que c’est grâce à l’en¬ 
seignement de Van Thiegem, Professeur au Muséum, qui l’initia à toutes les connaissances 
de la botanique scientifique, qu’il put élaborer ses cours de Cryptogamie à l’École de Phar¬ 
macie et y introduire les notions de microbiologie acquises pendant deux périodes d’études 
à l’Institut Pasteur. Cette innovation, réclamée avec insistance depuis fort longtemps, fut 
très appréciée. 

Malgré son enseignement botanique, M. Bouvier fut élu en 1894 Président de la 
Société zoologique de France. Il cumula alors les fonctions de Professeur à l’École de Phar¬ 
macie et celles de sous-directeur au Laboratoire de Zoologie anatomique de l’École des 
Hautes Études. A ce moment il dut choisir entre deux voies : l’enseignement ou la recherche. 
Quoiqu’il dût lui en coûter matériellement, il choisit la recherche. Mais il devait rester à 
l’École de Pharmacie jusqu’en 1895, époque où il fut désigné par le directeur, M. Jacoulet, 
pour être interrogateur de Sciences naturelles à l’école de Saint-Cloud. 


Source : MNHN, Paris 



Louis-Eugène Bouvier 


ix 


Toujours en 1894, Émile Blanchard, âgé de 75 ans, prit sa retraite et libéra la chaire 
de Zoologie du Muséum. Deux compétiteurs, également connus par des travaux entomolo- 
giques importants, Jules Künckel et A. Brongniart, étaient candidats à la succession de 
Blanchard. L’Assemblée des Professeurs du Muséum, qui éprouvait des difficultés pour 
décider entre deux savants d’égale valeur, fit appel à M. Bouvier qui, vivement soutenu 
par A. Milne-Edwards et par E. Perrier, fut nommé Professeur en 1895. 

Ses travaux antérieurs ne le désignaient pas particulièrement pour occuper une chaire 
où les insectes formaient la majeure partie des collections. Mais dans ce nouveau domaine 
il fit résolument face aux difficultés. Giard et Milne-Edwards le présentèrent à la Société 
entomologique et il se mit à l’étude des insectes avec l’enthousiasme qu’il apportait à toute 
chose, réussissant à calmer le ressentiment de ses deux concurrents malheureux. Sous son 
impulsion le laboratoire qu’il dirigeait, profondément transformé, devint le centre d’une 
intense activité scientifique. Dès le premier jour ses collaborateurs trouvèrent en M. Bou¬ 
vier, et quoiqu’il en parût, un chef bienveillant, toujours prêt à les encourager dans leurs 
recherches et à leur procurer toutes les occasions de les rendre plus fructueuses. 

Ses efforts lui valurent d’être élu à l’unanimité, en 1898, Président de la Société Ento¬ 
mologique de France. La même année cette Société le délégua au Congrès International 
de Zoologie à Cambridge. 

L’année suivante, en 1899, M. Bouvier commença l’installation de la galerie dite 
d’« Entomologie appliquée », dont le succès fut retentissant. Son activité sur les applications 
de la science lui valut d’être élu en 1900 membre associé de l’Académie d’Agriculture. En 
même temps il se présentait à l’Académie des Sciences, où la section de Zoologie le classa 
en troisième ligne au fauteuil d’Émile Blanchard, puis en deuxième ligne à la place laissée 
vacante par la mort d’Alphonse Milne-Edwards. En 1901 l’Académie lui décerna le prix 
Petit d’Ormoy. En 1902 il fut élu dans la section d’Anatomie et de Zoologie, en rempla¬ 
cement de Henri Filhol, auteur des Recherches sur les Mammifères des phosphorites du Querçy. 
Il occupa le fauteuil où l’avaient déjà précédé d’illustres personnages : le médecin Philippe 
Pinel, Frédéric Cuvier, Henri Milne-Edwards et l’anatomiste Constant Sappey. 

Il inaugura la série de ses cours sur les Insectes par l’étude des Hyménoptères, qui 
donnèrent lieu en 1901 à un travail sur les Bembex, et furent couronnés en 1910 par un cours 
magistral sur les Abeilles. Le texte de ce cours, reproduit et diffusé par les Sociétés apicoles, 
fut plusieurs fois traduit en anglais. 

En 1905, le Prince Albert de Monaco organisait une campagne scientifique dans 
l’océan Atlantique. Il invita M. Bouvier à en faire partie et l’emmena aux Baléares, à 
Madère, dans la mer des Sargasses et aux Açores. M. Bouvier rapporta de cette croisière 
de nombreux échantillons, nouveaux ou rares, et des connaissances ou des impressions qui, 
disait-il, furent pour lui comme une « délicieuse et inoubliable leçon de choses ». Le calme 
et les merveilles de l’Océan le captivèrent, tandis qu’il découvrait l’attrait que peuvent 
avoir les terres éloignées pour le naturaliste. 

Il rentra à Paris pour recevoir du Ministre de l’Agriculture, pour ses démonstrations 
d’entomologie appliquée, le Grand Prix de l’Exposition internationale de Liège. 

Pendant la période qui précéda la guerre de 1914 et pendant la tourmente, il dirigea 
des publications, il augmenta les collections de son laboratoire, tout en élaborant des travaux 
personnels sur les Crustacés, les Onychophores et les Abeilles. Il a tenu à justifier par 


Source : MNHN, Paris 



X 


Louis-Eugène Bouvier 


lui-même ce qu’il écrivait de J.-H. Fabre « qui laisse aux générations nouvelles l’exemple 
d’une vie rendue féconde par un labeur passionné et par une noble indépendance ». 
Par une heureuse coïncidence, M. Bouvier remplaça en 1915, à la Société Entomologique, 
comme membre honoraire, l’illustre entomologiste pour lequel il avait la plus vive admi¬ 
ration et dont il venait de publier l’éloge. 

En 1924, M. Bouvier devint Président honoraire de la Société zoologique de France, 
et en 1927 il fut nommé directeur de laboratoire des Hautes Études, ce qui augmentait 
encore, en admettant que cela fût possible, l’importance de son service. 

L’Académie des Sciences l’avait élu en 1902 et il en resta longtemps le doyen d’élec¬ 
tion. Il suivait les séances avec une assiduité exemplaire. Il représenta plusieurs fois l’Aca¬ 
démie dans des Congrès, particulièrement au Congrès international d’Ithaca, où il put voir 
une dernière fois ses correspondants les savants américains. L’Académie des Sciences, qu’il 
présidait en 1925, tint à rendre hommage au magnifique effort scientifique si longtemps 
soutenu par M. Bouvier en lui décernant en 1942 l’une de ses plus hautes récompenses, le 
Prix Albert de Monaco. 

Nommé Assesseur au Directeur du Muséum en 1920, il tint cette charge jusqu’en 1930. 
Membre du Conseil de l’Institut Pasteur depuis de nombreuses années, aux côtés de ses 
amis Émile Roux et Alfred Lacroix, M. Bouvier contribua vivement à la bonne marche 
et au succès de cette illustre Institution. 

M. Bouvier fit valoir ses droits à la retraite en 1932. Cette nouvelle situation, en lui 
laissant plus de temps libre, devait lui permettre de travailler davantage et avec plus de 
tranquillité. Il avait accumulé de nombreuses notes sur les sujets les plus variés. Onze années 
de travail ininterrompu ne devaient pas suffire à les épuiser. C’est à ce moment que parut 
la Monographie des Saturnides et que ses derniers travaux sur les Crustacés furent élaborés. 

Pendant la longue période où il dirigea le laboratoire d’Entomologie du Muséum, 
M. Bouvier sut s’attirer la reconnaissance des spécialistes de cette science. Son incessant 
labeur, son savoir étendu lui avaient acquis une notoriété universelle. C’est à ce titre qu’il 
fut élu en 1915 membre honoraire de la Société entomologique de France et acclamé Prési¬ 
dent d’Honneur en 1932, année où coïncidaient le Centenaire de la Société et le Congrès 
international. Sa carrière scientifique fut couronnée par la plus haute marque de respect 
et d’estime qu’une société savante puisse décerner, c’est-à-dire par le titre de Président 
honoraire de la Société. Ce rare honneur avait déjà été conféré à Latreille, à Duméril, 
à Léon Dufour, à Léon Fairmaire. M. Bouvier succéda à son ami Eugène Simon, célèbre 
arachnologiste et ornithologiste réputé. 

Il avait été nommé Chevalier de la Légion d’Honneur en 1903, et Officier en 1913. 
Il fut promu Commandeur en 1932, à l’occasion de la commémoration du Centenaire de 
Pasteur, manifestation dont il avait grandement assuré le succès. Il était titulaire de nom¬ 
breuses distinctions et décorations étrangères. L’Étoile Polaire de Suède, qui lui avait été 
décernée sur les instances de son ami M. Y. Sjôstedt, fut une de celles qui lui fit le plus de 
plaisir : il en montrait le bijou avec une joie non dissimulée. 

Parvenu à une situation élevée dans l’Enseignement supérieur, comblé de titres et 
d’honneur, M. Bouvier sut conserver le goût d’une vie simple. Si l’on tient compte des 
travaux qu’il a réalisés, on s’accordera pour dire que sa carrière de naturaliste fut à juste 
titre exceptionnelle. Cependant il s’honora toujours d’être sorti de l’Enseignement primaire, 


Source : MNHN, Paris 



Louis-Eugène Bouvier 


xi 


tenant à prouver par son exemple que l’instruction et la pensée ne sont pas des biens de 
famille et qu’avec un grand enthousiasme et une volonté tenace on peut atteindre le but 
choisi, quel que soit le point de départ. La culture intellectuelle ne l’avait ni déraciné ni 
déclassé, et sa vie exemplaire devait susciter quelques vocations. 


SON ŒUVRE 

En 1942, j’ai établi la liste des travaux de M. Bouvier. Elle a été imprimée la même 
année dans les Annales de la Société entomologique de France, à la suite de la notice que 
lui a dédiée M. le Professeur R. Jeannel. Une autre notice, rédigée par M. le Professeur 

L. Fage, a paru en 1944 dans les Annales des Sciences Naturelles dont M. Bouvier fut si long¬ 
temps le collaborateur, puis le Directeur. Ces listes comprennent près de cinq cents titres, 
mais ne font pas mention des notes de philosophie zoologique, des articles de vulgarisation 
et des discours prononcés en diverses occasions. 

De cette œuvre immense se dégagent plusieurs grands travaux devenus classiques : 
ceux sur les Mollusques, les Péripates, les Crustacés, les Insectes, dont la grande mono¬ 
graphie des Papillons séricigènes, sont les plus importants. On pourra y ajouter les minu¬ 
tieuses recherches sur les Mérostomacés et les Arachnides, les travaux anatomiques sur le 
plexus des Vertébrés, les maladies des Crustacés, les observations sur le commensalisme 
chez les Polypes madréporaires. 

Ces travaux ont eu le plus souvent pour objet des groupes d’animaux peu connus dont 
la position zoologique incertaine donnait à M. Bouvier l’occasion d’en rechercher les affi¬ 
nités et l’histoire, d’en étudier l’anatomie et la morphologie comparée, d’en observer sur 
les enchaînements et les rapports zoologiques les effets de l’adaptation, l’embryogénie, d’en 
établir la systématique, les distributions géographique et bathymétrique, d’étudier la paléon¬ 
tologie et l’éthologie. Il ne perdra jamais de vue les applications de la science et traitera 
plusieurs problèmes de zoologie économique. 

Les Vers géphyriens commensaux étudiés par M. Bouvier appartiennent au genre 
Aspidosiphon, ils se logent dans des coquilles vides de Gastéropodes sur lesquelles viennent se 
fixer bientôt des Polypes madréporaires. Ces derniers finissent par recouvrir la coquille et 
abritent complètement le Ver. Les Polypes s’accroissent avec ce dernier et lui ménagent à 
l’intérieur une cavité tubulaire de plus en plus grande. Cette cavité, souvent hélicoïdale, 
communique avec l’extérieur à travers le Polypier, par une série régulière de perforations 
qui amènent au Ver le courant d’eau respiratoire. M. Bouvier constate que la même espèce 
de Ver peut vivre en commensalisme avec deux Polypes et, inversement, que la même 
espèce de Polype peut s’associer avec deux espèces de Vers. Un troisième hôte peut se super¬ 
poser aux deux précédents et profiter du voisinage. C’est un petit Mollusque lamellibranche 
qui se loge entre le Ver et les parois de son tube. 

En étudiant le commensalisme curieux qui s’établit entre les Géphyriens et les Polypes, 

M. Bouvier est conduit à examiner une espèce des faluns de Dax, qui lui montre tous les 
indices de commensalisme caractérisant les formes actuelles. 

Parmi les travaux remarquables et indiscutés de M. Bouvier, on doit mentionner d’abord 


Source : MNHN, Paris 



XII 


Louis-Eugène Bouvier 


ceux qui traitent de l’organisation, des affinités et des enchaînements des Mollusques Gasté¬ 
ropodes unisexués ou Prosobranches. Ils établissent l’homogénéité de cette classe et montrent 
que les formes hermaphrodites se rattachent aux formes unisexuées par l’intermédiaire 
d’espèces archaïques dont les Actéons sont les représentants actuels. Les Actéons herma¬ 
phrodites ont conservé la commissure nerveuse tordue des Gastéropodes unisexués et c’est 
par une détorsion progressive que ces groupes se sont différenciés. 

Von Ihering divisait les Prosobranches en deux groupes indépendants : celui des 
Chiastoneures (Haliotide, Paludine, Cyclostome), qui présentent une commissure viscérale 
croisée, et celui des Orthoneures (Buccin, Porcelaine, Cône) où cette commissure se réduit 
à une anse courte et non croisée. M. Bouvier s’aperçoit que ce groupement manquait de 
base et que tous les Prosobranches possèdent une commissure croisée. Les Orthoneures de 
Von Ihering sont des Chiastoneures dont l’anastomose secondaire a été confondue avec la 
commissure viscérale. 

Diverses familles de Mollusques, entre autres celle des Cérithidés, se prêtent à cette 
démonstration. Les modifications lentes et progressives que subit l’anastomose permettent à 
diverses espèces de cette famille d’être rangées dans les Chiastoneures, d’autres dans les 
Orthoneures. Tous les intermédiaires s’observent entre ces deux extrêmes. Devant cet 
exemple frappant de l’enchaînement des espèces, la conversion de M. Bouvier aux doc¬ 
trines évolutionnistes fut complète, et ces doctrines constituèrent par la suite l’essentiel de 
son avoir scientifique. 

Parmi les travaux qui ont provoqué des recherches et des discussions, on peut citer ceux 
qui traitent de l’origine de l’asymétrie des Mollusques et la monographie des Pleurotomaires. 
Dans les premiers, M. Bouvier recherche la cause de l’asymétrie organique des Mollusques 
gastéropodes et de l’enroulement spiral que présentent ces animaux. Les études compara¬ 
tives qu’il effectue sur les Ampullaires dextres et senestres lui montrent que la torsion du 
système nerveux est la même dans les deux formes et il en conclut que l’asymétrie organique 
des Ampullaires est indépendante du sens de l’enroulement de la coquille. 

Grâce à leurs caractères archaïques les Pleurotomaires ont permis de fixer le processus 
par lequel les Gastéropodes se sont différenciés des Amphineures. En utilisant un tronçon 
de Pleurotomaria quoyana , pièce rarissime et de valeur inestimable qui lui fut confiée par 
Alexandre Agassiz, M. Bouvier reconnaît avec Henri Fischer que le système nerveux des 
Pleurotomaires provient de celui des Amphineures chitonidiens. Cette étude permet de 
tracer la marche probable de l’évolution chez les Prosobranches. 

Ces recherches sur des animaux jusqu’alors inconnus ont soulevé un vif émoi parmi 
les zoologistes et provoqué de nombreux travaux qui corroborent ou combattent les conclu¬ 
sions émises par Bouvier et Fischer. Elles ont eu les honneurs d’une longue discussion au 
Congrès international de Zoologie de Berlin. 

Les travaux sur les Onychophores ou Péripates mettent en évidence l’origine annéli- 
dienne de ces animaux, leur extrême variété, leurs enchaînements, leurs migrations à la 
surface du globe, les différences remarquables qui distinguent leur développement et la 
transformation lente et progressive de leurs espèces vivipares en espèces ovipares. Ces 
recherches, qui ont fait connaître la petite classe intéressante entre toutes qui établit un 
lien entre deux grands embranchements du règne animal, ont demandé quatre années de 
travail assidu et M. Bouvier a épuisé dans ce but les collections du monde entier. 


Source : MNHN, Paris 



Louis-Eugène Bouvier 


xiii 


Envisagées à ce point de vue, les recherches zoologiques ne sauraient s’exercer sur des 
êtres plus curieux que les Onychophores. Avec leur apparence vermiforme, leur corps émi¬ 
nemment contractile et leurs nombreuses paires d’appendices, les Onychophores présentent 
des caractères ambigus qui les rendent énigmatiques dès le premier examen. Sont-ils Vers 
ou Articulés ? Se rangent-ils dans l’un ou l’autre groupe, ou tiennent-ils des deux à la fois ? 
Ces animaux dont la structure paraît si simple et l’extérieur si modeste ne laissent pas de 
mettre en défaut nos systèmes de classification. Ils doivent leurs affinités déconcertantes à 
une extrême ancienneté que nul ne conteste aujourd’hui, encore qu’ils soient inconnus à 
l’état fossile. Beaucoup plus archaïques que les Pleurotomaires parce que moins différenciés, 
ils montrent dans leur organisation l’histoire de la vie, aux âges lointains où les êtres s’es¬ 
sayaient vers les formes actuelles. Ce sont les survivants d’une époque depuis longtemps 
révolue. S’ils ont traversé les siècles en conservant intacts la plupart de leurs caractères, ce 
n’est pas sans subir une évolution propre dont il est intéressant de suivre les détails. Issus 
de formes aquatiques, ces animaux se sont adaptés à la vie terrestre et ont subi de ce fait 
des transformations progressives qui constituent un des traits les plus singuliers de leur 
histoire. Au point de vue de leur nutrition embryonnaire, ils se présentent à nous comme 
des protées. Aucun groupe dans le règne animal ne permet de montrer avec plus d’évidence 
que le possible dans la matière finit toujours par devenir un fait. 

M. Bouvier commence par montrer que ces animaux présentent un mélange de 
caractères qui appartiennent aux Annélides, les néphridies et le système nerveux, et de 
caractères propres aux Arthropodes, comme les mandibules et le vaisseau dorsal. Il dit 
ensuite que l’adaptation à la vie terrestre a pour conséquence une organisation particulière; 
à partir des espèces les plus primitives du genre Peripatus, il dégage l’évolution des lignées ; 
il montre que les segments du corps se réduisent à un nombre qui finit par être fixe dans 
une même espèce chez les formes terminales du groupe. 

L’ensemble des travaux sur les Péripates comprend plus de vingt mémoires. Us ont 
permis l’élaboration de la monographie des Onychophores parue en 1907 dans les Annales 
des Sciences Naturelles. C’est un modèle de recherches anatomiques et embryologiques bien 
comprises, qui a pour conclusion des généralités remarquables sur la phylogénie et la 
biogéographie d’un groupe d’animaux particulièrement anciens. 

Les recherches sur les Mérostomacés ont été entreprises sur la demande de Henri 
Viallanes, ami particulièrement cher de M. Bouvier, qui désirait connaître la structure 
intime des centres nerveux de la limule. M. Bouvier recherche le lieu d’origine et le champ 
de distribution des différentes paires nerveuses. Ses études, poursuivies vers 1891, montrent 
la duplicité des nerfs ocellaires réunis sur une partie de leur trajet, comme l’avait établi 
A. Milne-Edwards, que les deux nerfs frontaux inférieurs aboutissent à la fossette prébuc¬ 
cale, et que les deux nerfs tégumentaires récurrents ne sont pas des nerfs frontaux, mais 
innervent la face ventrale du céphalothorax au niveau et en arrière de la région des yeux 
composés. Les nerfs tégumentaires antérieurs ne sont pas munis de branches récurrentes 
postérieures : c’est le rameau interne qui joue le rôle de nerf tégumentaire frontal. Cet 
important travail a permis à Viallanes de publier quelques mois avant sa mort le mémoire 
que l’on connaît sur les centres nerveux de la Limule. 

La ponte et le développement d’un Pseudoscorpion, le Garype saxicole, longuement 
étudiés en 1896 par M. Bouvier lui permettent de préciser que les embryons se nourrissent 


Source : MNHN, Paris 



XIV 


Louis-Eugène Bouvier 


aux dépens d’une sécrétion que rejette la mère au centre de la masse formée par la ponte. 
Ses observations confirment celles de Jules Barrois sur les Chelifer. 

Les nombreuses monographies que M. Bouvier a consacrées à la classe des Crustacés 
sont relatives à des sujets très divers, mais la plupart ont eu pour but de mettre en évidence 
les enchaînements naturels des animaux de ce groupe et le rôle qu’ont joué les influences 
adaptatives sur la formation de ces enchaînements. Ses études systématiques et faunistiques 
n’ont pas eu d’autre objectif, et en décrivant une forme nouvelle il a bien moins songé à 
enrichir la nomenclature zoologique qu’à réunir par un nouveau chaînon des êtres qu’on 
avait crus isolés jusque-là. 

Les observations d’anatomie comparée, de morphologie et de distribution géogra¬ 
phique sont inséparables des études systématiques proprement dites et contribuent comme 
elles à donner quelque lumière sur l’origine et l’enchaînement des formes. 

La morphologie comparée, qui est la synthèse des documents fournis par la systéma¬ 
tique, acquiert une importance considérable dans le groupe des Crustacés en raison de la 
multiplicité des appendices de ces animaux, et du polymorphisme qu’ils présentent à la 
suite des influences adaptatives. La morphologie donnera aux zoologistes et aux paléonto¬ 
logistes des documents précieux sur l’histoire ancienne et actuelle de ces animaux. 

Dans la classe des Crustacés, M. Bouvier met en évidence : l’origine homarienne des 
Crabes; la double filiation, la convergence, les migrations et les déplacements bathymé- 
triques des Paguriens cancériformes (Lomis et Lithodes) ; le mécanisme de l’adaptation des 
Décapodes aquatiques à la vie terrestre et les importantes modifications adaptatives qu’a 
subi l’appareil circulatoire artériel des Anomoures et des Crabes; les diverses relations 
qui existent suivant les groupes entre les Crustacés des profondeurs et ceux de la région 
littorale; l’étude des mutations chez les Crevettes de la famille des Atyidés. 

Les travaux sur l’anatomie des Crustacés décapodes ont eu pour point de départ une 
observation fortuite faite par M. Bouvier au laboratoire d’Edmond Perrier pendant les 
exercices de dissection effectués par les étudiants. L’un d’eux avait injecté le système 
artériel d’une Écrevisse. Il fit la préparation classique de ce système, en esquissa un croquis, 
et partit en abandonnant l’animal. La préparation, reprise avec précaution par M. Bouvier, 
mit en évidence des faits qu’il ne s’attendait pas à trouver sur un animal aussi connu. 

La variété des faits nouveaux et leur importance au point de vue des affinités des divers 
Crustacés devaient attirer l’attention. L’Écrevisse étant si peu connue, l’organisation des 
Décapodes beaucoup plus rares devait l’être bien moins encore. De cette considération 
sont nées toute une série de recherches d’anatomie comparée sur les Crustacés macroures, 
brachyoures ou anomoures. Plusieurs de ces études sont condensées dans les Recherches 
anatomiques sur le système artériel des Crustacés décapodes publiées dans les Annales des Sciences 
Naturelles de 1891. 

Par ses nombreux travaux sur les Décapodes abyssaux, parus entre 1890 et 1902, 
M. Bouvier a été placé au premier rang des maîtres en carcinologie. Certaines de ces 
recherches furent descriptives et faites en collaboration avec Alphonse Milne-Edwards. 
Les autres, propres à M. Bouvier, sont des œuvres synthétiques où il établit ou renouvelle 
la classification de certains groupes importants. Ce qui donne toute leur valeur à ces 
recherches c’est l’abondance extraordinaire des matériaux qui leur ont servi de base. En dehors 
des importantes collections de Crustacés réunies au Muséum par les deux Milne-Edwards, 


Source : MNHN, Paris 



Louis-Eugène Bouvier 


xv 


M. Bouvier a disposé pour ses études des nombreuses formes abyssales recueillies dans 
la mer des Antilles et le golfe du Mexique, par les dragages de Stimpson et d’Alexandre 
Agassiz, effectués sur les bateaux américains Bib, Hassler, Blake; par les expéditions fran¬ 
çaises du Travailleur, du Talisman, organisées par A. Milne-Edwards, E. Perrier et 
A.-F. Marion dans l’Atlantique oriental ; par les recherches faites par Ed. Chevreux dans 
la région des îles du Cap-Vert à bord de son yacht Melita; par les campagnes du Prince 
de Monaco (Hirondelle, Princesse Alice). A ces matériaux inestimables ainsi recueillis sont 
venues s’ajouter les espèces provenant de diverses missions étrangères. Et l’on peut dire 
sans exagération que peu de zoologistes ont eu entre les mains une collection aussi excep¬ 
tionnelle. 

Les travaux synthétiques ont pour base la morphologie comparée des nombreuses 
espèces abyssales et pour couronnement l’application de ces données à la classification. 
Ces synthèses permettent à M. Bouvier de résoudre les problèmes posés par la répartition 
des espèces et le peuplement des grands fonds océaniques. L’un des plus importants de ces 
travaux, élaboré en collaboration avec A. Milne-Edwards, embrasse toutes les formes 
connues de la famille abyssale des Galathéidés. Les recherches sur les Paguridés, les Dro- 
miidés et les Dorippidés ont le même caractère et sont de même valeur, grâce à l’étude de 
nombreuses espèces des profondeurs. 

On sait que les phénomènes adaptatifs sont remarquables chez les Pagures. Les études 
de M. Bouvier lui permettent d’établir l’origine homarienne de la famille et de démontrer 
que les Lithodes, par exemple, sont des Paguriens ayant abandonné leur coquille et évolué 
vers la forme Crabe. Les Dorippes se présentent comme un groupe ancien dont le centre 
de dispersion se trouve dans la mer Caraïbe. Les Dromiidés littoraux lui apparaissent 
comme un groupe intermédiaire entre les Crabes et les Homariens. Les Galathéidés abys¬ 
saux, qui ont émigré du littoral vers les profondeurs, lui montrent l’évolution régressive des 
yeux. A mesure que ces Crustacés avançaient vers les abysses, leurs yeux, d’abord médiocres, 
se sont dilatés pour percevoir la faible lumière qui les entourait, ils perdent ensuite leurs 
éléments sensoriels, s’atrophient et se couvrent d’épines ; l’animal devenu aveugle développe 
des poils sensoriels spéciaux sur les antennules. 

La Monographie des Atyidés, Crevettes répandues dans les eaux douces du monde entier, 
donne à M. Bouvier l’occasion de développer ses idées sur les mutations évolutives obser¬ 
vées chez les Caridines. Cet ouvrage, de près de 400 pages et plus de 700 figures, publié 
en 1925, représente de longues années de travail. Commencé en 1903, il a été terminé en 
1917, c’est-à-dire à une heure critique de la Grande Guerre. Pour plusieurs raisons il n’a 
été publié qu’en 1924, la principale étant la modification subie par la chaire des Arthro¬ 
podes, qui a fait sortir les Crustacés du service de M. Bouvier. Celui-ci reconnaît d’ailleurs 
que l’étude des Insectes accapare tellement son temps qu’il ne peut, à son vif regret, 
s’occuper de Crustacés et compléter la monographie des Atyidés comme il le souhaiterait. 

Mais il croit avoir donné à ce travail, tel qu’il se présente, une base suffisamment solide 
en étudiant minutieusement deux types extrêmes des familles Caridine et Ortmannie, et en 
soumettant à l’investigation de nombreuses espèces intermédiaires. La partie descriptive de 
l’ouvrage met en évidence les variations connues des diverses espèces. Ces observations 
groupées en faisceau permettront de chercher la signification de cette étude au point de vue 
évolutif. 


Source : MNHN, Paris 



XVI 


Louis-Eugène Bouvier 


Les Atyidés sont des animaux qui, en dehors de tout croisement et de toute régéné¬ 
ration hypotypique, donnent simultanément des individus de leur espèce et des formes du 
type générique immédiatement supérieur. Les Atyidés franchissent d’un saut brusque le 
hiatus compris entre deux genres et, ce saut réalisé, ne retournent pas en arrière. Ces 
animaux se transforment et évoluent par des variations brusques ou mutations. Ils montrent 
à M. Bouvier que le transformisme est une réalité, non pas seulement une hypothèse. 

Mais les espèces douées de ces qualités sont rares, et l’on est si peu habitué à voir le 
transformisme en action que les phénomènes qu’elles présentent passent inaperçus ou 
suscitent des explications plus conformes aux faits coutumiers. On regardait comme indé¬ 
pendantes la forme mutante et sa mutation. Il paraît si étrange de voir des Caridina produire 
des Ortmannia et les Ortmannia des Atya que l’esprit invoque normalement l’hypothèse des 
croisements, qui substitue au transformisme créateur l’hybridation conservatrice. Les 
Atyidés offrent tous les stades de cette création. 

Ici M. Bouvier reprend une nouvelle fois la comparaison faite par A. Giard, qui 
montre comment les influences du milieu peuvent provoquer des mutations : « Le caractère 
qui apparaît tout à coup dans une mutation n’est que la manifestation subite d’un état qui 
a pu être préparé très lentement chez les ancêtres de l’individu où il apparaît. Pour obtenir 
une réaction chimique, pour faire virer la coloration d’un liquide il faut souvent ajouter 
goutte à goutte le réactif jusqu’au moment où, tout à coup, la réaction se produit et la 
coloration nouvelle apparaît. » Cette comparaison peut s’appliquer aux mutations évolu¬ 
tives. Celles-ci, en raison de leur amplitude, doivent subir longuement l’influence persistante 
du milieu. 

Au cours de sa généalogie l’espèce accumule une certaine puissance d’évolution qu’elle 
dépasse à un moment donné et en divers sens, pour atteindre le type générique supérieur 
où elle doit se fixer. M. Bouvier compare ce phénomène à l’accumulation d’énergie que 
l’on observe chez les jeunes et qui se manifeste brusquement par la maturité sexuelle — ou 
encore à la longue genèse de certaines maladies qui se manifestent tout à coup, par exemple 
les infections inapparentes. C’est de ce point de vue seulement qu’est vrai le principe de 
Leibnitz : « La nature ne procède point par saut. » 

Ces phénomènes peuvent être rapprochés des métamorphoses que subissent certaines 
espèces animales. Les mutations évolutives élaborées lentement réalisent dans la phylogénie 
d’un type la même transformation subite que les métamorphoses dans l’ontogénie d’un 
individu : c’est ce que M. Bouvier appelle les « phylomorphoses ». U Atya s’est élaboré dans 
Y Ortmannia et celui-ci dans les Caridines, comme la Langouste s’élabore dans son phyllosome 
hyalin et foliacé. La première élaboration a réclamé des milliers d’années, tandis que la 
seconde ne demande que quelques mois. 

Les observations accumulées par M. Bouvier sur les Atyidés ont pour lui « la valeur 
convaincante d’une preuve expérimentale ». Les mutations évolutives qui se produisent 
sous ses yeux réalisent un progrès brusque dans la phylogénie. Il se demande si la plupart 
des hiatus que l’on observe dans la série animale et dans la série végétale ne sont pas dus 
à cette cause. Certaines de ces lacunes apparaissent importantes faute de connaître les inter¬ 
médiaires entre les formes extrêmes. Ces intermédiaires inconnus ont pu se produire lente¬ 
ment, progressivement, par de minuscules hérédités successives. 

La période noire qui s’étend de 1936 à 1944, date de la mort de M. Bouvier, sera 


Source : MNHN, Paris 



Louis-Eugène Bouvier 


xvn 


occupée par des études sur les Crustacés. Il présente à l’Académie des observations relatives 
à l’Écrevisse et des études complémentaires sur les pattes des Crustacés décapodes asta- 
comorphes. Auparavant, de 1918 à 1938, il se sera occupé d’insectes, soit pour publier des 
travaux synthétiques, soit pour établir ses grandes monographies d’analyse sur les Hymé¬ 
noptères ou les Lépidoptères séricigènes. 

Les « Habitudes des Bembex » est le titre d’une monographie éthologique dans laquelle 
sont comparées, en tenant compte des idées alors nouvelles, les mœurs des Guêpes préda¬ 
trices qui font partie de la famille des Bembécines. Consacré pour une part à la critique 
des travaux antérieurs, cet ouvrage met en évidence les variations de l’instinct dans une 
même espèce, ses modifications progressives chez les divers représentants de la tribu et la 
marche probable de l’évolution psychique dans la famille des Vespidés. Il renferme des 
observations originales et la relation d’expériences sur le retour au nid des Guêpes, expé¬ 
riences qui établissent que l’on accorde trop facilement des facultés mystérieuses aux 
insectes. 

Au Muséum l’enseignement de M. Bouvier a porté pendant plusieurs années sur les 
mœurs des Hyménoptères, Abeilles, Guêpes et Fourmis. Il en a tiré des livres qui ont eu, 
en leur temps, une vaste audience et un grand retentissement. En 1900 et 1901 paraissent 
les travaux sur les Abeilles et sur leurs rapports avec les fleurs, travaux immédiatement 
traduits en plusieurs langues. En 1910, son cours aura pour sujet les Abeilles mellifères. Ses 
leçons, suivies par de nombreux auditeurs, seront publiées et illustrées par le dessinateur 
A.-L. Clément. 

Admirateur de J.-H. Fabre, M. Bouvier devenait de plus en plus enthousiaste de ses 
théories, surtout après les séjours qu’il put faire à l’Harmas de Sérignan. Comme lui, il fut 
passionné par les études sur la psychologie de l’insecte. Il le montre dans son livre sur la 
« Vie psychique des Insectes », paru en 1918, où il s’efforce de saisir le mécanisme de l’évolution 
psychique de ces animaux. Dans la partie méthodique de cet ouvrage, il analyse le déter¬ 
minisme des actes réflexes des insectes en appuyant son argumentation sur des observations 
contrôlées ou des résultats expérimentaux. Dans la partie spéciale, il aborde les problèmes 
que posent les rapports des insectes avec les fleurs, problèmes qui le préoccupent depuis 
vingt ans. Il étudie encore la faculté d’orientation, le déterminisme du sexe, la vie sociale. 

L’observation des insectes sociaux le conduit à publier un autre livre, « Le Communisme 
chez les Insectes », dans lequel M. Bouvier expose ses idées sur l’évolution du phénomène 
social. Ce livre a contribué à mettre un peu d’ordre dans les problèmes posés par les aspects 
multiples des sociétés d’insectes. 

D’autres monographies seront consacrées aux guerres d’insectes, aux mœurs des 
Fourmis, à l’instinct chez les Hyménoptères paralyseurs, et à la mémoire chez les insectes. 

Tous ces travaux analytiques ont donné lieu à une synthèse publiée sous le titre : 
« Habitudes et métamorphoses des Insectes ». 

En 1917, la transformation de la chaire des Arthropodes, qui divise les collections, fait 
abandonner l’étude des Crustacés par M. Bouvier. On sait comment ses recherches sur les 
Caridines furent brusquement interrompues en 1917. Après la période de réorganisation, 
M. Bouvier aborde, en 1923, la morphologie des Insectes en étudiant un groupe particulier 


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XVIII 


Louis-Eugène Bouvier 


de Lépidoptères, les Saturnidés. En orientant ainsi ses recherches, il pense surtout à faire 
connaître les Lépidoptères séricigènes, insectes éminemment utiles. Dans ce but il se rend 
plusieurs fois à Lyon, à la Condition des Soies, pour visiter les collections qui y sont 
conservées. Pour compléter ses études, il se fait communiquer des documents par les 
musées étrangers. 

Douze années ont été consacrées à parfaire ses connaissances sur les Saturnidés. Ce 
sont des papillons nocturnes qui ont pour type le grand paon de nuit (Saturnia pyri). Dans 
ces études, M. Bouvier affirme sa conviction que les systématiciens doivent jouer le rôle 
d’éclaireurs dans les recherches de biologie. Cette monographie doit être pour les entomo¬ 
logistes un instrument de travail qui permettra de préciser les caractères de ces papillons et 
de coordonner leur groupement. 

Forcément localisés dans le domaine étroit de quelques espèces, le cytologiste, le géné¬ 
ticien, le physiologiste ne peuvent s’aventurer dans le champ illimité des êtres vivants pour 
y découvrir les formes dignes d’intérêt. C’est au faunisticien familier de la systématique que 
revient la charge de signaler ces formes et d’en donner la signification précise. Après cette 
déclaration, M. Bouvier revient aux idées qui lui sont chères. Ce travail en fournit un 
exemple. Parmi les 210 espèces qu’il signale, une est mise en relief à cause de la transfor¬ 
mation brusque qu’elle subit actuellement : c’est le Syssphinx rubicunda Fabricius, qui pré¬ 
sente, dit M. Bouvier, « à l’état de chenille la forme parfaite des Anisota, mais qui évolue 
durant la nymphose pour prendre la forme adulte d’un Syssphinx typique... On connaît 
cette espèce depuis près de deux siècles et il m’a fallu un examen systématique minutieux 
pour mettre en évidence la profonde mutation évolutive qu’elle présente... C’est une étude 
systématique semblable qui me fit jadis découvrir en 1904 et 1912, chez les Crevettes de la 
famille des Atyidés, la mutation évolutive actuelle des Caridina à Ortmannia et des Ortmannia 
à Atya... Là comme chez les Syssphinx on peut étudier le transformisme, non point en théorie, 
mais sous sa forme agissante, modifiant par addition de larges phénomènes l’hérédité géné¬ 
rale et la phylogenèse, en dehors du champ plus étroit de la génétique et de l’hérédité 
raciale... Si les travailleurs veulent apporter de nouvelles lumières sur les règles transfor¬ 
matrices qui dirigent l’évolution de la vie, c’est à des espèces semblables qu’ils devront 
s’adresser. 

« Les systématiciens en ont signalé quelques-unes, on en trouvera sûrement d’autres, 
pas autant toutefois qu’on pourrait le supposer : car il faut des siècles au milieu pour élaborer 
les mutations évolutives, et le phénomène brusque de la mutation ne peut se produire que 
lorsque cette élaboration a pris fin. » 

En dehors de ses études de psychologie entomologique, il est utile de rappeler la part 
importante prise par M. Bouvier pour le développement des recherches sur les Insectes 
piqueurs. Il a contribué à éveiller l’attention des parasitologues sur certaines catégories 
d’Arthropodes, vecteurs obligatoires ou occasionnels de dangereuses maladies. Il a mis en 
valeur et fait connaître les mémorables découvertes qui ont enrichi, vers la fin du siècle 
dernier, le patrimoine de la médecine et de l’hygiène en montrant le rôle des insectes hémo- 
phages dans la transmission des affections microbiennes et parasitaires du sang. 

Lorsqu’en 1906, sous les auspices de la Société de Géographie, fut décidé l’envoi en 
Afrique équatoriale d’une mission scientifique pour l’étude de la maladie du sommeil et 
des Glossines, il établit en collaboration avec Giard et Laveran le programme de recherches 


Source : MNHN, Paris 



Louis-Eugène Bouvier 


xix 


zoologiques sur lesquelles devaient porter les travaux de la mission. C’est à ce moment 
qu’il a rédigé ses instructions pour les recherches à effectuer au Congo et sa notice sur la 
récolte des Diptères qui piquent pour sucer le sang. 

Pendant plusieurs années, M. Bouvier consacra au Muséum et à l’Institut Pasteur une 
série de leçons et de démonstrations d’entomologie à l’usage des médecins et des hygiénistes 
coloniaux. En 1910-1911, dans son cours sur les Diptères, il résume nos connaissances sur 
ces insectes. Il parlera surtout des espèces vulnérantes et de la triste célébrité des mouches. 
Il examine leurs caractères, dénombre les principales formes et insiste pendant plusieurs 
leçons sur les maladies qu’elles provoquent, et sur la manière dont elles jouent ce rôle 
infectieux. 

Les recherches de M. Bouvier sur les Mammifères adaptés à la vie aquatique ont eu 
pour point de départ sa thèse d’agrégation de l’École de Pharmacie sur les Cétacés souf¬ 
fleurs présentée en 1889. Cette année verra encore paraître plusieurs travaux sur les 
Vertébrés. 

M. Bouvier étudie à plusieurs reprises le Rat d’eau, le Phoque et le Dauphin. Il fait 
connaître les sinus hépatiques chez le Dauphin, le Marsouin et la Balénoptère à rostre, et 
ayant acquis des connaissances suffisantes sur les organisations des Cétacés, il en tire parti 
pour faire l’étude anatomique d’un Hyperoodon femelle de 7 mètres de long qui vint échouer 
sur la plage de Saint-Vaast le 28 août 1891. 

L’étude de la circulation artérielle du Phoque (1892) lui permet de constater la pré¬ 
sence du réseau subpleural et d’anastomoses importantes entre les artères intercostales. Mais 
le résultat le plus intéressant de ces recherches a été de montrer chez le Phoque des plexus 
thoraciques dont on croyait que les Pinnipèdes étaient dépourvus. 

Toutes ces études ont eu pour but de prouver l’adaptation particulière des Mammi¬ 
fères à la vie aquatique. Elles montrent que les plexus vasculaires des Cétacés sont infiniment 
moins développés chez les Xiphoïdes et les Baleines que chez les Cétacés à dents. Ces derniers 
seraient donc les plus éloignés des Mammifères terrestres. 

Pendant trente-cinq ans M. Bouvier a été Professeur au Muséum. Il y laissera un sou¬ 
venir durable. Loin de se consacrer uniquement à la réorganisation du laboratoire d’Entomo¬ 
logie, qu’il a profondément transformé et progressivement muni de l’outillage nécessaire à 
des recherches modernes, bien que n’ayant à sa disposition que des crédits restreints et 
hésitant par scrupule à se faire attribuer des subventions, il a encore fait de ce laboratoire 
un centre d’études accueillant à tous. 

Dès sa nomination en 1895, il a compris la place qu’il fallait donner aux entomolo¬ 
gistes amateurs, dans une science où les travaux importants étaient dus à Léon Dufour, 
J.-H. Fabre, E. Simon, H. Broleman, L. Bedel, J. de Joannis et tant d’autres. Il ouvrit 
largement à tous un laboratoire qui avait été avant lui inexorablement fermé. Il sut inté¬ 
resser à son travail des mécènes comme le banquier E. Boullet, le Dr H. Marmottan, le 
baron E. de Rothschild, Guy Babault, B. Zaharoff. 

Le résultat fut un accroissement rapide par des dons multiples des collections du labo¬ 
ratoire, qui sont aujourd’hui les plus riches du monde, et le développement des recherches 
entomologiques de tous ordres, aussi bien en France métropolitaine que dans les territoires 
d’outre-mer. 


Source : MNHN, Paris 



XX 


Louis-Eugène Bouvier 


En 1896, M. Bouvier obtint que A. Dollfus donne au laboratoire les très nombreux 
doubles de sa collection d’Isopodes; l’année suivante, c’est Ed. Chevreux qui donne la 
moitié de sa collection d’Amphipodes. Il recueille l’importante collection d’Émile Ragonot. 
Entre temps il inaugure au laboratoire la première exposition d’insectes, celle du Consul 
A. Raffray, et Henri Deyrolle donne à M. Bouvier, pour les collections de la Maison, 
la tabatière en laque du Japon ayant appartenu à Linné. 

En 1901, M. Bouvier recueille des dons considérables, plus de trente mille insectes de 
tous ordres, offerts par le Dr H. Harmand, par le Dr Decorse, par A. Weiss. En 1902, 
le Dr Bonnet donne une collection d’Orthoptères de la région méditerranéenne, 
M. Broleman offre une très importante collection de Myriapodes, le banquier E. Boullet 
fait don d’une magnifique collection de Lépidoptères. 

On voit par ces exemples de dons faits spontanément, ou par les legs qu’il a provoqués, 
que M. Bouvier avait une idée directrice dont il ne s’est jamais départi : « enrichir son 
laboratoire ou le Muséum ». 

En 1905, dans un rapport au Directeur de l’établissement, puis au Ministre, M. Bou¬ 
vier reconnaît que chaque année les correspondants remettent au laboratoire « pour le 
moins autant de richesses que leurs prédécesseurs pendant une période dix fois plus longue ». 
En 1908 il prend l’initiative d’une souscription pour la collection Regimbart; en 1915 il 
réunit des fonds pour acquérir la collection Chatanay et plus tard il achète la précieuse 
collection Raffray. Ces quelques exemples suffisent à montrer la part importante que 
M. Bouvier a prise pour l’enrichissement des collections de son laboratoire. 

La zoologie appliquée utilise les documents fournis par l’éthologie. M. Bouvier a 
publié un certain nombre de travaux consacrés à cette branche de l’histoire naturelle. Les 
principaux ont pour objet l’étude d’un Diptère entomophage parasite du Ver à soie, les 
ravages provoqués par les Termites sur les câbles télégraphiques souterrains. Il fait remettre 
en vigueur la loi du 28 ventôse an XII de la République (mars 1796) tombée en désuétude, 
pour la destruction du Liparis cul-brun et des nids d’hiver de cet insecte. Il étudie et indique 
les remèdes pour combattre la maladie bacillaire des Langoustes et la peste de l’Écrevisse. 

Par ses fonctions de professeur d’Entomologie au Muséum, M. Bouvier s’est trouvé en 
contact permanent avec toutes les personnes qui ont à se plaindre ou à se servir des 
Arthropodes. Il tient cabinet ouvert et donne des consultations continuelles. 

Les matériaux fournis à propos de ces consultations, et ceux qui étaient accumulés 
depuis des années au Muséum, ont permis à M. Bouvier de faire installer dans les galeries 
de l’établissement une importante collection consacrée à l’Entomologie appliquée et à la 
biologie des Arthropodes. En dehors des échantillons distincts qui s’y comptent par milliers, 
cette collection contient de nombreux cadres illustrant l’histoire biologique des Arthropodes 
utiles et nuisibles. L’animal est montré aux différents stades de son évolution, sur la plante 
dont il se nourrit, représentant les dégâts qu’il commet, soit en nature, soit illustrés par un 
dessin ou une aquarelle. L’ensemble est accompagné d’une notice explicative qui résume ce 
que l’on sait sur l’espèce considérée. 

Cette collection a rendu à tous des services importants dans le domaine de l’enseigne¬ 
ment proprement dit et du développement des études entomologiques. Cette installation 
eut à l’époque un succès retentissant. 


Source : MNHN, Paris 



Louis-Eugène Bouvier 


xxi 


C’est encore par sa ténacité que M. Bouvier a obtenu l’édification de nouveaux labo¬ 
ratoires qui furent mis en service en 1924. C’est lui qui, au moment des fêtes du Centenaire 
de Pasteur, obtint que l’on autorise une souscription publique, et qui a permis la construc¬ 
tion du Vivarium du Jardin des Plantes dont le succès s’affirme sans cesse. 

Il a laissé un laboratoire équipé pour le travail moderne, avec toutes les possibilités de 
recherches morphologiques. On ne peut que louer l’esprit pratique avec lequel ont été 
élaborés les plans du nouvel immeuble édifié avec la collaboration de son collègue de l’Ins¬ 
titut, M. Pontremoli. M. Bouvier était pourtant un zoologiste de l’ancienne école, travail¬ 
lant à la loupe de Lacaze-Duthiers. Il se défiait des microscopes modernes. Il leur préférait 
un vieux modèle à coulisse, sans appareil d’éclairement. Il ne voulait pas se servir d’une 
lampe électrique et il m’a dit un jour qu’il aimait mieux la lampe à huile. 

Le rôle joué par M. Bouvier comme directeur de grandes publications scientifiques 
fut très important. En 1902, après de nombreuses démarches, il entreprend la diffusion des 
magnifiques images reproduisant des galles de Cynipides de la collection du Dr Jules 
Giraud. C’est la reproduction fidèle d’un recueil de figures originales, exécutées par un 
artiste autrichien de grand renom, J. Strohmayer. M. Bouvier entend, par cet ouvrage, 
être utile à ceux qu’il sait disposés à tirer parti des trésors accumulés dans son laboratoire. 
Cependant ce travail, publié dans les Nouvelles Archives du Muséum , en 1907, lui procura 
« quelque amertume » en provoquant une aigre polémique avec l’Abbé J.-J. Kieffer dont 
le caractère hargneux recherchait activement toutes les occasions de manifester contre les 
« savants officiels ». 

En 1904, M. Bouvier dirige la publication des travaux de la Mission Pavie en Indo¬ 
chine. Il en résultera plusieurs volumes de monographies diverses et une merveilleuse 
publication illustrée de belles figures. 

Entre temps il prend la direction des Annales des Sciences Naturelles, laissée vacante par 
la mort de son maître, Edmond Perrier, survenue le 31 juillet 1921. 

Les résultats scientifiques du voyage du baron Maurice de Rothschild en Éthiopie et 
en Afrique orientale anglaise sont publiés en 1922. Tous les animaux recueillis pendant les 
deux campagnes de la mission M. de Rothschild ont été offerts au Muséum. Les insectes 
et autres articulés s’y trouvaient en grand nombre, et leur qualité méritait un ouvrage 
spécial. M. Bouvier, aidé de M. L. Berland et de P. Lesne, en a surveillé l’exécution 
scientifique et matérielle. 

Ce double travail fut considérable. Il s’agissait de répartir les matériaux entre plus de 
50 spécialistes et quantité de dessinateurs, de graveurs et de coloristes. Un certain temps fut 
nécessaire pour harmoniser ces efforts et pour aboutir finalement à deux volumes de texte 
et à un atlas de plus de cent planches gravées ou lithographiées, représentant plus de deux 
mille espèces. Grâce à la libéralité de M. de Rothschild, l’ouvrage revêt une forme superbe 
que l’on ne reverra plus jamais dans les publications analogues. Une œuvre semblable 
exigerait maintenant de telles dépenses qu’il est impossible de l’envisager. 

Au début de sa carrière, M. Bouvier eut des relations sinon cordiales, du moins cour¬ 
toises, avec certains savants allemands, dont les plus connus furent Ludwig Plate, von 
Jhering et von Erlanger. Il est certain qu’en 1914 la publication du manifeste des « 93 » 
l’a profondément blessé. Il pensait, à tort ou à raison, que les savants devaient rester en 



XXII 


Louis-Eugène Bouvier 


dehors de l’agitation politique. C’est l’origine de plusieurs propositions faites par 
M. Bouvier à des organismes officiels pour assurer l’indépendance spirituelle aux Sociétés 
et aux Institutions scientifiques : ceux-ci avaient pris l’habitude d’utiliser les organisations 
matérielles et spirituelles germaniques. 

M. Bouvier demande avec insistance si l’on doit continuer à vivre dans la dépendance 
de l’Allemagne en ce qui concerne les instruments de travail. Il soutient qu’il est d’une 
nécessité absolue que la France puisse forger elle-même ses outils. Lorsque enfin il est entendu, 
il s’attache plus particulièrement à la réalisation de recueils bibliographiques et à l’élabo¬ 
ration d’une « Faune de France ». 

Après avoir surmonté des difficultés de toutes sortes, il put voir ses désirs se concrétiser 
et paraître, en 1922, le premier volume imprimé d’une série dite de la « Faune de France ». Le 
succès de cette collection, sans égale au monde, ne s’est pas démenti depuis. M. Bouvier 
peut être fier de son œuvre. 


LE SAVANT 


On ne saurait estimer trop haut le pouvoir éducatif de l’histoire naturelle, car elle 
donne le goût précoce de l’observation, de l’ordre et de la méthode, l’habitude de raisonner 
sur le monde qui nous entoure, elle incite à la curiosité sur les grandes et les petites choses. 
En cela M. Bouvier a suivi le conseil de Descartes, qui demandait que l’on feuillette le 
grand livre du monde, ou celui de Claude Bernard, qui voulait que l’on prenne « ses leçons 
dans la nature ». Ses herborisations lui avaient permis d’accumuler des plantes, de les 
identifier et de reconnaître la justesse de ces conseils. 

Mais comme l’a justement remarqué Alfred Giard : « la connaissance des espèces ne 
constitue pas la science, encore qu’elle en donne parfois l’illusion et qu’elle retienne certains 
travailleurs à un stade de culture intellectuelle qui ne devrait être que transitoire ». A ce 
stade M. Bouvier ne pouvait comprendre l’importance des doctrines de l’évolution qui ont 
dirigé toute sa vie scientifique. 

A cette époque les théories évolutionnistes étaient vivement contestées. A l’opposé des 
défenseurs, les Gaudry, les Perrier, les Giard, novateurs enthousiastes, se trouvaient des 
adversaires convaincus qui leur opposaient des travaux remarquables, et une longue noto¬ 
riété. Ces divergences entre les maîtres retentissaient sur l’esprit des élèves. L’étudiant 
embarrassé flottait entre des opinions contraires, restait sans idées, ou adoptait les théories 
anciennes. 

Les ouvrages sur les Enchaînements du Règne animal, les Principes généraux de Biologie et 
surtout les Colonies animales, lus avec attention, les cours d’Edmond Perrier suivis ponc¬ 
tuellement, laissèrent M. Bouvier songeur, sans provoquer rien de définitif dans son esprit. 
Il commence à ce moment l’étude anatomique du Buccin ondulé. Il avouera par la suite 
que le seul bénéfice de cette étude fut de le rendre maître d’une certaine anatomie fine, et 
aussi de lui montrer l’inutilité d’un travail uniquement spécifique. C’est à ce moment qu’il 
entreprend ses travaux comparatifs sur les Gastéropodes. 

Ceux-ci ont orienté définitivement les recherches de M. Bouvier. Il poursuivra pendant 


Source : MNHN, Paris 



Louis-Eugène Bouvier 


xxiii 


toute sa vie, avec la même méthode, les études sur les affinités des êtres. Il commencera 
par étudier les formes archaïques pour arriver peu à peu aux espèces modernes, comparer 
minutieusement ces formes et faire le départ entre leurs caractères primitifs et ceux qui sont 
le résultat d’adaptations plus récentes. 

Envisagée à ce point de vue, la méthode comparative peut s’appliquer à toutes les 
branches de la biologie et leur rendre de grands services. Cette méthode doit vivifier les 
études systématiques en leur fixant un objectif relevé et doit servir de base essentielle à la 
géographie zoologique. M. Bouvier est convaincu que cette direction donnera des résultats 
aussi heureux quand on l’appliquera aux travaux d’éthologie, car il y a une évolution des 
instincts, comme il y a une évolution des formes. Il pense que des observations méthodiques 
mettront en évidence les lois de cette évolution. On retrouvera ces idées dans les livres qu’il 
a écrits sur les insectes. Celui qui enseigne choisit. 

Pendant toute sa vie M. Bouvier choisira comme sujet d’études des animaux peu 
connus, dont la position systématique est incertaine. Il en recherchera la phylogénie, les 
affinités et l’histoire. Ce n’est point par accident que ses études zoologiques ont porté sur 
les Pleurotomaires dans l’ordre des Gastéropodes prosobranches, sur les Actéons dans l’ordre 
des Opisthobranches, sur les Dromiacés dans la série des Crabes, sur les Crevettes du groupe 
des Caridinés, sur les Papillons séricigènes, c’était pour satisfaire ce goût pour l’histoire des 
origines et des enchaînements du Règne animal. 

La connaissance des origines laisse une certaine part à l’hypothèse et c’est pour réduire 
cette part au minimum que M. Bouvier s’adresse (autant que possible) aux formes « survi¬ 
vantes du passé ». Mais doit-il abandonner les recherches qui conduisent à une simple 
conception ? Le propre de la science n’est-il pas de tendre vers la vérité par une suite d’obser¬ 
vations où se réduit peu à peu la part de l’hypothèse? C’est par des progrès de cette sorte 
que la zoologie a pris corps, qu’elle forme un ensemble dont toutes les parties sont solidaires 
et qu’elle évolue vers des conquêtes nouvelles. Renoncer à connaître l’histoire du passé 
serait stériliser le présent et fermer à jamais les portes de l’avenir. 

Comme les savants de son époque, il appartient à cette période de transition durant 
laquelle la science zoologique a progressivement abandonné le caractère descriptif alors 
dominant, pour devenir explicative, et trouver un prolongement dans le domaine biolo¬ 
gique dont elle reste la base fondamentale. M. Bouvier est un de ceux qui ont le plus ardem¬ 
ment travaillé à provoquer cette évolution. 

Adepte résolu du transformisme, il considère les êtres vivants comme des représentants 
de séries évolutives où toutes les espèces proviendraient de la transformation de formes 
anciennes issues elles-mêmes, par un procédé semblable, d’espèces plus anciennes encore, 
et ainsi de suite, jusqu’à des espèces primitives également transformables et communes à 
tous les êtres. 

Ceci est en opposition avec le créationisme, doctrine des créations successives des êtres 
vivants qui ont fait surgir une à une leurs diverses espèces, établi entre elles une série progres¬ 
sive de liens, chacune n’ayant qu’un champ de variation étroit, mais suffisamment étendu 
pour lui permettre de se plier aux nécessités ambiantes. 

Mais M. Bouvier admet qu’il peut exister un terrain d’entente entre transformistes et 
créationistes. En science comme dans d’autres manifestations de l’activité humaine, les mots 
jouent souvent un rôle qui ne correspond à aucune réalité. 



XXIV 


Louis-Eugène Bouvier 


A l’époque où le transformisme a remplacé les conceptions de l’école de Cuvier, les 
savants auraient pu former deux écoles différentes. La première aurait adopté les idées de 
Lamarck qui attribuait les phénomènes évolutifs aux réactions de l’être vivant sous 
l’influence du milieu, en montrant comment il est possible d’expliquer les procédés par 
lesquels les formes organiques s’étaient constituées et continuaient à se transformer. La 
seconde admettrait les idées de Darwin, donnant le rôle principal à la sélection naturelle 
de variations brusques, dont la cause restait mystérieuse, et qui cherchait à expliquer 
pourquoi la chaîne des êtres est discontinue et brisée en espèces. 

Une troisième école, celle de Weismann, intervient ici. Tout en admettant l’influence 
du milieu sur l’ensemble de l’individu, exception faite pour ses cellules reproductrices, elle 
s’élève contre la transmission à la descendance des modifications produites par l’action du 
milieu. C’est l’École mutationniste, qui enseigne que l’évolution est discontinue, que les 
espèces et les races sont fixes. En disparaissant, ces espèces ou ces races donnent brusquement 
naissance à d’autres espèces également fixes. 

Les mutationnistes s’accordent avec les physico-chimistes qui disent, ainsi que Georges 
Bohn : « Si les caractères de chaque espèce sont la manifestation de la structure intime de 
leur plasma, formé dans chaque cas de produits définis et distincts, il ne saurait y avoir, 
d’une espèce à l’autre, de transitions lentes et continues, dans le sens de Darwin et de 
Lamarck. » Dans l’esprit de M. Bouvier cela ne fait pas de doute, mais que faut-il entendre 
par variations lentes et continues? Y a-t-il entre celles-ci et les variations brusques une 
opposition fondamentale? demande M. Bouvier, et voici sa réponse. 

Lamarck n’a jamais dit que toutes les variations individuelles étaient héréditaires. Il 
se contente de faire jouer un rôle aux variations qui, longuement élaborées, deviennent 
héréditaires. A cette époque on ne s’occupait pas de continuité ou de discontinuité dans les 
variations. Les variations héréditaires intéressent les cellules reproductrices. Ce sont les 
variations brusques ou « mutations ». Ajoutées les unes aux autres, ces variations faibles, ou 
très faibles, donnent cette impression de continuité lente au processus évolutif. 

Ces variations héréditaires sont régies par le mécanisme lamarckien. Les êtres vivants 
sont soumis au milieu dans lequel ils vivent. Ils dépendent encore de leur milieu interne 
particulier déterminé par le milieu externe. Les deux milieux réagissent donc réciproque¬ 
ment l’un sur l’autre et provoquent les variations. Ces variations héréditaires, qui se déve¬ 
loppent plus ou moins rapidement dans le milieu intérieur de l’organisme, se manifesteront 
brusquement à l’extérieur sous la forme de mutation. C’est l’histoire des Caridines, des 
Ortmannia et des Atya que l’on a vue plus haut. 

C’est ainsi que M. Bouvier conçoit l’évolution des êtres vivants. Elle résulte de trans¬ 
formations lentes, brusquement extériorisées, provoquées par les influences réciproques 
provenant à la fois du milieu externe et du milieu interne. Le mode d’action est peu connu 
et l’étude de son mécanisme a séparé les écoles transformistes. Toutes ces écoles ont utilisé 
les méthodes d’études les plus diverses, sans avoir d’illusions sur les insuffisances de leurs 
procédés d’investigation. 

M. Bouvier croit que les biologistes perdent leur temps à discuter des mérites réci¬ 
proques du lamarckisme et du darwinisme. Us s’attardent à essayer de résoudre le problème 
de l’hérédité chez les êtres vivants, alors qu’il serait plus logique de rechercher d’abord le 
déterminisme des formes et des mouvements, et ensuite le mode de transmission des 


Source : MNHN, Paris 



Louis-Eugène Bouvier 


xxv 


caractères. M. Bouvier a suivi cette méthode dans la plupart de ses travaux d’analyse. Il 
conclut que les problèmes difficiles ont toujours plusieurs faces et que l’on a chance de les 
résoudre en attaquant chaque face par la méthode appropriée. Quoi qu’il en soit, le 
problème de l’évolution est incontestablement le plus difficile de la biologie. 

Certains ont pu s’étonner et ont même reproché à M. Bouvier de s’être occupé 
d’insectes après s’être consacré pendant de longues années aux Mollusques et aux 
Crustacés, changeant ainsi tardivement l’orientation de ses études, ce qui, paraît-il, est 
toujours fâcheux. C’est mal présenter la question pour un zoologiste. 

De nombreux exemples illustrent une telle dualité dans les aptitudes. C’est ainsi qu’Henri 
Milne-Edwards, d’abord spécialiste des Invertébrés, s’est ensuite occupé de Vertébrés. 
C’est ainsi encore que son fils Alphonse Milne-Edwards a continué à étudier les Crustacés 
tout en recherchant, on sait avec quel succès, les Mammifères et les Oiseaux. 

D’ailleurs, à la lecture des travaux de M. Bouvier sur les Insectes, on en saisit mieux 
la véritable signification et on se rend mieux compte de leur intérêt zoologique général. 
Les Insectes sont tellement liés aux autres animaux ou aux plantes qu’ils deviennent la 
caractéristique biologique — ou géographique — des espèces ou des groupes auxquels ils 
sont associés. 

La Vie psychique des Insectes procure à M. Bouvier l’occasion de recherches passion¬ 
nantes pour le psychologue — et d’une façon générale pour le philosophe. Elle lui permet 
aussi d’observer chez les êtres « inférieurs » à l’homme les manifestations de l’activité qui 
impliquent, non l’automatisme inconscient, mais l’intelligence. C’est dans ce domaine que 
les observations doivent être les plus fécondes. « Tout surprend chez les Insectes, même 
lorsque arrivés au terme de leur évolution physique, ils semblent se rapprocher de nous et se 
livrent à des activités qu’on pourrait dire humaines. Nous sommes confondus par la 
prévoyance des Fourmis moissonneuses, par les soins que d’autres consacrent à leur bétail de 
Pucerons, par le talent horticole des espèces champignonnistes et par la division du travail 
qui réduit certaines ouvrières à l’état d’outre à miel. Les analogies entre les activités des 
Insectes et les nôtres ne sont faites, dit M. Bouvier, que pour rendre plus saisissant le 
contraste entre le monde des Articulés et le nôtre. L’évolution psychique de ces animaux 
est aussi originale que leur structure et en étudiant les diverses manifestations nous saisirons 
mieux les infinies variétés de formes selon lesquelles se réalise l’intelligence. » 

C’est à ce propos que H. Bergson lui écrit, en 1918 : « C’est la première fois, à ma 
connaissance, que la vie psychique de l’insecte est approfondie tout entière, et dans ses 
réactions purement mécaniques, et dans son activité instinctive, et dans ses manifestations 
intelligentes. Il n’est aucun de ces points sur lequel vous n’apportez les vues les plus inté¬ 
ressantes et les plus instructives. Dans le livre que vous me faites le grand honneur de citer 
(VÉvolution créatrice), je restreignais beaucoup plus que vous ne le faites ce qu’il peut y avoir 
de graduellement acquis dans les instincts supérieurs et je ne puis m’empêcher de persister 
dans cette opinion. Mais je reconnais que le rôle de la science est de pousser aussi loin que 
possible la « rationalisation » de l’instinct, et il me semble que vous lui apportez sur ce point 
une contribution importante. » 

Dans son livre sur le Communisme chez les Insectes, M. Bouvier compare les sociétés 
humaines et les sociétés d’insectes. Il leur trouve des points communs, ne serait-ce que celui 


Source : MNHN, Paris 



XXVI 


Louis-Eugène Bouvier 


de vivre en société et l’existence de la solidarité. Mais la solidarité des Insectes, qui est 
remarquable pour le travail en commun, l’est moins quand elle sort de ce domaine pour 
entrer dans celui du sentiment. La solidarité « sentimentale » est à peu près nulle chez les 
Insectes et non comparable à celle que pratiquent les hommes, même dans les peuplades 
inférieures. 

Chez les Insectes communistes le psychisme est réduit à des éléments instinctifs et auto¬ 
matiques et à d’autres plastiques, c’est-à-dire d’essence plus ou moins intelligente. Dans les 
deux cas, les premiers s’accroissent aux sources du second, c’est-à-dire par addition au 
domaine instinctif d’habitudes acquises dans le domaine plastique. 

Les sociétés d’insectes sont des familles où l’association a pris le caractère d’une néces¬ 
sité physiologique, conséquence du développement des instincts phyloprogéniteurs qui, dans 
ces familles, ont produit deux castes. L’une de ces castes, représentée par un ou plusieurs 
individus, est vouée à la reproduction; l’autre, la caste neutre, est chargée du travail. Les 
deux castes sont étroitement solidaires, l’une ne saurait exister sans l’autre. Ceci montre 
combien l’individualisme est réduit chez ces êtres. Ils ont l’instinct du « bien social » et 
toutes leurs activités sont coordonnées par cet instinct. 

L’Homme occupe le point culminant dans la série des Vertébrés, car il brise la chaîne 
des instincts et assure par ce fait l’épanouissement complet de l’intelligence. Les Insectes, 
surtout les Hyménoptères, occupent la même place dominante dans la série des Articulés, 
où ils offrent la perfection de la vie instinctive. 

Suivant M. Bouvier, les Vertébrés et les Insectes représentent le terme actuel des deux 
voies par où s’est effectuée l’évolution psychique du règne animal. « Les Articulés vont à 
l’instinct, les Vertébrés se dirigent vers l’intelligence. » 

Pour faire suite à la Vie psychique, M. Bouvier écrit les Habitudes et les Métamorphoses 
des Insectes, toujours accueillies par la Bibliothèque de Philosophie scientifique. Comme dans 
la Vie psychique, une documentation originale montre l’enthousiasme de l’auteur pour 
son sujet. On conçoit d’ailleurs que M. Bouvier se soit passionné pour les Insectes. Ils se 
sont multipliés hors de toute mesure et ont acquis une place prédominante dans le règne 
animal. Ils sont doués d’une plasticité remarquable, d’où une extraordinaire variété de 
formes et de mœurs. Leur sensibilité est merveilleuse. Leur vie sociale, enfin, permet à 
M. Bouvier de rechercher les causes et l’enchaînement des faits en évitant d’idéaliser les 
actes des Insectes. 

Ce livre donne l’occasion à H. Bergson de préciser sa pensée. Il lui écrit : « J’admire 
l’art avec lequel vous avez su grouper un si grand nombre de faits si différents et les ramener 
à un si petit nombre de causes simples. Ainsi que je vous l’écrivais à propos de la « Vie 
psychique des Insectes », j’ai bien de la peine à me représenter l’intelligence à l’origine de 
l’instinct; mais je reconnais que nous devons faire effort dans ce sens, puisque c’est le seul 
mode d’explication qui soit, dans l’état actuel de nos connaissances, pleinement intelli¬ 
gible. » 

On voit que l’illustre philosophe répudie plus que jamais l’esprit de système, cher à 
M. Bouvier, et l’on sent entre les lignes de sa lettre que pour lui la vie est durée, création 
continue et liberté. La mémoire n’est pas une fonction du cerveau, ni celui-ci un « récep¬ 
tacle de souvenirs ». Mais on peut se demander si l’anthropocentrisme n’a pas influencé sa 


Source : MNHN, Paris 



Louis-Eugène Bouvier 


xxvii 


réponse, et si H. Bergson a vu ce qu’il peut y avoir de complexe et d’inconnu dans les 
« habitudes d’un insecte ». 

Quoi qu’il en soit, toujours au sujet des Insectes, on paraît croire maintenant que 
l’instinct est un produit de l’évolution. L’activité consciente serait devenue une activité 
automatique. C’est ainsi que le zoologiste aurait raison sur le philosophe. C’est ce que le savant 
mathématicien Émile Picard regrettait lorsqu’il écrivait à M. Bouvier, toujours à propos 
de son livre sur les Habitudes : « L’école bergsonienne a exagéré d’une manière dangereuse 
le rôle de l’instinct aux dépens de l’intelligence, mais cela n’est pas grave pour les Articulés. 
Les « Vertébrés se dirigeant vers l'intelligence » ne se plaindront pas de vos conclusions. » 

Taine définit l’intelligence : la faculté de connaître. Il est entendu qu’il s’agit d’une 
connaissance universelle. L’homme le plus intelligent serait celui qui, non seulement saurait 
tout, mais comprendrait tout. 

La synthèse apparaît maintenant comme la condition essentielle d’un savoir de plus en 
plus spécialisé : « Il n’y a de science que du général », a écrit M. Bouvier. Mais la science 
n’est pas une accumulation de faits. C’est une connaissance ordonnée qui nous révèle les 
phénomènes et les lois qui les régissent. Il faut donc préparer les synthèses. Ces travaux 
sont d’autant plus nécessaires que les documents d’analyse s’accumulent. Ils risquent d’être 
inutilisables sans le lien synthétique. 


L’HOMME 

Il y a peu de choses à dire sur l’homme. Celui-ci était si bien confondu avec le savant 
et le directeur de laboratoire que le titre « d’homme de science » définit parfaitement 
M. Bouvier. 

Ce grand vieillard à barbe courte, toujours habillé de noir, la figure profondément 
burinée, marquée de taches brunâtres, aux yeux purs comme ceux d’un sage de la mer 
Égée, au regard clair, un peu triste derrière ses lunettes à monture de fer, étonnait les nou¬ 
veaux venus. Sa droiture physique était le reflet de sa rectitude morale. Il s’imposait tout 
de suite et sa vivacité, sa brusquerie, sa froideur calculée épouvantaient parfois son interlo¬ 
cuteur, mais il n’y avait jamais rien de grave. Par la suite on reconnaissait que c’était un 
maître original et intéressant. 

Dans ses fonctions officielles il était bienveillant, et son agitation masquait une certaine 
timidité. Avare de son temps, toujours pressé et préoccupé, il terminait invariablement ses 
discours ou ses allocutions par des phrases comme celles-ci : « J’ai hâte d’en finir, mes chers 
Confrères, nos instants sont précieux et les discours ne doivent en prendre qu’une faible 
part. Mettons-nous au travail. » Il était doué d’une certaine distinction et d’une exacte 
politesse dont il ne se départissait jamais. Parvenu par un travail forcené à une position 
que ses ennemis eux-mêmes reconnaissaient comme légitimement acquise, il ne connaissait 
qu’une chose, le travail. 

Juste envers son personnel, il en exigeait et en obtenait beaucoup. Pour installer et 
rénover suivant ses idées le laboratoire dont il avait la charge, il déploya une activité prodi¬ 
gieuse. Ce professeur en blouse blanche travaillait comme un préparateur. Il lutait les 


Source : MNHN, Paris 



XXVIII 


Louis-Eugène Bouvier 


bocaux, dépouillait lui-même les envois à leur arrivée, notait les entrées et les sorties des 
échantillons, rédigeait des étiquettes. Dans la soirée, il s’enfermait dans son cabinet et élabo¬ 
rait les travaux qui l’ont rendu célèbre. Il acceptait et sollicitait les conseils des « amateurs » 
qui fréquentaient son laboratoire. Il écoutait ceux qu’il jugeait compétents. A cette époque 
jamais un savant officiel ne montra moins de morgue et ne fit preuve de plus de simplicité. 
Mais on le trouvait trop humble envers les savants indépendants et trop indépendant envers 
les pouvoirs constitués. Sans s’arrêter à ces détails, M. Bouvier donnait l’exemple. Il fut 
l’homme des initiatives raisonnables, maître de lui, adaptable. Il réussit à mener à bien ses 
projets, malgré un personnel insuffisant et des ressources financières illusoires. 

Il était d’un désintéressement absolu, persévérant pour réaliser tout ce qui lui parais¬ 
sait juste et utile au bien général, dévoué à ses amis, quoi qu’il dût lui en coûter, les défendant 
même contre l’évidence, au risque de se faire des ennemis puissants. Affectueux et sensible, 
il avait de la bonté et ne pensait qu’à faire le bien pour le bien, à oublier le mal qu’on avait 
pu lui faire, à être heureux du bien que l’on faisait aux autres. On l’a vu pendant la Grande 
Guerre. Les épreuves qu’il a subies ou dont il a été témoin ne ralentirent pas son travail. 
Elles lui apportèrent un surcroît de charges en lui donnant l’occasion d’affirmer ses qualités 
altruistes. Il s’occupe de plusieurs savants étrangers retenus en France par suite de l’invasion 
allemande; il leur procure discrètement les moyens de travailler; il quête ou, comme il 
disait, il « mendie » pour sauver quelque zoologiste de la détresse, s’occupe de sa famille, ou 
cherche les moyens d’obtenir pour son laboratoire des collections précieuses que les 
événements risquaient de faire perdre à jamais. 

Je ne crois pas l’avoir entendu dire du mal de qui que ce soit (il était indulgent et 
n’écoutait pas les calomnies) et encore moins d’un de ses confrères. Pour lui, la famille scien¬ 
tifique n’était pas un mot vide de sens; il ignorait la jalousie. Il avait le respect de sa profes¬ 
sion et fut toujours un modèle. Il semblait oublier le mal que d’autres avaient pu dire de 
lui. Il savait aussi pardonner, mais il n’en était pas moins conscient de ce que l’on pouvait 
penser de lui. 

Une haute conscience et sa dignité lui valurent l’amitié des plus grands maîtres de 
cette époque et des savants comme Alfred Lacroix, Émile Picard, Gaston Darboux, Émile 
Roux, Charles Nicolle, Gustave Le Bon, des industriels, des banquiers, des hommes 
politiques comme le président Paul Doumer l’ont toujours eu en haute estime. Quel plus 
bel éloge faire de lui? 

Son culte pour la mémoire d’Alphonse Milne-Edwards était quelque chose d’unique. 
Il avait vécu dans les rayons de cet astre. Très jeune il s’était attaché à lui à une époque 
où l’on avait le respect des maîtres. Celui-là en valait la peine, et M. Bouvier, d’abord 
boursier, puis assistant du premier carcinologiste du monde, devenu son égal et son succes¬ 
seur à l’Académie, lui a toujours gardé le même souvenir de reconnaissance affectueuse. 

M. Bouvier ne connut qu’une règle dans sa vie : le devoir, et qu’une servitude : le 
travail. Il fut à la lettre l’esclave de son poste. Travailler fut son unique préoccupation 
jusqu’au dernier jour. Ce fut aussi sa dernière et seule consolation quand la mort de sa 
vigilante compagne eut cruellement désorganisé sa vie. Mais il ne laissa rien paraître de 
son désarroi. C’est à ce moment qu’il achève son grand ouvrage sur les Papillons séricigènes 
et qu’il entreprend, pour la Faune de France, la publication d’une Monographie des Décapodes 
marcheurs. En 1938, le livre était prêt à être remis à l’imprimeur lorsque M. Bouvier oublia 


Source : MNHN, Paris 



Louis-Eugène Bouvier 


xxix 


le manuscrit et les dessins dans un wagon du métropolitain. Le paquet ne put être retrouvé 
malgré les plus minutieuses recherches, et l’auteur ne possédait aucun double des docu¬ 
ments. Loin de se laisser abattre par la perte d’un objet aussi précieux, représentant la 
synthèse d’une vie d’efforts, il se remet immédiatement au travail, bénissant même ce 
malheur et disant que cet « accident » allait lui permettre de mieux refaire son travail. Et, 
au début de 1940, l’ouvrage paraissait sous une forme remarquable : un livre de près de 
400 pages, avec plus de 200 figures et 14 planches hors texte. L’auteur était alors âgé de 
84 ans. 

Cette œuvre était à peine terminée que déjà M. Bouvier formait des plans pour un 
autre travail (une synthèse des idées transformistes, abondamment illustrée), d’une impor¬ 
tance telle qu’il faudrait lui consacrer au moins cinq années de recherches, car M. Bouvier 
n’a jamais douté de ses forces. Il voulait confier au papier l’histoire de la révolution trans¬ 
formiste à laquelle il avait assisté depuis le plus bel observatoire qu’on pût rêver, aux côtés 
des grands artisans de cette révolution. Il avait suivi les débats des sociétés savantes au 
moment des grands remous et des luttes passionnées. Il avait vu insulter, puis triompher 
Pasteur. A la fin de sa vie, il vit le doute envahir plusieurs esprits. Il voulait réagir et, une 
dernière fois, clamer sa foi. 

Il eut le grand bonheur de garder jusqu’à ses derniers jours la complète lucidité de sa 
belle intelligence et la même ardeur au travail. Il n’avait jamais été très robuste, mais grâce 
à une vie régulière il avait pu mener à bien une tâche considérable. 

Il mourut le 14 janvier 1944, en pleine foi transformiste. Quelques jours avant, il était 
encore venu à « son » laboratoire pour examiner des bocaux de Crustacés. On peut dire que 
la mort l’a surpris à la tâche, car l’âge n’avait pas affaibli son ardeur pour l’étude. Il réduisit 
ses dernières souffrances avec la grammaire grecque qui, disait-il, devait lui permettre de 
perfectionner le grand œuvre qu’il méditait. Ses derniers moments furent simples comme 
l’avait été sa vie. 

Après une cérémonie hâtive dans la froide église de Maisons-Laffitte, quelques allocu¬ 
tions exprimèrent l’hommage rendu par ses collègues et ses amis. 

Cette grande figure qui avait combattu si longtemps pour l’évolution, ce laborieux 
entre tous, a bien mérité le repos dans cet autre monde qu’il n’a jamais perdu de vue et 
qu’il a invoqué en termes pathétiques dans le dernier ouvrage qu’il a publié. Il survivra 
ici-bas par son exemple et il laissera le souvenir d’un vaillant qui a bien travaillé pour le 
progrès de la science et l’illustration de son pays. Son caractère, sa générosité, sa bonté, 
assureront son souvenir dans nos mémoires et dans nos cœurs. 


3 


Source : MNHN, Paris 



Source : MNHN, Paris 


NUDIBRANCHES DU VIET-NAM 

par Jean RISBEC 


Source : MNHN, Paris 


CONTRIBUTION A L’ÉTUDE 
DE LA FAUNE DES COTES DU VIET-NAM 


En 1953, Monsieur le Professeur Roger Heim, Membre de l’Institut, Directeur du 
Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris, accompagné du Professeur Th. Monod, 
avant de se rendre au 8 e Congrès des Sciences du Pacifique, à Manille, où il devait présider 
la délégation française, visitait l’Institut Océanographique de Nhatrang. 

A Saigon, il obtenait que M. Gilbert Ranson, Sous-Directeur du Laboratoire de Mala¬ 
cologie du Muséum de Paris, y vienne en mission. Ce dernier, au retour du Congrès de 
Manille, y travailla deux mois, récoltant d’importantes collections. La collaboration étroite 
entre le Muséum de Paris et l’Institut Océanographique de Nhatrang allait trouver une 
raison nouvelle de se développer. 

En 1946, l’Institut Océanographique de Nhatrang reprenait son activité sous l’impul¬ 
sion de M. Serène. Ce fut, tout d’abord, la remise en état des collections ou plutôt de ce 
qu’il en restait, car la période de guerre et d’occupation japonaise avait été assez sévère 
pour cet organisme. Puis, en 1948, les récoltes reprenaient dont l’enrichissement des collec¬ 
tions devait profiter. Avec les moyens encore faibles dont il disposait et en présence des 
difficultés de l’heure, M. Serène pensa que l’activité de l’Institut devait s’orienter plus 
spécialement vers le développement de la connaissance de la faune et de la flore des côtes du 
Viêt-Nam en commençant par les environs de Nhatrang. Un véritable Musée d’Histoire 
Naturelle réunissant en collections tous les éléments de cette faune et de cette flore allait 
peu à peu s’étendre. 

M. Ranson décida de faire tout ce qui était en son pouvoir pour aider M. Serène à 
poursuivre cette tâche et il s’engagea à convaincre ses collègues spécialistes de collaborer à 
cette œuvre. 

Ensemble, ils firent un examen des matériaux existant déjà dans l’Institut et suscep¬ 
tibles d’être remis à des spécialistes. L’attention de M. Ranson fut particulièrement attirée 
sur tous les matériaux planctoniques récoltés autrefois et triés. Il se mit de suite en relations 
avec le Professeur Rose, de la Faculté des Sciences d’Alger, qui accepta d’étudier les 
Copépodes et de faire étudier les Chétognathes. 

Puis ils envisagèrent la récolte d’autres matériaux susceptibles d’être étudiés de suite 
par des spécialistes. L’expérience acquise par M. Ranson démontra que l’ancienne pros¬ 
pection par la drague n’avait donné que des résultats médiocres. Tout un monde reste à 
découvrir dans les récifs coralliens par la pratique de la plongée sous-marine. M. Ranson 
récolta avec l’aide de plongeurs vietnamiens 500 échantillons d’Alcyonaires parmi lesquels 
il apparaît déjà qu’il y aura plus de cinquante espèces nouvelles! On verra qu’avec les 
Hapalocarcinidae, M. Serène et Madame Fize ont fait connaître une riche faune inconnue 
également à ce jour. 

Poursuivant leurs travaux et leurs efforts l’un à Nhatrang, l’autre à Paris, les signataires 


Source : MNHN, Paris 


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R. Serène et G. Ranson 


de cette Introduction peuvent annoncer dès maintenant pour 1956 et 1957 l’achèvement 
des mémoires suivants : 

— Nudibranches du Viêt-Nam, par J. Risbec. 

— Hapalocarcinidae du Viêt-Nam, par Mme Fize et Raoul Serène. 

— Stomatopodes du Viêt-Nam, par R. Serène. 

— Alcyonaires du Viêt-Nam, par Mme Tixier-Durivault. 

— Hexacoralliaires du Viêt-Nam, par Gilbert Ranson. 

— Zoanthaires du Viêt-Nam, par F. Pax. 

— Copépodes pélagiques de la Baie de Nhatrang, par M. Rose. 

— Chétognathes de la Baie de Nhatrang, par Mlle Hamon. 

— Méduses du Viêt-Nam, par P.-L. Kramp. 

— Siphonophores du Viêt-Nam, par Leloup. 

— Holothuries du Viêt-Nam, par G. Cherbonnier. 

— Diatomées de la Baie de Nhatrang, par Émile Manguin. 

En accueillant dans les Archives du Muséum de Paris, le premier de ces travaux (1), 
celui de M. Risbec, M. le Directeur du Muséum apporte le plus précieux encouragement 
à la poursuite de notre tâche et nous lui en exprimons toute notre gratitude. 

En s’associant aux travaux de l’Institut Océanographique de Nhatrang, le Muséum 
National d’Histoire Naturelle de Paris aide les naturalistes français à conserver leur place 
dans l’étude de la zoologie et de la botanique marines de l’Indo-Pacifique; en publiant les 
travaux basés sur les matériaux récoltés par cet Institut, il contribue à l’enrichissement des 
connaissances sur la faune et la flore marines de cette région, si riche en espèces et si peu 
explorée encore. Il maintient la tradition d’intérêt qu’il porte depuis trois siècles à toutes 
les régions du globe. 

Avec l’Institut Océanographique de Nhatrang, la France, initiatrice et créatrice, avait 
doté les recherches marines d’un poste avancé sur le vaste monde Indo-Pacifique. 
MM. Krempf, Chevey, Dawydoff, Durand y ont accompli une œuvre. Le Viêt-Nam en 
a reçu l’héritage; il compte sur la France pour l’aider à la continuer. Cette publication 
témoigne que la France ne l’abandonne pas. 

Raoul Serène, Gilbert Ranson. 


(1) Le second paraîtra en 1957 également dans les Archives du Muséum; les autres dans l’une ou l’autre des 
publications suivantes : Archives du Muséum, Mémoires du Muséum, Bulletin du Muséum, Mémoires de VInstitut royal des sciences 
naturelles de Belgique. 


Source : MNHN, Paris 




NUDIBRANGHES DU VIET-NAM 


par Jean RISBEG 


Dans sa « Contribution à Vétude des Invertébrés de la faune marine benthique de VIndo-Chine », 
Constantin Dawydoff donne, en 1952, un inventaire des Nudibranches, connus, à cette 
époque, des côtes du Viêt-Nam. 

A la demande de M. G. Ranson, Sous-Directeur du Laboratoire de Malacologie du 
Muséum National d’Histoire naturelle de Paris, je viens d’étudier la collection de Nudi¬ 
branches de l’Institut océanographique de Nhatrang. Cela me permet de signaler plusieurs 
espèces encore inconnues de ces côtes. 

La collection était accompagnée d’une série d’aquarelles représentant la plus grande 
partie des espèces. Ces aquarelles, exécutées par des artistes vietnamiens, m’ont donné la 
possibilité d’effectuer des identifications que n’aurait pas toujours permis l’examen des mol¬ 
lusques conservés dans l’alcool. 

Je pense, en effet, qu’il est, le plus souvent, illusoire de vouloir nommer des exemplaires 
qui ont perdu leur forme et leur couleur, les caractères anatomiques étant généralement 
insuffisants. Les dissections que j’ai effectuées m’ayant permis de préciser certaines dispositions 
anatomiques, j’ai accompagné les descriptions de nombreuses figures semi-schématiques. 

L’exposé qui suit donnera l’état de l’inventaire des Nudibranches du Viêt-Nam, après 
étude de la collection. Afin de faire ressortir ce qui est nouvellement signalé, les espèces 
figurant déjà dans l’ouvrage de Dawydoff seront marquées d’un astérisque. 


*Doris harmandi Kock. 


FAMILLE : DORIDAE 


FAMILLE : HEXABRANCHIDAE 

* Hexabranchus sanguineus Ruppel et Leuckart ( Doris) = H. faustus Bergh. 

* Hexabranchus marginatus Quoy et Gaimard. 

Origine. — Ile Pattle. E.34345. Emplacement non précisé. Récolte 1060.E.8818, Récolte 

i5 I2 -E-35 2 55- 


Source : MNHN, Paris 


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Jean Risbec 


FAMILLE : PLATYDORIDAE 

Genre : Platydoris Bergh. 

* Platydoris argo L. (Fig. i à 9). 

Platydoris argo est une forme qui semble à peu près cosmopolite avec, sans doute, des 
variations locales plus ou moins étendues. Décrite sous des noms différents, il est difficile 
d’en fixer la synonymie, le plus grand nombre des études ayant été faites sur des exemplaires 
conservés, ayant perdu plus ou moins complètement leur coloration. Mme Pruvot-Fol 
présente son identité comme suit : (Mollusque Opisthobranches Faune de France. 58.1954). 
Doris argus Rapp, Cuvier, Deshayes R. A. délia Chiaje, Cantraine, non Philippi, non 
Doris rubra Risso, non Doris argo Pennant, ni D. infranaevata et D. subtumida Abraham. 1876). 

L’exemplaire de la collection que je pense pouvoir attribuer à P. argo, n’est malheureuse¬ 
ment pas accompagné d’une figure coloriée, ni de notes de coloration. Conservé dans l’alccol, 
il est d’un gris un peu saumon. La coloration naturelle semble devoir être un jaune rougeâtre 
ou saumon. La longueur atteint 57 mm. Le contour du manteau est très irrégulier, par suite 
de l’autotomie d’une partie de ce manteau, la consistance est ferme mais très souple. A l’œil 
nu, la surface est lisse, avec quelques rides transverses. Les rhinophores sont rétractés dans 
des cavités dont l’orifice est en fente assez allongée, avec un rebord légèrement saillant et 
festonné. Les branchies sont complètement rétractées dans une cavité, dont l’orifice est en 
étoile à six branches. Elles sont importantes, chacune des six étant irrégulièrement ramifiée, 
et chaque ramification tripennée. Le pied, très fortement contracté, occupe une zone très 
étroite, les bords latéraux venant se rejoindre. Tentacules buccaux brièvement digités. 
L’orifice génital a une sorte de collerette bordée de marron, mais il n’y a pas de saillie. 

Il n’est peut-être pas inutile de donner quelques indications sur les caractères anato¬ 
miques. 

Les glandes sanguines comprennent deux masses; la glande antérieure est plus petite et 
plus massive que la postérieure, dont les lobes sont étendus. Sur l’exemplaire étudié, et 
comme l’indique la figure, le système nerveux se trouvait visible entre les deux glandes. Une 
branche de l’aorte irrigue successivement la glande postérieure, puis la glande antérieure. 

La trompe aboutit au bulbe buccal dont les mouvements sont assurés par une couronne 
de rétracteurs attachés à la base, et par des protracteurs attachés à la partie postérieure du 
bulbe. Le sac radulaire fait une saillie peu étendue. Il contient une radula dont les dents, 
toutes unicuspidées, sont au nombre moyen de 160 par rangée. 

Les glandes salivaires partent de la base du sac radulaire, un peu en arrière du débouché 
de l’œsophage dans le bulbe, près des ganglions buccaux. Elles sont de couleur orangée. 
Chacune, à partir du débouché, d’abord grêle, se renfle en un fuseau qui se dirige vers l’avant 
pour traverser le collier nerveux, puis revient en arrière et s’effile en un tractus qui va s’attacher 
à la masse génito-hépatique. L’œsophage, légèrement renflé à la base, va, comme les glandes 
salivaires, passer dans le collier nerveux, décrivant une anse vers l’avant. Il se rend ensuite à 
l’estomac, lequel occupe la partie antérieure gauche de la masse viscérale principale. L’esto¬ 
mac est très musculeux, en forme de sac, et présente, au fond, un petit diverticule latéral. Sa 
paroi interne est fortement plissée. L’intestin part de l’estomac, en avant et à gauche. Il se 
recourbe immédiatement vers la droite, passe au-dessus de l’aorte, pour suivre ensuite la 
face droite de la masse viscérale et aller directement à l’anus. 


Source : MNHN, Paris 



Nudibranches du Viêt-Nam 


7 


Système nerveux central très concentré, avec allure mamelonnée. La commissure du 
collier est relativement très longue. Yeux petits, très peu colorés, violacés. Otocystes contenant 
un otolithe de grande taille (0,15 mm). 

Glande génitale blanchâtre, recouvrant entièrement le foie, sauf sous le péricarde, où est 
visible une zone découverte que vient rejoindre une bande de tissus gris. Cette dernière, 
constituée par de nombreux lobules, correspond à un rein étroitement en contact avec le 
foie. L’ensemble des glandes annexes et des conduits génitaux forme une masse à la partie 
antérieure de la masse viscérale, entre celle-ci et le bulbe buccal. Il recouvre l’œsophage. Les 
parties visibles, dorsalement, correspondent surtout à la glande à albumine, blanche, occu¬ 
pant la partie droite, et sur laquelle passe un canal renflé avec trace violette (vagin). A côté 
du vagin, le canal hermaphrodite est visible. Enfin, à gauche, un fort conduit musculeux 
est le canal du pénis. La figure montre la disposition des divers conduits. On y voit le canal 
hermaphrodite, dont une partie est très gonflée, blanche, et le canal mâle, auquel s’annexe 
une glande prostatique ovoïde. La paroi du pénis a des épines peu nombreuses, de taille irré¬ 
gulière, et implantées sur une très large base ovale. Sur la voie vaginale, débouchent succes¬ 
sivement la spermatothèque, blanchâtre, de forme allongée, puis la spermatocyste, plus petite, 
ocre. La paroi vaginale est fortement plissée, avec forte cuticule marron sur les plis. Le canal 
hermaphrodite débouche au carrefour où aboutit la glande muqueuse et à albumine, dont la 
partie centrale est marron, et la partie périphérique blanchâtre. Près de l’orifice mâle débouche 
une glande vestibulaire grisâtre. 

Origine. — Récolte 912.E.34241. 

*Platydoris speciosa Abraham. 

*Platydoris cruenta Quoy et Gaimard. 

Origine. — Poulo condore. Récolte 1101.E.34234, Ile Pattle. Récolte 1060.E.8901, 34230, 
34231. M. Marche-Marchad. Hon tre (Nhatrang). Récolte i486.E.33896. M. Nguyen- 
van-Co. 

Platydoris laminea Risbec. 

Origine. —Baie Suot (Nhatrang). Récolte 1510.E.35065. M. Nguyen-van-Co. 

(Forme jeune que je n’ai pas disséquée.) 

Platydoris noumeae Risbec. 

Origine. — Poulo condore. Récolte 1101.E.34233. 

Platydoris scabra Bergh. 

Espèce figurant dans les collections du Muséum national d’histoire naturelle. Det. Pruvot- 
Fol. Provenance : Nhatrang. 

Genre : Asteronotus Ehrenberg. 

*Asteronotus boholiensis Bergh. 

* Asteronotus mabila Bergh. 

FAMILLE : DIAULULIDAE 
Genre : Thordisa Bergh. 

* Thordisa maculifera Bergh. 

* Thordisa punctulifera Bergh. 


Source : MNHN, Paris 



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Jean Risbeg 


Genre : Halgerda Bergh. 

*Halgerda sp. 

Genre : Peltodoris Bergh. 

Peltodoris noumeae Risbec (Fig. io à 17 et 23, 24). 

Origine. — Poulo condore. Récolte 1101.E.34232. Min nam Hon tre (Nhatrang) E.34428. 
M. Nguyen-van-Co. (Petit exemplaire de 20 mm.). Cay xoai (Nhatrang) E.33593. Baie 
gieng do Hon tre. Récolte 1485.E.33870 Cay xoai. Récolte 1479.E.33593. Baie dong (Nha¬ 
trang). Récolte 1482.E.33710, exemplaire jeune. (Tous des exemplaires de M. Nguyen- 
van-Co.) 

Un exemplaire a été disséqué (34232). Il se présentait avec le pourtour du noteum 
presque entièrement coupé à la limite du pied. Sans doute, plongé vivant dans le liquide 
conservateur, en est-il résulté une autotomie importante. Le Mollusque mesurait 60 X 27 mm, 
la masse des organes 47 X 20 mm. La disposition des organes est celle décrite pour P. noumeae , 
mais ici, l’estomac était très grand, et contenait une masse informe, dans laquelle se trouvaient 
des fragments de squelettes de Bryozoaires. 

Le bulbe buccal est subsphérique, et le sac radulaire ne fait pas saillie à l’extérieur. 
Armature buccale à éléments très petits (0,01 mm), irrégulièrement pentagonaux, disposés 
comme une fine gaufrure. Radula à dents toutes unicuspidées. Anse œsophagienne très volu¬ 
mineuse, revenant vers l’avant pour traverser le collier nerveux en recouvrant le bulbe, puis 
allant directement déboucher très largement dans l’estomac. L’intestin décrit, en avant de 
l’estomac, et en dessous de lui, des anses assez importantes, puis se dirige vers l’anus, en sui¬ 
vant la face droite de la masse génito-hépatique. 

Le collier nerveux est assez étroit, la commissure large. 

A remarquer encore la disposition du rein, qui est logé dans une anse de l’intestin, et d’où 
part un canal réno-péricardique assez long, revenant en avant pour s’ouvrir dans le péri¬ 
carde. 

Les organes génitaux correspondent au schéma, figure 24. En position normale on ne 
voit, dorsalement, que la masse de la glande à albumine et muqueuse, avec zone centrale 
marron, et la spermatocyste. A gauche se trouve l’accumulation des glandes prostatiques. 
Enfin, en avant et à droite, se dégagent les conduits génitaux dans la région de l’orifice 
externe. 

Chez l’un des exemplaires j’ai trouvé, en sus de la glande sanguine normale, placée en 
avant du collier nerveux, une seconde glande, très réduite, cachée entre le collier nerveux et 
l’anse intestinale. L’aspect de cette glande est le même que celui de la glande antérieure, mais 
un peu plus massif. Chez ce même exemplaire, l’intestin ne présentait pas des anses intesti¬ 
nales aussi étendues. Les glandes salivaires ont la même disposition, visible sur la figure 17, 
où l’œsophage a été rabattu vers l’arrière. Cette figure montre aussi la disposition des conduits 
hépatiques — disposition visible en écartant la partie antérieure de la masse génito-hépatique 
vers la droite. Le départ du conduit hermaphrodite se trouve aussi découvert. La radula a 
des dents unicuspidées, avec la formule 35.0.35. 


Source : MNHN, Paris 



Nudibranches du Viêt-Nam 


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Genre : Trippa Bergh = Phlegmodoris Bergh. 

*Trippa intecta Kelaart. (Fig. 52-53). 

Baie dong Hon mieu (Nhatrang). Récolte 1485E.33871, 33869. 

Baie gieng da Hon tre (Nhatrang). Récolte 1517E.35413, 35414. Tous ces échantillons 
recueillis par M. Nguyen-van-Co. 

L’organisation des exemplaires vietnamiens correspond à celle que j’ai déjà décrite sur 
des exemplaires néo-calédoniens. Cependant, je crois utile de publier les figures 52 et 53, qui 
précisent les dispositions de la partie antérieure du tube digestif. On voit la position et la 
forme de la glande sanguine, laquelle, chez l’animal conservé, était d’une coloration lie-de-vin, 
tandis que tous les autres organes étaient blancs. L’œsophage aboutit vers l’extrémité posté¬ 
rieure de l’estomac, près de l’orifice hépatique principal, tandis que l’intestin part à l’extré¬ 
mité opposée. Les deux glandes salivaires, après avoir traversé le collier œsophagien, vont 
déboucher dans le bulbe, près de l’œsophage. 

FAMILLE : GLOSSODORIDAE 
Genre : Glossodoris Ehrenberg. 

*Glossodoris hystrio Bergh. 

*Glossodoris ternis Collingwood. 

* Glossodoris iris Collingwood = semperi Bergh = diardii Kelaart. 

Origine. — Baie dong Hon mieu (Nhatrang). Récolte 1487.R.33965. M. Nguyen-van-Co. 

* Glossodoris quadricolor Ruppel. 

* Glossodoris marginata Pease. 

* Glossodoris hilaris Bergh. 

Baie Suot E.35425. 

Glossodoris décor ata Risbec (? = G. capensis Barnard). 

Iles aux Singes (Nhatrang). Récolte 1188.E.16029. M. Serène. 

Glossodoris clitonota Bergh. 

Baie dong Hon mieu (Nhatrang). Récolte 1485.E.33867. M. Nguyen-van-Co. 

Glossodoris Coi n. sp. 

Le Mollusque est heureusement représenté en couleurs (Planche XXII) (Fig. 58, 59). 
Il mesurait, d’après les indications accompagnant la figure, 43 X 18 mm, le pied dépassant 
le noteum de 7 mm pendant la reptation. Manteau jaune ocre, avec liséré violet foncé. Une 
ligne noire onduleuse entoure une bande médiane dorsale comprenant les rhinophores et les 
branchies. Rhinophores et branchies jaunâtres. 

A l’état conservé, le Mollusque est entièrement ivoire un peu rosé, avec une masse brun 
violacé au centre du noteum. Rhinophores et branchies complètement enfoncés dans des 
cavités sans rebord saillant. Sur les parties latérales du manteau, des arcs clairs correspondent 
aux anciennes lignes de coloration. L’animal étant dans un état de grande contraction, 
l’ensemble des organes de la cavité générale ne mesurait plus que 13 X 10 mm. L’organisa¬ 
tion est celle des Glossodoris, avec les particularités suivantes : 

La masse génito-hépatique postérieure à l’anse intestinale est composée surtout par le 


Source : MNHN, Paris 



10 


Jean Risbec 


foie, violet très foncé, recouvert par la glande génitale, rosée. Elle est recouverte par une 
membrane transparente sur laquelle se détache, en blanc, un réseau complexe de conduits 
sanguins très ramifiés et anastomosés, ayant pour point de départ un ventricule relativement 
très petit. Cet aspect du réseau sanguin est assez particulier à cette espèce. 

La glande sanguine, blanche, est subcirculaire. 

Trompe violacé pâle, les muscles rétracteurs s’attachant sur une zone foncée, à la base 
du bulbe. Bulbe buccal à paroi très épaisse. La partie du bulbe antérieure à la masse rotel- 
laire est colorée en violet de plus en plus foncé vers la bouche, et porte un tapis serré de petites 
épines dressées, simples, accolées. Le reste du bulbe est rosé. La radula est colorée en violet 
sur sa partie antérieure fonctionnelle, laquelle comprenait, pour l’exemplaire étudié, cinq 
rangées incomplètes, puis une dizaine de rangées complètes. Le sac radulaire comptait, 
ensuite, une quarantaine de rangées. La formule est 55.0.55, environ. Dents latérales faible¬ 
ment denticulées. 

Les glandes salivaires, à situation ordinaire, comprenaient des petits lobules blancs 
présentant à peu près le même aspect que les masses nerveuses. La glande droite était plus 
petite que la gauche. 

Système nerveux sans caractères bien spéciaux, les ganglions nettement constitués par 
une agglomération de lobules; les cérébro-palléaux assez allongés. 

Le canal hermaphrodite part de la région antérieure de la masse génito-hépatique, près 
de l’arrivée de l’œsophage. D’abord grêle, il se renfle immédiatement, et présente une face 
blanche antérieure, et une face postérieure brun foncé. La prostate comprend une partie 
qui a l’aspect d’un conduit épais dont les circonvolutions sont étroitement accolées, puis une 
partie qui se prolonge en un lobe allongé, paraissant presque séparé. C’est de cette partie 
que se dégage le canal déférent, assez court, décrivant seulement quelques sinuosités. Pénis 
inerme. Spermatothèque subsphérique. Près du col vaginal de la spermatothèque, débouche 
un cæcum renflé, allongé. Vagin court, inerme. 

Origine. — Plage de Hon Ion, face au Rocher noir (Nhatrang). Récolte 1491.E.34281. 
M. Nguyen-van-Co. 

Genre : Risbecia Odhner. 

Risbecia Odhneri Risbec. 

Une aquarelle accompagnant la collection représente un Nudibranche qui est évidem¬ 
ment Risbecia Odhneri. Il n’y avait pas d’exemplaire correspondant. Récolte 128. 

Risbecia reticulata Quoy et Gaimard = Doris reticulata Q,. et G. (Fig. 25 à 31 et 
Planche XXII). 

Quoique la description de Quoy et Gaimard soit assez insuffisante, il m’a semblé que 
la représentation en couleurs donnée par ces auteurs était suffisamment caractéristique pour 
qu’on puisse identifier les exemplaires vietnamiens à Doris reticulata. Si les branchies ne sont 
pas d’un beau rouge comme pour l’exemplaire figuré ici, mais jaunes, la raison en est que 
celui de Quoy et Gaimard était jeune. En effet, le second exemplaire du Viêt-Nam, très jeune, 
et qui avait été représenté en couleurs, avait les branchies jaunes. 

Une belle aquarelle de M. Nam permet de connaître l’aspect de l’animal vivant. Le 
manteau présente, sur fond blanchâtre, un léger réseau polygonal de lignes rouges. Le bord 
est suivi par une étroite bande blanche. Branchies rouges. Rhinophores jaune d’or. Pied 


Source : MNHN, Paris 



Nudibranches du Viêt-Nam 


ii 


blanc. Les branchies sont effilées, pennées. La figure de la planche XXII en montre seize, 
les huit postérieures réunies en deux touffes. 

Pied fendu à son bord antérieur mais très peu profondément. A l’état rétracté, de chaque 
côté de la saillie buccale, il n’y a qu’une légère saillie conique (tentacule). Consistance très 
molle. Manteau très saillant tout autour, très largement lobé. Le pied est, aussi, étalé latéra¬ 
lement en larges lames minces. Les rhinophores rétractés, l’orifice de la cavité qui les contient 
est à peine visible. La surface du noteum, presque exactement lisse, montre un très lâche 
réseau blanc en profondeur. La coloration de la surface a complètement disparu chez le 
Mollusque conservé. 

Les branchies rétractées forment une masse informe, de la même coloration que le 
noteum. Le manteau a une structure montrant des sphérules accolés et un réseau de fibres, 
sans spiculés. Les organes sont enveloppés dans une membrane blanche, presque opaque. 

A la face dorsale, les organes qui sont visibles sans dissection, en position normale, ont la 
disposition suivante : Glande sanguine en deux parties, blanche, composée de nombreux 
lobules. La partie antérieure a la forme d’un disque subcirculaire à bords légèrement lobés. 
La partie postérieure est plus vaste, beaucoup plus élargie transversalement, à lobules plus 
importants. L’espace entre les deux parties de la glande sanguine correspond à la partie 
antérieure des ganglions cérébroïdes. A l’avant du collier, la trompe, rétractée, est de 
coloration rosée. Le bulbe est sous le collier. 

La grosse masse viscérale est constituée, en majeure partie, par le foie, noirâtre, entière¬ 
ment recouvert par la glande génitale, rosée. L’estomac occupe un vaste espace dans l’angle 
antérieur gauche de la masse, tandis que les glandes annexes et les conduits génitaux sont 
logés sur la partie antérieure droite. 

Le péricarde, avec la position ordinaire, contient un ventricule de forme inhabituelle, 
très allongé, fort, et trouvé rejeté à gauche, mais cette disposition me semble accidentelle. 
L’aorte va à la glande sanguine en passant sous l’anse intestinale, après avoir émis une forte 
artère stomacale. 

Armature buccale marron, comprenant de très nombreux éléments simples ou bifurqués, 
implantés suivant une plage rectangulaire médiane et deux bandes latérales. Radula compre¬ 
nant une cinquantaine de rangées sur la partie étalée, et une quarantaine dans le sac sécré¬ 
teur. Toutes les dents sont denticulées sur le bord externe de la cuspide, la première dent 
latérale étant dentée aussi du côté de l’axe. Le rachis a, sur l’axe, une dent médiane très 
étroite et très élevée, à denticules peu nets (Fig. 30). 

L’œsophage se recourbe pour traverser le collier nerveux. A son débouché sur le bulbe 
aboutissent, à droite et à gauche, les glandes salivaires. Ces deux glandes, depuis le bulbe, ont 
un canal excréteur grêle, assez long, une partie épaissie qui s’effile et se prolonge par un 
tractus. Les deux glandes ont été trouvées accolées sur la gauche de l’œsophage, le canal excré¬ 
teur droit allant, de droite à gauche, en en suivant la face gauche. Ensemble, elles traversent 
le collier, passent sous la masse des organes génitaux annexes. Leurs tractus s’attachent à la 
face antérieure de la masse génito-hépatique. 

Après son passage dans le collier nerveux, l’œsophage a une paroi transparente, avec des 
traînées blanchâtres glanduleuses. Il va directement à l’estomac lequel, également à paroi 
mince, est mal limité, peu renflé. La figure 28 montre les larges débouchés des lobes gauche 
(réduit) et droit du foie, en avant de celui d’une poche spéciale annexée à l’estomac. Cette 


Source : MNHN, Paris 



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Jean Risbec 


poche, ovoïde, contenait une masse amorphe, à la surface de laquelle on remarquait un cordon 
noirâtre enroulé en spire plane, faisant penser au cæcum spirale de certains Prosobranches. 
De plus, la paroi de la poche présente un repli épaissi, suivant une ligne sinueuse, et se 
prolongeant jusque dans l’estomac proprement dit. L’intestin, qui part de l’estomac à la 
partie antérieure, décrit une anse courte, complètement fermée, puis va à l’anus en passant 
sous le péricarde. 

Pas de caractères spécifiques intéressants au système nerveux. A noter seulement la 
forme allongée des ganglions cérébro-palléaux (Fig. 28). 

L’appareil reproducteur répond au schéma ordinaire des Glossodoris, avec les particu¬ 
larités suivantes : Canal hermaphrodite renflé en long fuseau avec une paroi jaune, tachée 
de roux sur la face externe. Utérus vaste, à paroi épaisse, accolé à la glande à albumine. 
Spermatothèque sphérique, de grande taille. Spermatocyste allongé, débouchant sur le col 
de la spermatothèque. Canal déférent à circonvolutions nombreuses et fortement renflées. 
Origine. — Rocher noir (Nhatrang). Récolte 1475.E.33546. M. Nguyen-van-Co. Dimen¬ 
sions de l’exemplaire : 60 x 35 mm. 

Un second exemplaire a été figuré en couleurs, et pouvait être pris pour une autre espèce, 
quoique l’aspect soit extrêmement voisin. Il s’agit d’un échantillon plus jeune, ainsi que l’a 
montré la dissection des organes génitaux, mesurant une dizaine de millimètres. 

La radula, avec les mêmes caractéristiques, avait une dent centrale très étroite, à denti- 
cules peu développés, mais était nettement mieux visible que pour le grand exemplaire. La 
radula comptait une quarantaine de rangées avec 90 dents par rangée en moyenne. 

Origine. —Baie dong Hon mieu (Nhatrang). Récolte 1487.E.33968. M. Nguyen-van-Co. 

Genre : Casella Adams. 

*Casella atromarginata Cuvier (Fig. 32 à 38). 

= Doris atromarginata Cuvier, Goniodoris atromarginata Angas, Casella philippinensis Bergh, 
Casella atromarginata Bergh. 

Un seul exemplaire dans un état de grande contraction, mesurant 45 mm. Longueur de 
la masse des organes internes 28 mm. 

Branchies disposées assez irrégulièrement, ainsi que le montre la figure 35. Le long du 
bord du manteau, est visible une rangée de masses sphériques claires, dans l’épaisseur des 
tissus. Tous les organes de la cavité générale étaient de couleur rose saumon, la partie du 
tube digestif antérieure au collier nerveux plus rougeâtre. La trompe invaginable, molle, est 
très vaste. Elle est tenue par de nombreux tractus et des rétracteurs vastes, mais plutôt faibles. 
Sa paroi est opaque, saumon. A sa limite avec le bulbe, on voit une zone transparente, à paroi 
mince, s’épaississant à l’entrée du bulbe, avec cuticule marron foncé. A cette cuticule s’adjoint 
une armature buccale à éléments bifides, dressés, très nombreux. Le bulbe lui-même est réduit, 
c’est un faible renflement musculeux, sans cartilages, et avec une radula réduite. La radula 
correspond à ce qui est décrit par Bergh, mais avec des denticules peu distincts sur la face 
latérale de la cuspide de chaque dent. Glandes salivaires débouchant de part et d’autre du 
débouché de l’œsophage dans le bulbe, près des ganglions buccaux, réunies par leur extrémité 
postérieure. 

A l’estomac est annexée, à côté du lobe hépatique gauche réduit, une poche à paroi forte, 


Source : MNHN, Paris 



Nudibranches du Viêt-Nam 


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opaque. Tandis que l’estomac a été trouvé vide, cette poche contenait une masse molle, mais 
compacte, blanchâtre, avec une partie brune. L’intestin, qui part de l’estomac en arrière 
de la poche annexe, décrit une anse vers l’avant en se recourbant vers la droite. Il passe 
au-dessus de l’œsophage et de l’aorte, suit la face droite de la masse viscérale, puis passe sous 
le péricarde pour aboutir à l’anus. 

Le péricarde est une très vaste poche à paroi transparente, contenant le ventricule ocre, 
assez petit, et une oreillette incolore, très vaste. 

Le canal hermaphrodite part du carrefour où passent l’aorte et l’intestin, près du débou¬ 
ché du lobe hépatique droit dans l’estomac. Il se renfle en un épais canal blanchâtre, visible 
sur la face postérieure gauche de la masse compacte des glandes annexes et des conduits 
génitaux. Canal déférent mâle très long, nacré, saumon, décrivant de nombreuses circonvo¬ 
lutions visibles à la partie supérieure gauche de la masse. Il n’y a pas de glande prostatique 
individualisée. Même disposition de la voie vaginale que chez Glossodoris avec, ici, le cæcum 
courbé en U. L’utérus, très vaste, s’accole à la glande à albumine, en partie blanche, en partie 
rouge, entourée par la masse importante de la glande muqueuse. Près de l’orifice génital 
externe, débouche une glande annexe importante qui s’accole à la glande muqueuse dont elle 
semble n’être qu’un lobe. 

Origine. — Mouillage Gowtow. Bateau de Lannessan. Récolte 833.E.34332. 


Genre : Ceratosoma Adam et Reeve. 

*Ceratosoma corrigera Adam. 

* Ceratosoma gracillima Bergh (Fig. 39 à 42). 

L’exemplaire représenté dans la collection étudiée était accompagné d’une figure en 
couleurs correspondant exactement à celle de C. gracillima d’après Bergh (in Semper ; Reise 
im Arch. des Philippines. Bd II, Taf. XXV, Fig. 8), avec, cependant, une teinte verdâtre moins 
accusée. La dissection effectuée me permet de donner quelques indications sur les caractères 
anatomiques de l’espèce. 

La masse des organes, retirée de la cavité générale, a, comme caractère saillant, le dia¬ 
mètre énorme de l’aorte qui a une importance comparable à celle de l’intestin, lui-même 
relativement très considérable. Le péricarde contient le cœur dans les conditions ordinaires. 
Du pavillon réno-péricardique part un conduit qui entoure le péricarde, émettant de petits 
canalicules qui se ramifient à la surface. Une glande sanguine, grise, se place à l’avant de 
l’anse intestinale, en arrière et un peu au-dessus du collier nerveux œsophagien. L’aorte émet 
une artère qui irrigue cette glande, et qui, après avoir traversé le collier, va irriguer, en 
se bifurquant, deux petites glandes sanguines antérieures. 

Les centres nerveux sont très concentrés, les yeux très petits, sessiles sur les ganglions, très 
peu visibles. 

L’appareil digestif présente les particularités suivantes : Radula large, comptant environ 
80 rangées de dents petites, unicuspidées, la formule étant 180.0.180. Pour C. gracillima , 
Bergh figure une dent qui présente un petit denticule sur la cuspide médiane. Chez l’exem¬ 
plaire que j’ai étudié, il n’y avait pas trace de denticule supplémentaire, ce qui correspondrait 
à ce qui est indiqué pour C. trilobatum Gray. C. corrigera a certaines dents bifides et, en tout 
cas, des petits denticules sur la face externe de la cuspide principale. 


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Jean Risbec 


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L’œsophage est remarquable par son volume considérable. Après son départ du bulbe 
buccal, il comprend un premier renflement à paroi mince. Les glandes salivaires qui débou¬ 
chent, comme à l’ordinaire, à la base du bulbe, sont translucides. Elles passent, de gauche 
à droite, sous la partie antérieure de l’œsophage, viennent, ensemble, s’accoler à ce dernier, 
qui se creuse un peu sur sa face droite pour leur laisser place. Elles traversent le collier 
nerveux et vont s’enfoncer devant la masse des organes génitaux annexes. 

Après son premier et volumineux renflement initial, l’œsophage se renfle une seconde fois 
en une sorte de jabot à paroi un peu plissée. On trouve, sur la partie terminale de ce jabot, 
deux petits ganglions qui ne sont pas l’homologue des ganglions buccaux, mais de ganglions 
viscéraux supplémentaires. Ceux-ci sont reliés, chacun, par un connectif, aux ganglions 
buccaux véritables qu’on trouve à leur emplacement habituel, à la base du bulbe. A côté des 
ganglions buccaux principaux, se placent deux petits ganglions accessoires. 

L’œsophage aboutit à un estomac enfoncé jusque vers le milieu de la masse viscérale, et 
qui est recouvert par les deux branches volumineuses de l’anse intestinale dont le sommet se 
place sous l’œsophage, en revenant, de sa partie postérieure, à l’avant de l’estomac. 

Canal hermaphrodite gros et court, peu contourné. La voie mâle comprend une glande 
prostatique étroitement accolée à la glande à albumine et muqueuse et aussi importante 
qu’elle. A la masse principale, ovoïde, de la prostate, s’adjoint un lobe étroit qui s’avance sous 
le canal hermaphrodite, le long de la glande à albumine. Canal déférent grêle, à très nom¬ 
breuses circonvolutions amassées en peloton complexe. Il est seulement un peu plus épais 
que la prostate, et aboutit au sac pénial dont la base présente une tache orangée. Pénis inerme. 
La voie vaginale présente une spermatothèque ovoïde dont le contenu, noir en majeure 
partie, comprenait des masses ovoïdes blanches. Au col de la spermatothèque, débouche un 
long cæcum un peu contourné et courbé en U à son extrémité. 

Origine. — Nhatrang. E.33281. M. Nguyen-van-Co. 

FAMILLE : MIAMIRIDAE 

*Sphaerodoris papillata Bergh. 

FAMILLE : ALDISIDAE 

Genre : Aldisa Bergh. 

Aldisa nhatrangensis n. sp. 

L’exemplaire type de cette nouvelle espèce est accompagné d’une figure en couleurs 
(Planche XXII). Le noteum s’y montre d’une coloration grise, irrégulièrement bariolée 
de gris plus foncé, avec de petites taches brunes. Les rhinophores sont jaunâtres, les branchies 
grises. Le pourtour de la zone branchiale est d’une teinte uniforme, grisâtre clair, et est précédé 
d’un fer à cheval allongé, de même couleur, étendu vers l’avant. La face ventrale est blan¬ 
châtre pour le pied; elle est un peu plus foncée, mais toujours très claire, pour le manteau. 

A l’état conservé, le Mollusque a pris une coloration d’un rose un peu vineux, avec des 
marbrures grises. A l’état frais, il mesurait 22 X 13 mm. Contracté, il n’est plus que de 
15 X 10. L’appareil branchial, semi-rétracté, forme un ensemble cylindrique dressé de 15 
branchies bipennées, qui entoure un large tube hyalin rectal. 

Manteau relativement épais. Bouche sur un fort mamelon, saillant en avant du bord 


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Nudibranches du Viêt-Nam 


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antérieur, plissoté du pied. Le mamelon est relié au bout du pied par une crête. Il n’y a pas 
de tentacules buccaux. La cavité générale est entourée par une membrane incolore, avec très 
fine moucheture grise. 

L’exemplaire était très jeune. Je n’ai recueilli que les renseignements suivants sur son 
organisation : Glande sanguine relativement très développée. Pas d’armature buccale. Radula 
à dents colorées, marron, comportant une trentaine de rangées en activité. Chaque rangée 
comprend, de chaque côté, une première latérale assez forte, complexe, et une série de dents 
très allongées, grêles, finement denticulées (Fig. 109). 

Système nerveux central très concentré, les yeux accolés aux cérébroïdes. Pénis inerme. 
Origine. — Baie gien da Hon Ion (Nhatrang). Récolte 148i.E.33487. 

FAMILLE : DISCODORIDIDAE 

Genre : Discodoris Bergh. 

*Discodoris raripilosa Abraham. 

* Discodoris concinna Abraham. 

Discodoris notiperda n. sp. (Fig. 43 à 51). 

Cette espèce est voisine de D. dubia Bergh 1905; mais la description de Bergh est insuffi¬ 
sante, particulièrement en ce qui concerne l’appareil reproducteur. D. dubia n’a que 5 troncs 
branchiaux, notiperda en a 6. 

Il est assez risqué de donner un nom d’espèce à un Nudibranche dont on ne possède 
aucune indication quant à la coloration à l’état vivant. La possession de plusieurs exemplaires, 
dont l’un de grande taille, a permis une dissection dont les résultats compenseront un peu 
l’absence des caractères de coloration, et permettront de préciser quelques points de l’organi¬ 
sation du genre Discodoris. Les huit exemplaires mesuraient, à l’état conservé, de 25 mm pour 
le plus petit, à 100 mm pour le plus grand. Le manteau, très contracté, avait une forme très 
irrégulière, résultat de l’autotomie des parties périphériques, et une surface irrégulièrement 
plissée. La coloration était, pour tout l’animal, jaunâtre un peu rosé. 

Placé sans doute vivant dans l’eau douce ou même l’alcool, il est probable que c’est une 
contraction particulièrement violente qui a complètement détaché (il ne tenait que par 
quelques fibres, d’un seul côté) tout l’ensemble du manteau (de consistance très ferme) du 
reste de l’animal (il s’agit du plus grand des exemplaires). 

Le Mollusque, autour de la paroi interne, ocre clair, fibreuse, très résistante, de la cavité 
générale, n’avait plus qu’une couche épaisse d’un tissu très lâche. C’est la présence de cette 
couche, très peu compacte, qui permet le détachement facile du manteau. Le pied débordait 
l’ensemble, les rhinophores et les branchies évidemment rattachés à la masse du corps. 

Si un tel phénomène d’autotomie est possible dans les conditions naturelles, c’est à partir 
du tissu lâche intermédiaire que doit pouvoir se faire une régénération du manteau. 

Les rhinophores se rétractent dans une cavité qui s’ouvre par un orifice allongé, en bou¬ 
tonnière. Ils sont jaunâtres et portent, de chaque côté, une trentaine de lames de perfoliation. 

Branchies constituées par six gros troncs très épais, très complexes, irrégulièrement tri 
ou quadripennés. Le tube anal, saillant, est cylindrique. Les bords de l’anus sont trilobés. 
Pied légèrement échancré en avant. Tentacules buccaux blancs, assez effilés, aplatis. 


Source : MNHN, Paris 



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Jean Risbec 


Péricarde à disposition ordinaire, sa partie antérieure recouverte par une couche de 
tissus jaune clair, opaques. Aorte très large, donnant origine à un réseau très développé qui 
se ramifie à la surface de la masse génito-hépatique et de l’estomac. Après son passage sous 
l’anse intestinale, l’aorte va s’élargir en un vaste sinus qui entoure le système nerveux central. 
De ce sinus part, en avant comme en arrière, une artère qui irrigue une glande sanguine. Les 
deux glandes sanguines sont grisâtres, la postérieure est la plus développée et la plus massive. 

Trompe noirâtre. Bulbe buccal relativement volumineux; à son entrée, armature buccale 
brun roux. Œsophage s’élargissant beaucoup, immédiatement après sa sortie du bulbe, se 
rendant directement à l’estomac, passant au-dessous de lui, pour déboucher près de son extré¬ 
mité postérieure. L’estomac est ainsi couché sur l’œsophage. Glandes salivaires à relations 
habituelles, débouchant près de l’orifice œsophagien, dans le bulbe. L’estomac, à paroi très 
épaisse, forme, avec le très large œsophage, toute la partie antérieure gauche de la masse 
viscérale principale, les organes génitaux étant repoussés à droite. L’intestin en part en avant 
et à gauche, décrit une anse transversale, puis une petite anse sur la face droite, pour suivre 
ensuite cette face, jusque près de l’anus. 

La radula comprenait 150 dents par rangée, toutes unicuspidées. 

Centres du collier nerveux œsophagien remarquables par leur division en nombreux 
lobules accolés. Commissure buccale courte. Yeux réduits, le nerf optique court. 

Canal hermaphrodite formant de gros replis blancs qui passent au-dessous de la masse 
génitale annexe. Prostate importante, constituant la partie gauche de cette masse, comprenant 
une zone un peu ocrée et une partie blanche. Pénis et vagin inermes, étroitement réunis dans 
leur partie terminale. Glande à albumine entourée par la glande muqueuse, d’un gris un peu 
ocré, et d’aspect un peu feuilleté. 

Origine. — Port Dayot. Récolte 912.E.34236 à 34240. Marché de Nhatrang. Récolte 150. 
E.34254 à 34256. Cua Be (Nhatrang). Récolte 150.E.34257. 

FAMILLE : KENTRODORIDIDAE 
Genre : Jorunna Bergh. 

Jorunna Marchadi n. sp. (Fig. 54 à 57). 

Je ne possède pas d’indications sur la coloration de l’animal à l’état vivant. Cependant, 
l’aspect du Mollusque conservé semble assez caractéristique. L’exemplaire unique est de 
grande taille : 70 X 40 mm. Le manteau, avec une zone centrale à peu près lisse, passe, tout 
autour, à une série de bourrelets irrégulièrement saillants, qui rappellent un peu l’aspect des 
Phyllidia. Il est de consistance très ferme. Ses bords se trouvent festonnés irrégulièrement. 
La coloration générale est bleuâtre. Elle passe, au centre, à une teinte faiblement rosée- 
violacée et, latéralement, à un gris de moins en moins bleu. Rhinophores jaune ivoire, rétrac¬ 
tiles dans des cavités à rebord assez élevé et épais. Branchies grisâtre clair, importantes, très 
ramifiées, complexes, comprenant six gros troncs tripennés. Ces troncs sont séparés, à leur 
base, par des lobes triangulaires du manteau qui se rabattent, amenant leur sommet jusque 
près du tube anal. Face inférieure du pied blanchâtre, mesurant 53 X 12 mm. La face 
inférieure du noteum est gris-bleu pâle. 

La bouche est au centre d’un fort mamelon. Les tentacules ont été trouvés contractés 


Source : MNHN, Paris 



Nudibranches du Viêt-Nam 


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en masses subhémisphériques. Pied bilabié, avec la lèvre supérieure fendue au milieu. Orifices 
génitaux très visibles sur une zone légèrement surélevée. 

Cœur à disposition ordinaire. Pavillon réno-péricardique très volumineux. Glandes 
sanguines très ramifiées, à lobules très séparés. La glande postérieure est allongée le long de 
l’artère, en arrière du collier nerveux, comme brièvement ramifiée, beaucoup plus petite que 
la glande sanguine antérieure, laquelle est un peu plus massive. 

Système nerveux ne présentant pas de dispositions intéressantes. A noter seulement que 
les ganglions sont constitués par de nombreux lobules. Les commissures sont enveloppées dans 
une gaine qui prend, ventralement, un très grand développement. 

Disposition générale du tube digestif comme chez Discodons. Deux ganglions viscéraux 
sont bien visibles sur l’estomac, près du débouché de l’œsophage. Les glandes salivaires, 
blanches, qui ont les relations habituelles, se prolongent, après avoir traversé le collier nerveux, 
en un long ruban qui vient s’attacher à la face ventrale de la masse génito-hépatique. 

L’estomac contenait une masse sableuse, avec des carapaces de Protozoaires, des débris 
d’Algues, mais c’étaient des fragments relativement volumineux d’Éponges qui en étaient 
les constituants les plus importants. 

Ensemble des glandes et conduits annexes génitaux d’un beau blanc. Canal herma¬ 
phrodite épais, à courtes et assez nombreuses circonvolutions. Prostate assez peu importante. 
Canal déférent relativement court, à circonvolutions peu nombreuses. Il aboutit à une poche 
ovoïde, courte, contenant un pénis inerme qui s’y rétracte en se contournant. Vagin inerme, 
formant une poche plus allongée, dont la paroi a des replis mous. Le canal qui y débouche va 
à une spermatothèque ovoïde, à paroi très molle, cachée sous la prostate. Dans le conduit 
allant de la spermatothèque au carrefour génital, et près de ce carrefour, débouche un gros 
cæcum ocre, long et contourné. Enfin, près de l’orifice génital externe, aboutit un appareil 
spécial comprenant une poche glandulaire subsphérique. Le canal évacuateur de cette poche 
arrive à un sac dont l’axe contient un conduit chitineux rigide. La paroi interne de ce conduit 
a des plissements cornés. 

Origine. — Ile Pattle. Récolte 1060. E. 8818. M. Marche-Marchad. 


Genre : Kentrodoris Bergh. 

* Kentrodoris rubescens Bergh. 

* Kentrodoris gigas Bergh. 

Kentrodoris funebris Kelaart = Doris Junebris Kelaart = Kentrodoris annuligera Bergh 
(Fig. 18 à 22). 

L’aspect extérieur et la structure du manteau sont si caractéristiques (la figure en cou¬ 
leurs publiée par Bergh (Philippines) et celle que j’ai reçue de Nhatrang sont absolument 
semblables), qu’il est impossible de ne pas reconnaître l’espèce. Cependant, j’ai trouvé pénis 
et vagin inermes. L’espèce serait donc à classer plutôt parmi les Peltodoris. Dans la diagnose 
de ce dernier genre, il est spécifié qu’il y a une prostate. Or, sur la figure de Mme Pruvot- 
Fol, p. 242, Faune de France, 58.1954, ce qui est indiqué comme prostate est une glande qui 
débouche directement et à part, à l’extérieur. C’est d’ailleurs la disposition que j’ai trouvée ici. 
Mais cette glande est-elle une prostate ou une glande vestibulaire annexe ? Je pense qu’on 


Source : MNHN, Paris 



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Jean Risbec 


doit plutôt considérer comme glande prostatique la partie initiale, très gonflée, du canal 
déférent. 

Quoi qu’il en soit, Bergh décrit, au pénis, une longue épine incolore, et il n’est pas 
impossible que cette épine soit caduque. Je conserverai donc, provisoirement, l’espèce dans 
le genre Kentrodoris, de nouvelles observations me paraissant nécessaires. Elle ressemble beau¬ 
coup, par ailleurs, à Peltodoris atromaculata Bergh 1880. 

Le plus grand des deux exemplaires mesure 45 X 17 mm. Comparé au plus petit, il 
montre que le nombre des taches augmente avec l’âge. Le manteau est couvert de saillies 
élevées et hérissées, disposées en tapis dense. Les zones brunes correspondent à des zones un 
peu plus élevées, avec des papilles énormes, plus densément disposées, contiguës, et plus ou 
moins recouvertes d’une sécrétion noire. Cette sécrétion est seulement superficielle et dispa¬ 
raît très facilement par lavage. Les rhinophores s’enfoncent dans des cavités dont le rebord 
circulaire, papilleux, est à peine saillant. Les branchies se rétractent dans une cavité à bords 
largement lobés, les lobes étant élevés et l’ouverture étalée transversalement. Le pied est très 
saillant, en lame, tout autour; quelques taches se répartissent à sa face supérieure, le long du 
bord. En avant, il se divise en deux grands lobes qu’il faut rabattre pour voir la bouche et les 
longs tentacules buccaux. Papille génitale blanchâtre ivoire, forte, saillante. Manteau de 
consistance ferme, cassante. 

Dans la cavité générale, tous les organes sont d’un blanc pur, à l’exception des conduits 
génitaux, jaunes, et du bulbe buccal, d’un jaune plus vif. La disposition générale des organes 
est celle qui a été représentée pour Platydoris argo, avec des glandes sanguines en lames peu 
épaisses, la postérieure très étendue vers l’arrière, du côté droit. Le péricarde est relativement 
très grand, et de forme allongée. J’ai figuré la disposition des organes génitaux avec leur aspect 
en place (la glande muqueuse et à albumine, très développée, repoussant l’ensemble des 
conduits sur sa face gauche), et l’ensemble des organes étalés. On remarquera la présence de 
la glande vestibulaire, à laquelle j’ai déjà fait allusion. Cette glande est ivoire, couchée sur 
le carrefour génital. Son extrémité, effilée, aboutit justement à ce carrefour, et peut donner 
l’illusion d’une communication. En réalité, elle se déverse à l’orifice génital externe commun 
par un assez long conduit blanc. 

Origine. —Baie dong Hon mieu (Nhatrang). Récolte 1487.E.33967. M. Nguyen-van-Co. 
Cauda (Nhatrang) E.19931. M. Nam. 

Un échantillon provenant de l’Ile des Mamelles (Golfe du Siam), Récolte 920.E.34253, 
M. Marche-Marchad, mesurant 35 mm de longueur, doit appartenir à la même espèce, 
mais il était en mauvais état, ayant sans doute subi un début de décomposition avant la mise 
en alcool. 


FAMILLE : GONIODORIDAE 
Genre : Okenia Leuckart. 

*Okenia ( Idalia ) plebeja. 


SOUS-FAMILLE : POLYCERINAE 
Genre : Caloplocamus (Euplocamus) Bergh. 

* Caloplocamus croceus Cantraine. 


Source : MNHN, Paris 



Nudibranches du Viêt-Nam 


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Genre : Nembrotha Bergh. 

*Nembrotha nigerrima Bergh. Nembrotha sp. (? nigerrima ) (Fig. 60 à 66). 

Dans la collection étudiée se trouvait un Mollusque qui, malheureusement, n’était 
accompagné ni d’une figure en couleurs, ni de notes écrites de coloration. Il serait donc vain 
de lui donner un nom spécifique ou de l’identifier à nigerrima. Il est cependant intéressant de 
donner quelques indications sur son anatomie. 

Vivant, l’animal devait mesurer de 30 à 35 mm de long pour 8 de largeur. Conservé, il 
était extraordinairement déformé. Son aspect est seulement indiqué par la figure 60. Il 
gardait une coloration brune, un peu bleuâtre sur la région antérieure avec les tentacules, 
vers la bouche, sur la région branchiale, à l’extrémité postérieure du pied et du noteum. La 
peau, transparente, laisse apercevoir les organes internes. Pied étroit, mal limité vers le man¬ 
teau, ivoire, replié en étroite gouttière. A droite et à gauche d’une large bouche, chacun des 
deux tentacules buccaux est représenté par une saillie un peu chicoracée. A mi-distance entre 
la saillie buccale et les rhinophores, une crête marque la limite du noteum. Cette crête s’affai¬ 
blit latéralement. A droite est un large orifice génital, dont le pourtour est bruni. Toute la 
partie antérieure du corps est plissée longitudinalement, les plis s’atténuant progressivement 
vers l’arrière. Rhinophores rétractiles dans des gaines minces, en partie transparentes. Rhino¬ 
phores comptant une vingtaine de paires de lames de perfoliation, en grande partie brunes ; 
l’extrémité ivoire. Branchie divisée en deux troncs symétriques; chacun, divisé en deux dès 
la base, se ramifie irrégulièrement avec une conformation assez simple. Tube anal blanchâtre, 
court, et, un peu en avant, à droite, très petit tubercule avec l’orifice rénal. L’extrémité 
postérieure s’effile longuement, tandis que le pied se limite mieux, surmonté par une crête 
palléale. Son extrémité antérieure est divisée en deux lobes. Par transparence, on voit une 
masse ivoire, volumineuse, qui correspond à la glande génitale, et une forte trace noire, 
intestinale, du côté gauche. 

Trompe grise, à paroi à très nombreux replis longitudinaux, aboutissant à une membrane 
mince à la base du bulbe. Les muscles qui entourent l’extrémité postérieure de la trompe 
invaginée sont relativement faibles. Le bulbe buccal est subsphérique; la gaine de la radula 
faiblement saillante entre les masses latérales. A l’entrée du bulbe, est une sorte d’armature 
buccale marron rougeâtre assez foncé, constituée par une série de lamelles de forme irrégu¬ 
lière. C’est une simple cuticule déchiquetée, épaissie et colorée. 

La radula n’a pas une basale résistante. Lorsqu’on touche au bulbe, les dents se détachent 
très facilement et tombent, même pour la partie postérieure de la lame. La radula comprend 
une trentaine de rangées. Chacune comporte une dent médiane avec 4 denticules courts et, 
de chaque côté, une latérale allongée, unicuspidée, alternant avec sa similaire d’un côté à 
l’autre de l’axe, puis une rangée de 7 dents à large base et cuspide faiblement et irrégulière¬ 
ment dentée (Fig. 66). Les dents sont incolores latéralement, et de plus en plus foncées en se 
rapprochant de l’axe. 

L’œsophage part du bulbe à sa face supérieure et traverse presque immédiatement le 
collier nerveux. Je n’ai pas trouvé de glandes salivaires distinctes. L’œsophage se rend direc¬ 
tement à l’estomac, compris dans la partie antérieure de la masse viscérale principale. Il est 
entouré par le foie, noir, lequel est, sauf quelques petits îlots, complètement caché par la 
glande génitale. Celle-ci ne formait qu’une couche peu épaisse pour l’animal étudié. L’intestin 



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Jean Risbec 


sort de la masse génito-hépatique vers le milieu de sa face dorsale. Il est assez épais, noir. Il 
se recourbe en un rectum brusquement ivoire et qui se rend directement à l’anus. 

Système nerveux très concentré, avec ganglions subsphériques et commissure pédieuse 
et cérébro-palléale très courte. Les connectifs des ganglions buccaux sont relativement très 
forts, courts, le collier surmontant immédiatement la base de l’cesophage sur le bulbe, et les 
ganglions buccaux flanquant l’cesophage sur celui-ci. Il n’y a pas de ganglions buccaux 
accessoires, disposition en relation sans doute avec l’absence de glandes salivaires. Otocystes à 
un otolithe. 

Disposition habituelle du cœur. Conduit veineux très apparent, venant de la partie pos¬ 
térieure de la masse hépatique, et se rendant à l’oreillette. Aorte importante, émettant, dès sa 
base, une artère qui va se ramifier sur le foie et l’estomac, allant passer sous l’anse digestive 
avant d’émettre une artère génitale et une artère de la glande sanguine, traversant enfin 
le collier œsophagien. Glande sanguine grise, en forme de feuille assez épaisse, couvrant 
surtout la région du canal déférent mâle. Pavillon réno-péricardique ivoire, petit, mais nette¬ 
ment visible. Du col du pavillon partent un étroit conduit qui va au mamelon rénal externe, 
et un conduit de même aspect se rendant à la masse hépatique. 

Canal hermaphrodite élargi en conduit, ivoire, épais. Prostate volumineuse, ocre clair. 
Canal déférent également ocre vif, à nombreuses circonvolutions. Pénis armé d’épines simples, 
nombreuses, de 0,02 mm. L’extrémité du conduit est marron foncé. Spermatothèque assez 
volumineuse, subsphérique, cachée normalement sous la glande à albumine et muqueuse 
et la prostate, de même que la spermatocyste qui est une petite poche trouvée complètement 
plate. La glande muqueuse est grisâtre, la glande à albumine, plus centrale, entourant étroi¬ 
tement la spermatothèque, est ocre plus clair que la prostate. L’orifice vaginal correspond à 
une zone pigmentée contiguë à l’orifice génital. L’utérus aboutit à une poche subsphérique, à 
l’intérieur de laquelle l’orifice femelle est porté par un fort tubercule, rattaché par de 
nombreux tractus à la partie terminale de l’utérus et de la glande à albumine. 

Origine. — Ile Pattle. Récolte 1061.E.34321. M. Marche-Marchad. E.8805. 

Genre Kalinga : Alder et Hancock. 

Kalinga ornata Alder et Hancock. 

Espèce figurant dans les collections du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, 
det. Pruvot-Fol. Provenance : Nhatrang. 

Genre : Plocamopherus Leuckart. 

Plocamopherus ceylonicus Kelaart. 

Origine. — Plage de Hon Ion, face au Rocher noir (Nhatrang). Récolte 149i.E.34263 et 
34264. M. Nguyen-van- Co. Baie san (Nhatrang) E.34956. 

Gymnodoris Stimpson = Trevelyana Kelaart. 

Gymnodoris citrina Bergh = bicolor Alder et Hancock = japonica Baba (Fig. 67 à 69). 

Les espèces appartenant au genre Gymnodoris m’ont toujours énormément embarrassé 
lorsque je les ai disséquées. Cette fois encore, j’ai effectué une dissection de l’exemplaire 
faisant partie de la collection étudiée et n’ai pas obtenu les résultats positifs que j’espérais. J’ai 


Source : MNHN, Paris 



Nudibranches du Viêt-Nam 


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toujours l’impression que les organes génitaux subissent de très grandes modifications au 
cours de l’évolution de l’individu, à moins que les sexes ne soient séparés. C’est une question 
qui est à élucider par les Malacologistes bien placés pour disposer d’un matériel frais abondant. 

L’exemplaire étudié présentait les particularités suivantes : Dans l’alcool, le Mollusque 
montrait, à l’avant, une masse buccale énorme, avec un très large orifice, au-dessus de laquelle 
la partie antérieure, étalée, du manteau, était comme un voile translucide. Après cette masse, 
correspondant au bulbe buccal, le reste du corps n’était plus qu’un boudin blanc où le pied 
était à peine indiqué. La masse buccale occupe ainsi la plus grande partie de la cavité géné¬ 
rale. Sa partie antérieure correspond à la trompe dévaginable mais elle se poursuit, sans 
modifications, avec le bulbe buccal réel, lequel se trouve limité surtout par le fait que l’œso¬ 
phage en part, près du bord antérieur, traversant le collier nerveux, ainsi très à l’avant sur 
l’ensemble. Les deux glandes salivaires débouchent de part et d’autre de la base de l’œso¬ 
phage. Elles ont un aspect de poches allongées, translucides, et se courbent pour passer sous 
le bulbe, à droite et à gauche. Celle de droite a un canal beaucoup plus court que celle de 
gauche. L’œsophage s’élargit, très tôt, en une vaste poche à paroi très mince qui se confond 
avec la paroi du péricarde dont elle a l’aspect. Je n’ai pas trouvé d’orifice anal, ni autre chose 
à la suite de cette poche stomacale, qui était vide. Il n’y avait pas, non plus, de glande qu’on 
puisse comprendre comme un foie. 

La disposition du bulbe correspond à ce que j’ai figuré (p. 99, Faune des Nudibranches de 
Nouvelle-Calédonie , 1953), avec un sac radulaire ne faisant pas saillie à l’extérieur de la masse. 
Je n’ai pas observé de diverticule suceur. La radula comprenait 13 rangées colorées, avec une 
trentaine de dents par rangée. 

Une petite glande sanguine se présentait en avant des organes génitaux. Le cœur, avec 
ventricule et oreillette, est normal, mais le pavillon rénal se trouve extraordinairement 
développé, presque aussi gros que le ventricule. 

Collier nerveux à ganglions cérébro-palléaux et pédieux bien limités; l’ensemble très 
aplati sur l’œsophage. Les commissures cérébroïdes et pédieuses sont très peu visibles. Les 
ganglions buccaux sont relativement gros. 

Les organes génitaux comprenaient seulement deux masses subsphériques, séparées, 
dont les deux conduits se réunissent en un canal commun. Ce canal reçoit le canal excréteur 
d’une glande d’un volume plus considérable, et qui est la glande à albumine. Après le 
débouché de cette glande, le canal commun augmente beaucoup de diamètre et se rend, en 
décrivant quelques circonvolutions, à l’orifice externe. La glande à albumine est ivoire, avec 
deux zones violacé pâle; son canal évacuateur est violacé. 

Origine. — Baie dong Hon mieu (Nhatrang). Récolte 1487.E.33966. M. Nguyen-van-Co. 

Gymnodoris (? rubromaculata Bergh) (Fig. 70). 

A l’état contracté, le Mollusque était de coloration ivoire, avec, par transparence, une 
masse brune antérieure aux branchies et s’étendant jusqu’au niveau des organes génitaux 
annexes dont certains conduits blancs sont visibles. 

Il m’a été impossible de disséquer convenablement les organes génitaux. En tout cas, 
ils n’ont pas la disposition décrite ici pour G. citrina, mais la glande est disposée sur le foie 
comme pour les Doridiens. Par contre, on trouve la même disposition que pour l’espèce pré¬ 
cédente, aux glandes salivaires et au collier nerveux. Les glandes salivaires sont plus massives, 
blanches. Le bulbe buccal est plus réduit par rapport à la trompe, et mieux limité. La radula 



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Jean Risbec 


est très réduite. Elle comprend une quinzaine de rangées seulement, avec une longueur totale 
de 0,45 mm - Très peu de rangées étaient complètes, la formule maximum étant 26.1.0.1.26. 
Origine. —Baie dong Hon mieu (Nhatrang). Récolte 1485. E. 33968. M. Nguyen-van-Co. 

Genre : Goniodoris Forbes. 

* Goniodoris alba Bergh. 

* Goniodoris ceylonica Kelaart. 

FAMILLE : PHI LU DI ADAE Cuvier. 

Genre : Phyllidia Cuvier. 

*Phyllidia variocosa Lamark = P. coelestis Bergh = P. quadrïlineata Bergh = P. trilineata 
Bergh. 

Espèce répandue de l’océan Indien au Japon. 

Origine. — Rocher noir (Nhatrang). E. 16066. M. Nguyen-van-Co. Indochine E.34206 
(exemplaire jeune). M. Nguyen-van-Co. Baie gieng da Hon Ion (Nhatrang). Récolte 1481. 
E.33486 (exemplaire très jeune). 

*Phyllidia elegans Bergh. 

Phyllidia honloni n. sp. (Fig. 71 à 75 et 79 à 81). 

Cette espèce, assez abondamment représentée dans la collection, n’était pas accompagnée 
d’une figure coloriée. Les Phyllidiadae conservant mieux que les autres Nudibranches leur 
forme et même leur coloration, je pense pouvoir décrire comme nouvelle cette forme que je 
n’ai pu identifier à aucune des espèces déjà décrites. 

Aspect extérieur. — (Animal conservé en alcool.) Taille 68 X 40 mm. Noteum noir avec 
des tubercules irréguliers disposés suivant trois séries longitudinales de plages grises, de même 
coloration, l’une sur l’axe, les deux autres latérales. En supplément, vers le pourtour, est une 
série de mamelons plus forts, disposés sans ordre. Le sommet des mamelons est jaune. Ventra- 
lement, le pied, presque aussi étendu que le manteau, est grisâtre sale, avec une bande 
médiane, irrégulière et incomplète, plus foncée, noirâtre. Dessous du noteum d’un gris plus 
uniforme, assez clair. Tentacules buccaux très courts, coniques à l’état rétracté, ivoire, 
mesurant 4 mm. 

Dorsalement, les orifices des cavités contenant les rhinophores rétractés sont peu visibles, 
situés sur des plages grises. Anus sur un mamelon, à 7 mm environ du bord postérieur du 
manteau. Branchies assez irrégulières : à droite, 25 en avant de l’orifice génital, une centaine 
entre cet orifice et l’extrémité postérieure. 

Rhinophores jaune soufre, à lames de perfoliation très nombreuses, obliques (environ 25, 
de chaque côté). 

Disposition générale des organes : la membrane qui entoure la cavité générale est blan¬ 
châtre. L’aspect de l’ensemble est donné par la figure 73. 

Appareil digestif. — Bulbe buccal à paroi épaisse, présentant, sur ses faces ventrale et 
latérales, de nombreux diverticules glandulaires épais. Vus par la face postérieure, ces diver¬ 
ticules sont disposés en couronne, autour d’une zone à peu près plane qui a l’aspect d’une 
accumulation de nombreux petits follicules blancs. L’œsophage se dégage du bulbe, 


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Nudibranches du Viêt-Nam 


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dorsalement, entre les branches du V formé par deux puissants rétracteurs attachés à la partie 
postérieure d’une bande médiane axiale antérieure, résistante. L’œsophage traverse immédia¬ 
tement le collier nerveux placé au-dessus du bulbe, et se recourbe vers l’arrière, pour se rendre 
directement à l’extrémité antérieure de la masse viscérale. D’abord assez large, à épaisse paroi 
glanduleuse, il se rétrécit un peu et marque, par un léger élargissement, une sorte de jabot 
avant de reprendre un diamètre un peu plus faible. L’estomac n’est pas individualisé. C’est 
seulement un carrefour où aboutissent les conduits hépatiques, et marquant le début de 
l’intestin dont les parois sont minces; celles de l’œsophage étant toujours assez épaisses. 
L’intestin suit la face droite de la masse viscérale pour aboutir à l’anus, en revenant sur la 
ligne médiane, assez loin au-delà du péricarde. 

Système nerveux. — Centres nerveux très concentrés (voir figure 74). A remarquer la 
position des ganglions buccaux (non figurés parce qu’ils seraient cachés sous le tube digestif), 
qui se trouvent placés (un peu comme chez les Dendrodoris) à la base du jabot, les connectifs 
étant, ainsi, assez allongés. Les ganglions buccaux sont accompagnés de deux ganglions acces¬ 
soires, plus petits. Otocystes à un seul otolithe, à la face interne des ganglions pédieux. 

Appareil circulatoire et rein. — Cœur à disposition ordinaire. A noter seulement la pré¬ 
sence de glandes péricardiques importantes, formant une couche à la surface du péricarde, à sa 
partie antérieure et, à partir de là, une série de lames épaisses, saillantes, dans sa cavité. Le 
pavillon réno-péricardique, blanc ivoire, fait saillie dans la cavité péricardique, et est en 
continuité avec un conduit qui passe sous le péricarde et s’enfonce dans les tissus hépatiques. 
L’importance de ce conduit lui donne l’allure d’une anse intestinale. Glande sanguine 
grisâtre, comprenant de nombreux lobules, et formant une plaque ovalaire s’étendant en 
arrière du collier nerveux, au-dessus de l’œsophage et des organes génitaux annexes. 

Organes reproducteurs. — Avant dissection, les organes génitaux forment un ensemble 
très massif, en avant de la masse génito-hépatique, à droite et en dessous de l’œsophage. 
Canal hermaphrodite peu renflé, décrivant des circonvolutions avant d’aboutir au carrefour 
génital. Prostate marron rougeâtre, annexée à un canal déférent qui se renfle assez fortement, 
est d’abord blanc, puis grisâtre, contourné, très visible sur la partie gauche de la masse génitale 
annexe. 

Avant d’aboutir à la poche péniale, le canal déférent devient plus grêle, mais sa paroi est 
deux fois plus épaisse. Il aboutit à une poche péniale blanche, nacrée, très musculeuse, conte¬ 
nant un pénis, lequel se termine par un petit appendice digitiforme. A la voie vaginale, sont 
annexées deux poches spermatiques à peu près de même importance. Glande à albumine et 
muqueuse volumineuse avec zone centrale ocre, zone périphérique blanche. 

Origine. — Plage de Hon Ion, face au Rocher noir (Nhatrang). Récolte 1 49 i.E. 34200 à 
34205. M. Nguyen-van-Co. 

Récolte 1496. Hon mun, côté Nord (Nhatrang). E.34599. M. Nguyen-van-Co. 

Dam gia Hon Ion. E.34888. Emplacement? Récolte 873.E.34212. Récolte? E.34258. 

*Phyllidia pustulosa Cuvier = Phyllidiella pustulosa Bergh. 

L’organisation est sensiblement la même que celle de l’espèce précédente. A la partie 
postérieure du bulbe buccal, les glandes sont beaucoup plus étendues vers l’arrière, et la face 
postérieure, très élevée, est entièrement couverte par les glandes blanches, confluentes. La 
face supérieure est également recouverte, mais par une couche plus mince. La paroi du bulbe 

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Source : MNHN, Paris 



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Jean Risbec 


est noirâtre et sa cavité est très réduite par les épais replis glanduleux. L’orifice de l’œsophage 
dans le bulbe est porté par un épais mamelon à la partie postérieure droite, et l’œsophage 
décrit une anse importante avant de traverser le collier nerveux. Les ganglions buccaux sont 
placés près du collier nerveux œsophagien, dans le sommet de l’anse œsophagienne. Les 
organes génitaux annexes présentent une spermatothèque volumineuse, ocre clair, et une 
spermatocyste beaucoup plus réduite, sphérique, noire. Le canal déférent décrit de nombreuses 
circonvolutions, dont l’accumulation recouvre la glande prostatique. 

Origine. — Plage de Hon Ion, face au Rocher noir. Récolte 1491.E.34319, 34320. Baie tru 
Hon Ion (Nhatrang). Récolte 1501.E.34820. M. Nguyen-van-Co. 

Phyllidia variabilis Collingwood = Fryeria variabilis Collingwood (Fig. 85). 

Les caractères extérieurs des échantillons sont ceux qui correspondent à la description et 
à la figure en couleurs de Collingwood. Mais cet auteur a classé son espèce comme Fryeria, en 
admettant que l’anus était placé à droite du pied. Or, il ne fait aucun doute pour moi que 
Collingwood, qui ne donne aucun renseignement sur l’anatomie de son espèce, a pris pour 
l’anus l’orifice génital externe. L’anus, qu’on trouve à sa place normale, à la partie posté¬ 
rieure médiane dorsale du noteum, est, en effet, peu visible. 

L’anatomie est celle des Phyllidia précédents. A remarquer seulement les dispositions 
suivantes : Bulbe buccal assez particulier, à face dorsale blanche, compacte, à face postérieure 
et faces latérales recouvertes par des glandes jaunâtres, de consistance très ferme, découpées 
en lobes épais, plus massives qu’à l’ordinaire. Le bulbe a des parois très épaisses, la lumière 
restant très étroite. L’orifice œsophagien est sur un tubercule saillant à l’intérieur du bulbe. 

La glande sanguine, grise, qui se place au-dessus de la zone des glandes postérieures du 
bulbe, est également plus massive que chez les autres Phyllidia. Les organes génitaux annexes 
ressemblent à ceux de P. pustulosa, avec une glande prostatique marron, une spermatothèque 
volumineuse à paroi grise, opaque, dont le contenu était une masse compacte, marron foncé. 
Spermatocyste noire. Canal déférent blanc, très contourné. 

Paroi du péricarde couverte, à la partie antérieure, par des glandes jaunâtres peu déve¬ 
loppées. Orifice réno-péricardique communiquant avec une poche volumineuse qui aboutit, 
près de l’anus, à l’orifice rénal externe. 

L’exemplaire étudié mesurait 50 mm de longueur. 

Origine. — Rocher noir (Nhatrang). Récolte 1457.E.33217, Mme Fize. Baie gieng da Hon 
Ion (Nhatrang). Récolte 1481.E.33489 (exemplaire jeune). M. Nguyen-van-Co. 

Phyllidia Serenei n. sp. (Fig. 82 à 84 et 86 à 89). 

Noteum d’un gris sale, assez foncé, un peu marron, avec des tubercules plus clairs. Anus 
sur une saillie, à la place ordinaire. Orifice correspondant aux cavités des rhinophores, très 
peu visibles, placés à droite et à gauche d’une zone médiane un peu surélevée qui les recouvre 
par de petites languettes. Rhinophores gris, relativement grands (3 mm environ), avec, de 
chaque côté, 25 lames élevées de perfoliation. Environ 150 lames branchiales de chaque côté. 
Tentacules buccaux larges et épais, plus forts, relativement, que pour P. nobilis. Exemplaire 
de 30 mm de long. 

Glande sanguine gris clair, subcirculaire, à bords irrégulièrement lobulés, couvrant le 
collier nerveux. 

Bulbe buccal de forme allongée, prolongé par une masse de glandes qui s’avancent 


Source : MNHN, Paris 



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au-dessus de la masse des organes génitaux annexes. Ayant le même aspect, et parfaitement 
accolées, on voit mal, au premier examen, la limite entre les deux catégories de glandes. 
L’œsophage décrit une anse, en partie cachée parmi les glandes du bulbe, et revenant traverser 
le très étroit collier œsophagien. Les ganglions buccaux ont des connectifs très courts et se 
trouvent près des commissures cérébroïdes et pédieuses, sur l’anse œsophagienne. L’intestin 
se dégage de la masse viscérale, loin vers l’arrière, au niveau du bord antérieur du péricarde. 

La masse des organes génitaux annexes comprend une glande à albumine et muqueuse 
volumineuse, présentant une face antérieure déclive, sur laquelle viennent s’appuyer les 
glandes du bulbe buccal. Disposition des organes génitaux annexes, voir figure 82. 

Origine. — Ile Poulo cecir de mer. Récolte 148.E.34207 à 34211. M. Serène. 

Phyllidia (. Phyllidiella) nobilis Bergh (Fig. 76 à 78). 

Exemplaire de 40 mm, correspondant aux caractères de l’espèce, la disposition des 
plages claires cependant représentée figure 76. 

L’espèce ayant été disséquée, il est possible d’indiquer quelques-uns de ses caractères 
anatomiques particuliers. 

Glande sanguine très mince, grise, avec de petites plages noires, foliacée, accolée à la paroi 
de la cavité générale, en arrière du collier nerveux. Système nerveux central un peu 
dissymétrique, à allure de globules agglomérés. 

Disposition du bulbe et de ses glandes annexes analogue à celle de P. variabilis, mais les 
glandes, un peu moins massives, s’allongent beaucoup vers l’arrière, avec des conduits sécré¬ 
teurs plus ou moins longs. Ces conduits viennent, en se mêlant à des faisceaux musculaires 
longitudinaux, presque jusqu’à la zone noire péribuccale. Toute la face postérieure du bulbe 
est cachée par les glandes blanches, qui vont s’accoler, en arrière, à la masse génito-hépatique. 
La cavité intérieure du bulbe est étroite, avec de profondes anfractuosités entre les saillies 
glandulaires. L’orifice œsophagien est placé sur une forte papille hémisphérique, faisant 
saillie à droite. L’œsophage décrit une anse importante à sa sortie du bulbe, comme chez 
P. pustulosa. Organes génitaux annexes comme P. pustulosa, avec les mêmes colorations. 
Origine. — Hon mun (côté Nord) (Nhatrang). Récolte 1496.E.34598. M. Nguyen-van-Co. 

*Phyllidiopsis cardinalis Bergh. 

*Phyllidiopsis striata Bergh. 

*Fryeria ruppelli Bergh. 

FAMILLE : DENDRODORIDIDAE 

Genre : Dendrodoris Ehrenberg. 

Les espèces du genre Dendrodoris sont caractérisées, anatomiquement, par l’absence de 
radula, la présence d’une glande ptyaline impaire dont le conduit s’ouvre dans le bulbe buccal, 
ventralement, en arrière de la bouche, la position des ganglions sympathiques (homologues 
des ganglions buccaux des Doridés), loin du collier œsophagien, sur l’œsophage. Les dispo¬ 
sitions anatomiques générales sont connues. Je les ai étudiées, moi-même, et représentées pour 
plusieurs espèces, en particulier D. elongata Baba. 

Il suffira ici de donner quelques indications qui peuvent avoir une valeur spécifique. 

Dendrodoris elongata Baba (Fig. 90, 91). 


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Il s’agit d’une forme allongée à branchies placées très en arrière, me paraissant assez 
variable, et qui a été vraisemblablement décrite un assez grand nombre de fois. Il n’est guère 
possible de comparer des descriptions pour lesquelles les caractères anatomiques ne sont 
pas indiqués et auxquelles n’est pas adjointe une figure en couleurs. L’aide de la radula, si 
décisive en général, fait ici défaut. Aussi, n’est-ce qu’avec quelque doute qu’on pourrait établir 
une synonymie. La figure coloriée, reçue de Nhatrang, est à peu près semblable à celle 
publiée par Kikutaro Baba pour D. elongata. Je pense, toutefois, que D. elongata devrait être, 
très vraisemblablement, mise en synonymie de Doris punctata Q_- et G., et de Dendrodoris tristis 
Kelaart. 

A l’état conservé, le Mollusque, rétracté et courbé en boule, avait une consistance assez 
rigide. Ses rhinophores étaient partiellement rétractés et montraient, de chaque côté, une 
quinzaine de lames. 

La paroi est très résistante. Les principaux caractères anatomiques sont les suivants : 
Glande sanguine blanche, relativement très développée, de forme très irrégulière, recouvrant 
l’anse œsophagienne. Bulbe buccal petit. L’œsophage, très volumineux, décrit une anse de 
faible diamètre avant de traverser le collier nerveux, puis une anse blanche, à paroi épaisse, 
aboutissant à une sorte de petit jabot. Ce jabot est marqué seulement par la présence de deux 
petites saillies, près desquelles débouchent les courts conduits excréteurs de deux très petites 
glandes blanches. C’est en cet endroit que se trouvent aussi les ganglions buccaux homologues 
des ganglions buccaux des Doridés. Après le jabot, le tube digestif se renfle à nouveau, prend 
une paroi de plus en plus épaisse, glanduleuse, brune. Cette zone renflée décrit une anse à la 
partie antérieure de la masse viscérale et se rétrécit brusquement en un intestin à paroi mince 
et translucide. La glande ptyaline, rougeâtre, est volumineuse, irrégulière, courbée en V dans 
son ensemble. Son conduit est d’un blanc nacré, et décrit quelques circonvolutions en dessous 
de celles de l’œsophage. 

Collier nerveux très massif, la commissure très courte. Yeux sessiles sur les cérébroïdes. 

L’ensemble des parties annexes du système reproducteur était très développé chez 
l’animal disséqué. La voie mâle présentait un canal saumon, épais, à paroi glandulaire, auquel 
succédait un conduit très grêle se rendant au pénis. De nombreuses épines étaient fixées aux 
parois du conduit, près de son extrémité. La voie vaginale comportait, de l’extérieur vers 
l’intérieur, une spermatothèque sphérique à paroi incolore et contenu noirâtre, une poche 
spermatocyste sphérique plus petite, à paroi marron, et enfin, près du carrefour génital, un 
petit sac rosé, annexé au canal avant son débouché au carrefour génital. Glande muqueuse 
blanche; gonflant énormément à l’eau, entourant presque entièrement la glande à albumine. 
Celle-ci est compacte et cassante. La partie centrale, entourant le carrefour génital, est 
composée de glandules gris. 

Origine. — Dam gia Hon Ion (Nhatrang). Récolte 1502.E.34925. M. Nguyen-van-Co. Baie 
gieng da Hon Ion. Récolte 1517.E.35415. 

*Dendrodoris viridis Pease. 

*Dendrodoris nigra Stimpson. 

* Dendrodoris rubra Kelaart. 

Dendrodoris erubescens Bergh. 

L’exemplaire étudié présentait le même aspect extérieur que D. erubescens décrit par 


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Bergh. Mêmes caractères anatomiques que D. tristis. A noter seulement que je n’ai pas 
trouvé la troisième poche annexe de la voie vaginale. L’aspect extérieur de cette espèce, 
encore moins caractéristique que celui de D. tristis, fait qu’il existe certainement un grand 
nombre de synonymes pour lesquels une certitude ne peut être fondée d’après les données des 
divers auteurs. Il en est ainsi pour D. rubra Kelaart et Doris fusca Alder et Hancock et, sans 
doute aussi, pour D. temanae Pruvot-Fol. L’auteur ayant donné, pour cette dernière espèce, 
certains caractères anatomiques, j’ai retrouvé les mêmes caractères chez l’espèce vietna¬ 
mienne avec, seulement, une prostate relativement beaucoup moins développée ; mais il s’agit 
là d’un caractère très variable suivant l’âge et l’état sexuel du Mollusque. 

Origine. — Cauda (Nhatrang). Récolte 57.E.34285, 34286. M. Serène. Cua Be (Nhatrang). 
Récolte 90.E.34284. Cay xoai (Nhatrang). Récolte 1479.E.33592, 33595. M. Nguyen-van-Co. 
Dam gia Hon Ion (Nhatrang). Récolte 1502.E.34900 (exemplaire très jeune). Baie mien 
(Nhatrang). Récolte 1128.E. 13649. L’identification du dernier exemplaire est douteuse. 
Peut-être s’agit-il bien de D. erubescens, cependant le pourtour du noteum et le pourtour du 
pied sont fortement festonnés, la glande ptyaline, assez épaisse, présentant la particularité 
remarquable d’être très volumineuse et d’entourer presque entièrement l’œsophage, en venant 
toucher les ganglions du collier nerveux. Elle s’avance jusqu’aux ganglions buccaux. 

Dendrodoris Montrouzieri Crosse. 

La coloration caractéristique de D. Montrouzieri, violette avec pourtour du noteum rouge, 
fait que je crois pouvoir rapporter à cette espèce l’exemplaire vietnamien, grâce à une aqua¬ 
relle reçue de Nhatrang. Cependant, la description de Crosse ne comporte aucun caractère 
anatomique. 

L’exemplaire étudié, de petite taille, 7 mm, était jeune. Conservé, le Mollusque était 
entièrement jaune, le manteau un peu plus sombre que le pied. Consistance très molle. 
Rhinophores à pointe un peu plus claire que les feuillets. Six branchies irrégulières, bipennées, 
placées très à l’arrière, sur le noteum, non rétractiles. Les postérieures sont divisées en deux 
branches subégales. Pied très large, presque aussi étendu que le manteau, en continuité avec 
de très courts tentacules buccaux. 

Organisation générale des Dendrodoris, avec les particularités suivantes : Glande sanguine 
relativement petite. Glande ptyaline assez massive, avec un aspect de chou-fleur pour sa face 
supérieure, accolée, en dessous, à la trompe et à l’œsophage. Yeux très faiblement pigmentés; 
seulement avec un étroit anneau de pigment roux. 

Origine. — Cua Be (Nhatrang). Récolte 122.E.34252. 

Dendrodoris tuberculosa Quoy et Gaimard (Fig. 92 à 97). 

Exemplaire de 40 X 20 mm, non accompagné d’une figure en couleurs. Consistance 
molle. Noteum couvert de papilles molles, contiguës. Ces papilles s’orientent en séries concen¬ 
triques autour de plusieurs points symétriques et forment, ainsi, des ensembles surélevés en 
larges mamelons. Manteau d’un gris un peu bleuté, avec les saillies généralement plus claires. 
L’animal vivant doit posséder des colorations assez vives. 

Rhinophores grisâtre clair. Dessous du noteum et pied, entièrement ivoire, le pied un 
peu jaunâtre. Branchies formant une masse importante qui se présente couchée en arrière 
chez l’animal conservé. Le pourtour de la cavité du noteum, dans laquelle elles se rétractent, 
est saillant en triangles mousses entre les branchies ramifiées. Les branchies sont irrégulièrement 


Source : MNHN, Paris 



28 


Jean Risbec 


tripennées. Il y a six troncs principaux. Le bord antérieur du pied vient s’effacer de 
part et d’autre de la bouche, son bord latéral se poursuit suivant une lame mince, blanche, 
qui vient former, au-dessous de la bouche, sous le noteum, un voile se prolongeant latérale¬ 
ment en lobes triangulaires. 

Avec la constitution caractéristique des Dendrodoris, D. tuberculosa présente les particu¬ 
larités suivantes. Glande sanguine blanche, peu épaisse, à pourtour un peu déchiqueté, très 
étendue, comprenant deux masses principales, comme incrustées sur la face supérieure des 
organes génitaux annexes. Péricarde à partie antérieure couverte de glandules blancs. Pavillon 
réno-péricardique plus volumineux que le ventricule. 

Glande ptyaline rougeâtre, assez épaisse, divisée en trois lobes principaux accolés; l’en¬ 
semble étalé transversalement, le conduit évacuateur relativement court et de fort diamètre. 
Partie du tube digestif antérieure au collier nerveux, courte et de faible diamètre, avec des 
rétracteurs relativement faibles. Les glandes salivaires sont réduites à quelques petits glan¬ 
dules accolés à l’anse œsophagienne, à côté des ganglions buccaux, très petits. Anse œsopha¬ 
gienne, postérieurement aux ganglions buccaux, de très fort diamètre, jaunâtre. 

Canal hermaphrodite très renflé et contourné, gris. Canal mâle à renflement prostatique 
important, ocre clair, puis canal déférent grêle, très contourné. Voie vaginale aboutissant à 
une très vaste spermatothèque à paroi transparente (trouvée vide), dépourvue de spermato- 
cyste. Un petit cæcum débouche sur la voie femelle, au même niveau que le canal vaginal. 
Glande à albumine réduite. Pénis à épines très irrégulières. 

Origine. — Indochine. E.34331. 

Genre : Doriopsilla Bergh. 

*Doriopsilla pallida Bergh. 

FAMILLE : ARMINIDAE 

Genre : Armina Rafinesque = Pleurophyllidia Stammer. 

*Armim lugubris Bergh. 

* Armina Semperi Bergh. 

La collection étudiée comprenait des exemplaires correspondant à la description de 
Bergh pour A. Semperi, mais les dents radulaires étant différentes. Il pourrait se faire que 
l’identification des exemplaires mentionnés dans le travail de Davydoff soit à réviser. Les 
nouveaux échantillons reçus correspondent à A. taeniolata. 

Armina cygnea Bergh. 

Espèce figurant dans les collections du Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, 
det. Pruvot-Fol. Provenance : Nhatrang. 

Armina teniolata Bergh (Fig. 98 à 103). 

Il semble que la radula soit assez variable, à moins que les auteurs aient confondu plus 
ou moins des espèces voisines. La radula de A. Semperi, telle que la figure N. B. Eales (A. Sys- 
tematic and anatomical Account of the Opisthobranchia. The John Murray Exp. 1933-1934. Sci. 
Rep. V. n° 4, p. 77-122), est assez différente. La dent centrale a une cuspide médiane denti- 
culée et, à droite et à gauche, quatre cuspides secondaires, allongées et irrégulières. La dent 
centrale figurée par Bergh est plus proche, mais cependant encore différente. Figurée par 


Source : MNHN, Paris 



Nudibranches du Viêt-Nam 


29 


K. Baba, elle est de même forme que celle des exemplaires vietnamiens. Laradula de A. grisea 
O. Donoghue répondrait aussi aux mêmes caractéristiques; pour le reste, A. grisea est étudiée 
sur un animal conservé et sans que la coloration réelle soit connue. 

Il semble donc que ce soit à taeniolata qu’il soit normal de s’en tenir. C’est d’ailleurs une 
espèce répandue du Mozambique au Japon, et existant certainement au Viêt-Nam. 

Il y a peu de choses à dire de l’exemplaire étudié, qui se présentait avec son pénis très 
effilé, saillant, à droite du pied. Entre le niveau du pénis et celui du bord antérieur du pied, le 
manteau s’élargissait, de chaque côté, en un lobe sous lequel s’élevait une série de lamelles 
blanches, tandis que le sillon se creusait profondément en dessus du pied. 

La figure 98 montre l’organisation générale. Sur la région comprise entre le collier ner¬ 
veux et la masse viscérale principale, est un ensemble de glandes jaunâtres à très nombreux 
lobules séparés. C’est peut-être cette glande que Bergh a donnée comme glande ptyaline. 
En effet, pas plus que Mme Pruvot-Fol (Arch. Muséum. Paris 6° Ser. XIV, p. 56), je n’ai pu 
retrouver cette glande ptyaline mentionnée par Bergh dans sa diagnose. 

Du bulbe buccal part un œsophage très large, très mou, à paroi très peu résistante. Cet 
œsophage passe à gauche de la masse des conduits génitaux et se prolonge, sous la masse 
génito-hépatique, en un sac volumineux très allongé, qui va presque jusqu’à l’extrémité 
postérieure du corps. De ce sac part, à la partie antérieure, un intestin qui débouche, à droite, 
entre le pied et le manteau, après un court trajet. Les nombreux lobules qui surmontent la 
région œsophagienne semblent déboucher, par une quantité de petits conduits accolés, à la 
partie antérieure de l’œsophage. Bulbe buccal massif, contenant une radula relativement 
faible, large, mais soutenue par des mâchoires très grandes, étalées sur les parois latérales, et 
épaissies suivant une zone antérieure très résistante. Radula avec dent médiane à cuspide 
denticulée latéralement, la série des denticules se poursuivant régulièrement vers les bords 
latéraux. Dents latérales à bord externe denticulé. Les denticules s’affaiblissent sur les dents 
en s’éloignant de l’axe et, à partir des 4 e ou 5 e latérales, disparaissent complètement. La 
formule était, pour l’exemplaire étudié, 30.1.30. 

L’ensemble de l’anatomie du tube digestif est en accord avec la description de N. B. Eales. 

Ganglions du collier nerveux d’un blanc un peu nacré, à peine colorés, massifs, les 
cérébro-palléaux un peu réniformes. Otocystes à nombreux otolithes. Pas d’yeux. Commis¬ 
sure très courte. Ganglions buccaux relativement très gros, placés près de la commissure 
cérébro-palléale. 

La glande génitale est jaune clair, les organes annexes sont tous blancs. Le canal her¬ 
maphrodite, fortement épaissi, décrit des circonvolutions importantes placées à la face infé¬ 
rieure de la masse des organes génitaux annexes. Glande à albumine relativement très réduite. 
Spermatothèque en relation seulement avec un long conduit qui débouche à l’orifice génital 
externe en s’épaississant et décrivant plusieurs circonvolutions au voisinage de cet orifice. 
Canal déférent décrivant de nombreuses circonvolutions placées sur la face antérieure gauche 
de l’ensemble des annexes génitaux. 

Origine. — Localité? Récolte 1280.E.19186 (2 exemplaires). Cay xoai (Nhatrang). Récolte 
1279.E.34261. M. Nguyen-van-Co. Baiedong (Nhatrang). Récolte 1482.E.34262. M. Nguyen- 
van- Co. 


Source : MNHN, Paris 



30 


Jean Risbec 


FAMILLE : TETHYMELIBIDAE 
Genre : Melibe Rang. 

* Melibe capucina Bergh. 

* Melibe bucephala Bergh. 

*Melibe vexillosa Bergh. 

*M. fimbriata Alder et Hancock. 

FAMILLE : FIMBRIIDAE (TETHYDAE) 
Genre : Tethys Linné. 

*Tethys punctata Cuvier. 


FAMILLE : SCYLLAEIDAE 

Genre : Scyllaea Linné. 

* Scyllaea (pelagica L. ?) (Fig. 104 à 108). 

Les exemplaires reçus n’étaient pas accompagnés par une figure en couleurs. Il est très 
difficile d’identifier les Scyllaes, les auteurs ayant créé plusieurs espèces mal séparées. Odhner 
a voulu mettre un peu d’ordre dans cette division en espèces, mais aucun des caractères qu’il 
emploie n’a la stabilité nécessaire qu’il leur prête. C’est ainsi que, dans sa clé d’identification, 
il propose un choix entre deux groupes ayant 3-4 ou 2 gonades et 2 gonades. Or ici, on trouve 
5 gonades, sans que l’espèce me paraisse différer de pelagica. Pour cette même S. pelagica, 
K. Baba, 1937 (1), figure 6 gonades. Le nombre des masses génitales est certainement très 
variable. De même, le nombre des plaques stomacales, le nombre des dents latérales à la 
radula, le nombre des touffes sur les lobes dorsaux sont certainement très variables avec l’âge. 
La plupart des formes doivent, sans doute, être rapportées à S. pelagica. 

La figure 104 représente l’ensemble du tube digestif. On y remarquera, sur l’œsophage, 
un petit jabot précédant deux petites glandes ocre. La paroi du jabot est couverte de plis 
longitudinaux très sinueux, à cuticule renforcée, mais sans dents. Au jabot fait suite une vaste 
poche transparente à paroi très mince, à la partie postérieure de laquelle débouchent les 
deux conduits hépatiques. Le foie, ocre très clair, est irrégulièrement développé, en deux 
lobes à droite, un seul lobe à gauche. Après l’arrivée des conduits hépatiques, le tube digestif 
se renfle en un gésier musculeux, violacé. Dans ce gésier, la paroi porte des saillies triangulaires 
épaisses, ambrées, de taille irrégulière. Il y a 7 ou 8 saillies principales, et de plus petites lames 
intermédiaires. Un peu plus loin, l’intestin montre encore une différenciation de sa paroi, 
laquelle présente deux zones glandulaires longitudinales un peu épaissies. Chaque zone 
correspond à une série de lobules, de moins en moins saillants d’avant en arrière. L’intestin 
est ensuite translucide, plissé longitudinalement, et d’un diamètre plus faible jusqu’à l’anus. 

Le bulbe et la radula présentaient les caractères reconnus à S. pelagica. 

Ainsi que je l’ai indiqué déjà, la glande génitale comprenait 5 masses sphériques. De 
chacune sortait un conduit paraissant déboucher comme de l’intérieur d’une pelote. Les 
conduits se réunissent en un canal commun qui comporte un fort renflement fusiforme, avant 


(1) K. Baba. Scyllaea pelagica L. £00/. mag., Vol. 4g , n° 7, ig3y > p. 247-249. 


Source : MNHN, Paris 




Nudibranches du Viêt-Nam 


3i 


d’arriver au carrefour, sur la glande à albumine. Canal déférent très simple, aboutissant à 
une poche péniale dans laquelle j’ai observé un épithélium élevé en grandes papilles accolées, 
mais sans épines. Près de l’orifice externe, débouche le conduit venant d’une petite ampoule 
blanche. Au carrefour génital, aboutit encore une petite glande annexe. L’appareil génital, 
au nombre des masses génitales près, correspond à ce qui a été indiqué par Odhner. 

Les centres nerveux sont assez fortement dissociés en petits globules, avec l’aspect de 
grappes de raisin à grains très serrés. Yeux sessiles sur les ganglions cérébroïdes. Otocystes à 
un otolithe. 

Origine. — Cauda (Nhatrang). E.34282, 34283. 

*Scyllaea fulva Linné. 

FAMILLE : PHYLLIROIDAE 

Genre : Phylliroe Péron et Lesueur 

* Phylliroe bucephala Linné. 

* Phylliroe lanceolata Bergh. 

*Pkylliroe pelagica Bergh. 

* Phylliroe annoinensis Quoy et Gaimard. 

FAMILLE : FLABELLINIDAE 
Genre : Pteraeolidia Bergh. 

* Pteraeolidia Semperi Bergh = Flabellina scolopendrella Risbec. 

Origine. — Cauda (Nhatrang). Récoltei467.E.33302 à 33307, 33296, 33297, 33299. 
M. Nguyen-van-Co. Hon mieu (Nhatrang). Récolte 1449.E.32525. Mme Fize. Indochine. 
E.32518. 

FAMILLE : GLAUCIDAE 
Genre : Glaucus Foerster. 

*Glaucus atlanticus Forskal. 

*Glaucidium sp. 

SOUS-FAMILLE : CRATENIDAE 
Genre : Cratena Bergh. 

*Cratena aff. lugubris Bergh. 

SOUS-FAMILLE : AEOLIDIANAE 
Genre : Aeolidiella Bergh. 

Aeolidiella (? takanosimensis K. Baba) (Fig. no à 115). 

Les exemplaires n’étaient pas accompagnés de notes de coloration. A l’état de conserva¬ 
tion dans l’alcool, le Mollusque est rosé, avec les papilles, les rhinophores et le pied ivoire. Les 
papilles, qui tombent très facilement, sont attachées seulement vers le pourtour du noteum, le 
dos étant nu à sa partie centrale. Dans cette région, la peau, transparente, laisse voir les 
organes internes. Rhinophores allongés, présentant une douzaine de lames de perfoliation de 
chaque côté. Deux longs tentacules buccaux. Les cirres dorsaux, au nombre d’une trentaine 
de chaque côté, sont fusiformes, assez épais. Les premiers, proches des rhinophores, sont plus 

7 


Source : MNHN, Paris 



32 


Jean Risbec 


petits que les suivants. Leur disposition est irrégulière, formant parfois des rangs de deux 
ou trois. A leur extrémité, la poche à cnidocyste est un peu bilobée et contient deux masses 
distinctes d’éléments très allongés, droits ou un peu courbés, mesurant 0,05 mm en moyenne. 

J’ai noté peu de renseignements sur l’organisation interne. Bulbe buccal brun rouge 
vers sa face inférieure (cette coloration correspondant à un épaississement de la mâchoire), 
soutenu par une mâchoire à pourtour ovale. Radula comprenant une succession de 15 dents. 
Chaque dent, avec une cuspid e médiane courte, s’étend, de chaque côté, en un lobe étendu, 
avec 35 à 40 denticules. Une glande buccale blanche, à taches marron, s’étend vers l’arrière 
en un cylindre assez contourné. Son conduit excréteur, grêle et transparent, traverse le collie r 
nerveux avant d’aller déboucher, ventralement, près de la bouche. L’œsophage aboutit à un 
estomac volumineux, blanc, à paroi très peu résistante, recouvert par la masse des organes 
génitaux qui est constituée par de nombreux lobules de couleur saumon. 

Système nerveux central concentré, à ganglions ovoïdes. Ganglions olfactifs très 
volumineux. Otocystes à un otolithe. 

En l’absence de notes de coloration, la radula reste le caractère le plus important pour 
tenter une identification. La forme de la radula est très voisine de celle de Aeolidiella multicolor 
W. Mac Nae (On some eolidecean Nudibranchiate Mollusks from Sth. Africa Ann. Natal Mus. 
Vol. XIII, Pt. /., 1954, p. 1-50), mais, ici, le nombre des denticules est un peu plus grand. Il 
en est de même pour A. takanosimensis Baba (Studies on Japanese Nudibranchs. The Venus II (2), 
1930, p. 122), dont A. multicolor est peut-être bien synonyme. On doit faire observer que, si 
l’espèce vietnamienne est peut-être takanosimensis, la diagnose de K. Baba donne les rhinophores 
comme dépourvus de lames de perfoliation. Ceux de multicolor sont presque lisses, ceux des 
exemplaires vietnamiens ont des lames nettement définies. 

Origine. — Indochine. E. 34248, 34249. 

FAMILLE : BORNELLIDAE 
Genre : Bornella Gray. 

*Bornella digitata Alder et Hancock. 

Origine. — Dong de (Nhatrang). Récolte 91.E.34247. Récolte 123E.34250. Cocoteraies de 
dong’bo (Nhatrang). Récolte 1483.E.33713, 33714, 33772. 

* Bornella arborescens Bergh. 


FAMILLE : ELYSIADAE 

Genre : Et y si a Risso. 

*Elysia ornata Pease. 

*jE lysia nigropunctata Pease. 

*Elysia grandis Bergh. 

Genre : Placobranchus van Hasselt. 

*Placobranchus argus Bergh. 

* Placobranchus punctulatus Bergh. 

* Placobranchus guttatus Stimpson. 


Source : MNHN, Paris 



Nudibranches du Viêt-Nam 


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FAMILLE : VAYSSIEREIDAE 

* Vayssierea caledonica Risbec. 

FAMILLE : PHYLLOBRANCHIDAE 

Genre : Phyllobranchus Alder et Hancock. 
*Phyllobranchus prasinus Bergh. 


Institut cPEnseignement et de 
Recherches Tropicales, Bondy, 
et Muséum National 
d'Histoire Naturelle, Paris. 


Source : MNHN, Paris 



34 


Jean Risbec 


INDEX ALPHABÉTIQUE DES NOMS DE GENRES ET D’ESPÈCES 

DES COTES DU VIET-NAM 


Aeolidianae. 

Aeolidiella takanosimensis. 
Aldisa nhatrangensis. 
Aldisidae. 

Armina lugubris. 

— Semperi. 

— taeniolata. 
Arminidae. 

Asteronotus boholiensis. 

— mabila. 
Bomella arborescens. 

— digitata. 
Bornellidae. 

Caloplocamus croceus. 
Casella atromarginata. 
Ceratosoma cornigera. 

— gracillima. 
Cratena lugubris. 
Cratenidae. 

Dendrodoris elongata. 

— erubescens. 

— Montrouzieri. 

nigra. 

rubra. 

tuberculata. 

— viridis. 
Diauluiidae. 

Doridae. 

Doriopsilla pallida. 

Doris harmandi. 

Elysia grandis. 

— nigromaculata. 

— ornata. 

Elysiadae. 

Euplocamus. 

Fimbriidae. 

Flabellinidae. 

Fryeria Ruppelli. 
Glaucidae. 

Glaucidium. 


Glaucus atlanticus. 
Glossodoridae. 

Glossodoris clitonota. 

— Coi. 

décorata. 
hilaris. 

— hystrio. 
iris. 

— marginata. 
quadricolor. 

— ternis. 
Goniodoridae. 

Goniodoris alba. 

ceylonica. 

Gymnodoris citrina. 

rubromaculata. 

Halgerda. 

Hexabranchus marginatus. 

sanguineus. 
Jorunna Marchadi. 
Kalinga ornata. 
Kentrodoris funebris. 

gigas. 
rubescens. 
Melibe bucephala. 

— capucina. 

— fimbriata. 

— vexillosa. 
Miamiridae. 

Nembrotha nigerrima. 
Okenia plebeja. 

Peltodoris noumeae. 
Phlegmodoris. 

Phyllidia elegans. 

— honloni. 

— nobilis. 

— pustulosa. 

— Serenei. 

— variabilis. 

— varicosa. 


Phyllidiadae. 

Phyllidiella. 

Phyllidiopsis cardinalis. 

— striata. 
Phylliroe annoinensis. 

— bucephala. 

— lanceolata. 

— pelagica. 
Phylliroidae. 
Phyllobranchus prasinus. 
Placobranchus argus. 

— guttatus. 

— punctulatus. 
Platydoridae. 

Platydoris argo. 

— cruenta. 

— laminea. 

— noumeae. 
scabra. 
speciosa. 

Pleur ophyllidia. 
Plocamopherus ceylonicus. 
Polyceradae. 

Pteraeolidia Semperi. 
Risbecia. 

Risbecia Odhneri. 

— reticulata. 
Scyllaea fulva. 

— pelagica. 
Scyllaeidae. 

Sphaerodoris papillata. 
Tethydae. 

Tethymelibidae. 

Tethys punctata. 

Thordisa maculifera. 

— punctulifera. 
Trevelyana. 

Trippa intecta. 

Vayssierea caledonica. 
Vayssiereidae. 


Source : MNHN, Paris 








PLANCHES 


LETTRES COMMUNES A TOUTES LES FIGURES : 

a-anus, al-glande à albumine, ao-aorte, bb-bulbe buccal, bh-branchie, ch-canal herma¬ 
phrodite, cn-centres nerveux, cd-canal déférent mâle, e-estomac, f-foie, ga-organes génitaux 
annexes, gb-ganglion buccal, gs-glande sanguine, gv-glande vestibulaire, gvs-ganglion 
viscéral, i-intestin, m-glande muqueuse, o-oreillette, ce-œsophage, p-pénis ou poche péniale, 
pa-poche stomacale accessoire, pc-péricarde, pr-prostate, pt-protracteur, pta-glande ptyaline, 
rh-rhinophore, rn-rein, rp-pavillon réno-péricardique, rt-rétracteur, s-sinus sanguin, sl-glande 
salivaire, st-spermatothèque, sc-spermatocyste, tr-trompe, u-utérus, v-ventricule, vg-vagin. 


Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hIST. NAT., 7 e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche I 


PLATYDORIS ARGO L. 



/ 


Fig. 1. — Aspect de l’animal conservé. 

Fig. 2. — Organisation générale. Partie antérieure. 

Fig. 3. — Bulbe buccal, œsophage, système nerveux central. 

Fig. 4. — Position des ganglions buccaux; œsophage et glandes salivaires relevés vers l’avant. 


Source : MNHN, Paris 





















Source : MNHN, Paris 


Planche II 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hIST. NAT., 7 e SERIE, IV, 1956. 


PLATYDORIS ARGO L. (suite). 



Fig. 5. — Conduits génitaux et glandes annexes. 

Fig. 6 et 7. — Épines du pénis. 

Fig. 8. — Partie postérieure des organes de la cavité générale. 

Fig. 9. — Disposition des épines du pénis. 

8 


Source : MNHN, Paris 












Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. D’HIST. NAT., 7 e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche III 


PELTODORIS NOUMEAE Risbec. 



Fig. 10. — Organisation générale. 

Fig. 11. — Région du bulbe buccal avec œsophage coupé au niveau du collier nerveux. 
Fig. 12. — Spiculés du noteum. 

Fig. 13. — Face ventrale, région buccale. 

Fig. 14. — Aspect des organes génitaux annexes, non disséqués, vus par la face dorsale. 
Fig. 15. — Armature buccale. 


Source : MNHN, Paris 













Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hIST. NAT., 7 e SERIE, IV, 1956. 


Planche IV 


PELTODORIS NOUMEAE Risbec (suite). 




Fig. 16. — Organes de la partie antérieure de la cavité générale. 

Fig. 17. — Œsophage dégagé et éloigné du bulbe, collier nerveux indiqué en pointillé, lobe 
droit du foie écarté vers la droite, pour montrer les débouchés des conduits hépatiques, 
l’arrivée de l’œsophage à l’estomac, et le départ du canal hermaphrodite. 


KENTRODORIS FUNEBRIS Kelaart. 



Fig. 18. — Face ventrale, partie 
antérieure. 

Fig. 19. — Même région, les lobes 
antérieurs du pied rabattus vers 
l’arrière pour montrer la bouche 
et les tentacules. 


Source : MNHN, Paris 




















Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. D 5 HIST. NAT., 7 e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche V 


KENTRODORIS FUNEBRIS Kelaart (suite). 



Fig. 20. — Papilles du noteum. 

Fig. 21. — Conduits génitaux et glandes annexes étalés. 
Fig. 22. — Les mêmes en place, dorsalement. 


PELTODORIS NOUMEAE Risbec. 




Fig. 23. — Organes génitaux annexes, vus par la face dorsale. 
Fig. 24. — Mêmes organes étalés, gg-ganglion génital. 


Source : MNHN, Paris 








Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hIST. NAT., J e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche VI 


RISBECIA RETICULATA Quoy et Gaimard. 



Ensemble des organes de la cavité générale. 

Éléments de l’armature buccale. 

Poche annexe de l’estomac. 

Partie antérieure du tube digestif avec système nerveux central. 

Organes génitaux annexes. 

Dent radulaire centrale, vue latéralement. 

Rangée de dents radulaires, de la centrale à la 4 e latérale; à gauche, dernière marginale. 


Fig. 25. — 
Fig. 26. — 
Fig. 27. — 
Fig. 28. — 
Fig. 29. — 
Fig. 30. — 
Fig. 31. — 


Source : MNHN, Paris 















Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. D 5 HIST. NAT., 7 e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche VII 


CASELLA ATROMARGINATA Cuvier. 



Fig. 32. — Animal conservé, face dorsale. 

Fig. 33 . — Le même, face droite. 

Fig. 34* — Disposition des globules clairs, près du bord du manteau. 

Fig. 35- — Disposition des branchies autour du tube anal. 

Fig. 36. — Conduits génitaux et glandes annexes disséqués. 

Fig. 37. — Éléments de l’armature buccale. 

Fig. 38. — Partie antérieure du tube digestif, emplacement du collier nerveux indiqué en pointillé, 
ainsi que l’emplacement des ganglions buccaux. 


Source : MNHN, Paris 













Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hiST. NAT., J e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche VIII 


CERATOSOMA GRACILLIMA Bergh. 



Fig- 39 - — Ensemble des organes de la cavité générale. 
Fig. 40. — Partie antérieure du tube digestif, face droite. 
Fig. 41. — Œsophage, face dorsale. 

Fig. 42. — Conduits génitaux et glandes annexes étalés. 


Source : MNHN, Paris 

















Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. D 5 HIST. NAT., 7 e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche IX 


DISCODORIS NOTIPERDA n. sp. 





Fig. 43 - — Aspect de l’animal conservé. 

Fig. 44. — Ce qui reste du mollusque après la chute du noteum. 

Fig. 45. — Ensemble des organes de la cavité générale. Centres nerveux en pointillé à l’intérieur 
du sinus sanguin. 

Fig. 46. — Partie antérieure du tube digestif, ganglions buccaux en pointillé, entre la partie cachée 
des glandes salivaires, en pointillé également. 

Fig- 47 - — Centres nerveux. 

Fig. 48. — Dernières dents marginales d’une rangée radulaire. 

Fig. 49. — Forme de l’armature buccale. 


Source : MNHN, Paris 























Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSEUM NAT. d’hIST. NAT., J e SERIE, IV, 1956. 


Planche X 


DISCODORIS NOTIPERDA n. sp. (suite). 




Fig. 50. — Organes génitaux annexes, vus par la face dorsale. Fig. 51. — Les mêmes, disséqués. 


TRI PPA INTECTA Kelaart. 




Fig. 52. — Partie antérieure du tube digestif, centres nerveux, 
glande sanguine. 

Fig. 53. — Partie antérieure du tube digestif disséquée. 


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ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. D’HIST. NAT., SÉRIE, IV, 1956. 


Planche XI 


JORUNNA MARCHADI n. sp. 





Fig. 54. — Aspect du Mollusque conservé. 

Fig- 55- — Face ventrale, zone antérieure. 

Fig. 56. — Conduits génitaux et glandes annexes, vus en place, dorsalement. 
Fig- 57- — Les mêmes, disséqués. 



GLOSSODORIS COI n. sp. 



Fig. 58. — Dent radulaire. 


Fig. 59. — Éléments de l’armature buccale. 









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ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. D’HIST. NAT., 7 e SERIE, IV, 1956. 


Planche XII 


NEMBROTHA (? NIGERRIMA Bergh). 




Fig. 60 et 61. — Aspect de l’animal 
conservé. 

Fig. 62. — Aspect des saillies corres¬ 
pondant à une sorte d’armature 
buccale. 

Fig. 63. — Extrémité du pénis. 

Fig. 64. — Ensemble des organes de 
la cavité générale. 

Fig. 65. — Conduits génitaux et 
glandes annexes disséqués. 

Fig. 66. — Dernière rangée radulaire. 


Source : MNHN, Paris 

























Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hIST. NAT., 7 e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche XIII 
_£ 


GYMNODORIS CITRINA Bergh. 





rp 


Fig. 67. 
Fig. 68. 
Fig. 69. 


Ensemble des organes de la cavité générale. 
i re à 3 e dents radulaires. 

Dents latérales et marginales. 


GYMNODORIS (? RUBROMACULATA Bergh). 



Fig. 70. — Dents radulaires; à droite, les trois premières latérales. 


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ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. D’HIST. NAT., 7 e SERIE, IV, 1956. 


Planche XIV 


PHYLLIDIA HONLONI n. sp. 



Fig. 71. — Face dorsale. 

Fig. 72. — Tubercule anal, très grossi. 

Fig- 73- — Ensemble des organes de la cavité générale. 

Fig. 74. — Partie antérieure du tube digestif avec les centres nerveux. 
Fig- 75- — Face postérieure du bulbe buccal avec ses glandes annexes. 















• . 













Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hIST. NAT., 7 e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche XV 


PHYLLIDIA NOBILIS Bergh. 




Fig. 76. — Face dorsale, avec disposition des plages grises. 

Fig. 77. — Partie antérieure des organes de la cavité générale. 

Fig. 78. — Emplacement de la glande sanguine par rapport au 
collier nerveux. 


PHYLLIDIA HONLONI n. sp. 




81 


Fig. 79. — Pénis. 

Fig. 80. — Conduits génitaux et glandes annexes disséqués. 
Fig. 81. — Les mêmes en place, vus dorsalement. 



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Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. D’HIST. NAT., SERIE, IV, 1956. 


Planche XVI 



PHYLLIDIA SERENEI n. sp. 



Fig. 82. — Conduits génitaux et glandes annexes disséqués. 
Fig. 83. — Œsophage rejeté à gauche avec le collier ner¬ 
veux, pour montrer l’emplacement des ganglions buccaux. 
Fig. 84. — Partie antérieure des organes de la cavité gé¬ 
nérale. 




PHYLLIDIA VARIABILIS Collingwood. 


Fig. 85. — Disposition du péricarde et des glandes de sa 
paroi, du cœur, du rein et du rectum. 


Source : MNHN, Paris 






















Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hIST. NAT., 7 e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche XVII 



PHYLLIDIA SERENEI n. sp. 


r h 



Fig. 86. — Face dorsale. 

Fig. 87. — Région des rhinophores plus grossis (rhinophores cac! 
les languettes). 

Fig. 88. — Ensemble des organes de la cavité générale. 

Fig* 89* — Bulbe buccal et ses glandes, œsophage et collier nerveux. 




DENDRODORIS E LONG ATA Baba. 



Fig. 90. — Partie antérieure du tube digestif, avec 
système nerveux et glandes salivaires. 


Source : MNHN, Paris 











\ 

\ 




Source : MNHN, Paris 



ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hIST. NAT., 7 e SERIE, IV, 1956. 


Planche XVIII 


DENDRODORIS ELONGATA Baba (suite). 



Fig. 92. — Face dorsale. 

Fig. 93. — Rhinophores. 

Fig. 94. — Face ventrale, zone antérieure. 
Fig- 95- — Conduits génitaux et glandes 
annexes disséqués. 

Fig. 96. — Épines du pénis. 

Fig. 97. — Glande ptyaline avec trompe et 
base de l’œsophage coupé. 



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ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. D’HIST. NAT., SÉRIE, IV, 1956. 


Planche XIX 


ARMINA TAENIOLATA Bergh. 



Fig. 101. — i re latérale, vue différemment. 
Fig. 102. — Mâchoire. 

Fig. 103. —• Face ventrale. 


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ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hIST. NAT., 7 e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche XX 


SCYLLAEA (PELAGICA L. ?) 




Fig. 108. — Aspect de la sortie du conduit génital hors de la glande. 



A LDI S A NHATRANGENSIS n. sp. 


Fig. 109. — Dents radulaires, de la i re à la 3 e latérale et, à droite, une dent 
latérale vue de côté. 


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Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hIST. NAT., 7 e SÉRIE, IV, 1956. 


Planche XXI 


AEOLIDIELLA (? TAKANOSIMENSIS K. Baba). 



115 


Fig. no. — Aspect, dorsalement. 

Fig. ni. — Papille. 

Fig. 112. — Dent radulaire. 

Fig. 113. — Mâchoire. 

Fig. 114. — Cnidocyste. 

Fig. 115. — Collier nerveux œsophagien, go 


-ganglion olfactif. 



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Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NAT. d’hIST. NAT., 7 e SERIE, IV, 1 956. 


Planche XXII 



En haut : à gauche, Risbecia reticulata Quoy et Gaimard x = 2 
à droite, Aidisa nhatrangensis n. sp. x = 3. 

En bas : Glossodoris Coi n. sp. vu latéralement et dorsalement x = 2. 
Dessinateur : M. Nam, 


Source : MNHN, Paris 























Source : MNHN, Paris 



LES STMPHURUS MARBRÉS DU COMPLEXE 
INDO-PACIFIQUE TROPICAL 

par Paul CHABANAUD 


13 


Source : MNHN, Paris 




Source : MNHN, Paris 


LES STMPHURUS MARBRÉS DU COMPLEXE 
INDO-PACIFIQUE TROPICAL 

par Paul CHABANAUD 


SOMMAIRE 


Prolégomènes. 82 

Remarques préliminaires. 83 

Symboles et abréviations. 84 

Méthode présidant aux observations. 85 

Distribution géographique. 87 

Carte géographique. 88 

Données morphologiques et anatomiques. 90 

Clef dichotomique des espèces. 91 

Formules rhachiméristiques. 91 

Description et synonymie des espèces. 93 

Bibliographie complémentaire (1). 99 

Tableau comparatif des caractéristiques individuelles.100 


HORS-TEXTE 


4 Planches. 


(1) Dans le grand texte, ainsi que dans les notes infrapaginales, les nombres imprimés en caractères gras et mis entre 
crochets renvoient à cette Bibliographie. 


'3 




Source : MNHNParis 















82 


Paul Chabanaud 


PROLÉGOMÈNES 


Le présent mémoire est consacré à l’étude de 8 spécimens du genre Symphurus , qui se 
distinguent à première vue de toutes les autres espèces du même genre par l’ornementation 
pigmentaire de leur face zénithale, ornementation qui consiste en marbrures brun rougeâtre, 
très apparentes et tranchant sur un fond de teinte claire. Pour autant que je le sache, ces 
8 spécimens sont les seuls qui existent actuellement en collection : 3 d’entre eux appartiennent 
à l’U. S. National Muséum (Washington); 1, au Natural History Muséum (Stanford Uni- 
versity. U. S. A.), et les 4 autres, au British Muséum (Londres). 

Parmi ces 8 individus figurent le holotype de Symphurus undatus Gilbert, espèce qui doit 
être tenue pour le type du groupe, et le holotype de S. marmoratus Fowler. Je n’ai eu ni l’un, 
ni l’autre sous les yeux et les précisions qu’il m’est possible de formuler à leur sujet sont dues 
à l’extrême obligeance du Dr Léonard P. Schultz, Curator of Fishes at U. S. National 
Muséum, qui a pris la peine de les examiner à mon intention. Quant aux 6 autres spécimens, 
si j’ai pu les étudier à loisir, c’est grâce à l’amicale obligeance du Dr Schultz, à celle du 
Dr George S. Myers, Curator of Zoological Collections at Natural History Muséum of Stan¬ 
ford University, et à celle de Miss Dr Ethelwynn Trewavas, Curator of Fishes at British 
Muséum, qui ont bien voulu me les confier. 

La très belle carte hors texte est l’œuvre de Mme Palazot, cartographe à l’Institut de 
Géographie, qui l’a obligeamment dessinée, avec l’autorisation de M. le Professeur André 
Cholley, Directeur de cet Établissement d’État. 

Je prie le Professeur Cholley, ainsi que Mme Palazot et mes trois éminents confrères 
étrangers, le Dr L. P. Schultz, le Dr G. S. Myers et Miss Dr Trewavas, de trouver ici 
l’expression de ma chaleureuse gratitude. 

Ce travail est illustré de photographies et de radiographies dont les clichés sont l’œuvre 
de l’U. S. National Muséum, pour le holotype de S. undatus et le holotype de S. marmoratus, 
et, pour tous les autres spécimens, celle du Muséum National d’Histoire Naturelle (labora¬ 
toire de Muséologie et laboratoire de Physique Appliquée). L’exécution de telles radiogra¬ 
phies ne laisse pas que de se faire particulièrement difficile, à cause de la dimension réduite 
des sujets, ainsi que de la faible minéralisation de leur squelette, minéralisation qui s’affaiblit 
progressivement dans la partie postérieure du corps. C’est pourquoi je me fais un agréable 
devoir de remercier M. l’assistant Raymond Crouzy de la peine qu’il a prise en la circons¬ 
tance, non sans le féliciter des résultats que sa maîtrise, comme savant et comme technicien, 
lui a permis d’obtenir (1). 


( i ) A noter que, par suite du défaut de contraste et de l’impossibilité d’éliminer la pholidose, les tirages sur papier de 
ces radiographies sont d’une lecture fort difficile, tandis que l’étude des clichés eux-mêmes, examinés par transparence, 
s’avère des plus aisée. 


Source : MNHN, Paris 




Les Symphurus marbrés du Complexe Indo-Pacifique tropical 


83 


REMARQUES PRÉLIMINAIRES 


I. — L’auteur du meilleur travail qui ait encore été écrit sur les Symphurus, Isaac 
Ginsburg [ 9 ] (1), a parfaitement reconnu la haute valeur discriminative du nombre des 
rayons uroptérygiens, nombre qui, dans l’ensemble des espèces de ce genre, paraît être spéci¬ 
fiquement 10, 12 ou 14. Comme tous les caractères quantitatifs, le nombre de ces rayons 
n’est pas exempt d’une certaine variabilité individuelle; ce qu’un tableau de Ginsburg (p. 187) 
met clairement en évidence pour les espèces des côtes atlantiques du continent Américain. 
Par suite de la modicité numérique des rayons en question, l’écart de la variabilité indivi¬ 
duelle semble bien ne jamais excéder une unité en plus ou en moins, l’écart en moins s’avérant 
le plus fréquent. Or, parmi les 6 espèces inédites décrites par Ginsburg, il en est 2 (S. uro- 
spilus et S. pterospilotus) dont le nombre des rayons uroptérygiens du holotype est 11, ainsi que, 
chez S. urospilus, pour un unique paratype. Étant donné que la parfaite symétrie dorso- 
ventrale s’avère l’état normal de l’uroptérygie des Soleoidei, ainsi que de la très grande 
majorité, sinon même de la totalité des Pleuronectiformes (Heterosomata) , il convient, pour ces 
2 espèces, d’attendre l’étude de nouvelles captures pour savoir si le nombre normal de 
leurs rayons uroptérygiens est 10 ou, plus probablement, 12. 

D’autre part, qu’il s’agisse de la faune de l’Atlantique oriental ou de celle du complexe 
Indo-Pacifique (à l’exclusion des eaux américaines), mes propres observations, lesquelles 
portent sur une centaine d’individus appartenant à quelque 30 espèces différentes, s’accor¬ 
dent avec celles de Ginsburg au sujet des nombres 12 et 14; mais, hormis le cas d’évidentes 
monstruosités, aucune observation ne m’a encore révélé l’existence, dans ces 2 faunes, de 
formes qui soient en possession de moins de 10 rayons uroptérygiens. En revanche, l’occasion 
m’a été donnée d’observer, chez Symphurus strictus Gilbert, 2 spécimens, sur 21 étudiés, y 
compris 1 paratype de l’espèce, dont les rayons uroptérygiens sont au nombre de 12, au lieu 
de 14, nombre normal. 

Ces 2 individus constituent les seuls exemples connus d’une variation par défaut de 2 rayons 
uroptérygiens, au lieu d’un seul. Quant à la variation par excès de 2 rayons (12, au lieu de 
10; 14, au lieu de 12), elle n’a jamais été observée, ni par Ginsburg, ni par moi-même. 


(1) Qu’il me soit cependant permis de formuler quelques remarques. 

i° A n’en juger que d’après l’aspect extérieur, l’oeil migrateur des Symphurus dépasse toujours, si peu que ce soit, le 
bord antérieur de l’œil fixe; à la limite, les 2 yeux sont à la verticale l’un de l’autre. Or, en conséquence d’un phénomène 
propre aux Soleoidei , les aplombs de la région céphalique sont fréquemment troublés par une déformation post mortem, 
qui consiste en une incurvation à concavité dorsale du rhachis et, à tout le moins, en un redressement plus ou moins accusé 
de la tête. Les figures C, E, F et I du travail de Ginsburg montrent cette déformation réalisée à divers degrés. 

2° Isthmus free. Je pense que cette expression concerne la confluence ventrale des 2 fentes operculaires, car le principal 
caractère externe du sous-ordre des Soleoidei consiste en la liaison dermale des 2 interopercula, liaison qui recouvre l’isthme 
en entier [ 4 , p. 14, fig. n F; 7 ]. 

3 0 Loin d’être spéciale au genre Symphurus , l’obturation de la 4 e fente branchiale compte au nombre des caractères 
de la famille des Cynoglossidae , ainsi que l’état haplotèle des rayons de toutes les nageoires. Ce à quoi s’ajoute, passé la méta¬ 
morphose, la constante non-régénération des omoptérygies embryonnaires, nageoires dont le basipterygium (hyperco- 
racoïde et hypocoracoïde) est remplacé, chez les Cynoglossinae , par une longue apophyse coracoïdienne acutangulaire, dont 
il n’existe aucun rudiment, chez les Symphurinae (Symphurus) [6, p. 187-190, eff. 4, 5 et 6]. 


Source : MNHN, Paris 




8 4 


Paul Chabanaud 


II. — Je noterai encore qu’à n’en juger que d’après l’illustration photographique du 
mémoire de Ginsburg, la différence est saisissante entre l’habitus des Symphurus de l’Atlan¬ 
tique américain et celui des espèces qui peuplent l’Atlantique oriental, Méditerranée com¬ 
prise, ainsi que le Complexe Indo-Pacifique tropical. Il en est de même, ou peu s’en faut, entre 
ces dernières espèces et celles que nourrit le Pacifique américain. 

III. — Invoquées par divers auteurs à titre de caractères spécifiques, la présence ou 
l’absence de liaison dermale entre l’ischioptérygie et la proctoptérygie, ainsi que la distance 
comprise entre ces 2 nageoires me paraissent dépourvues d’intérêt, et cela, pour les deux 
raisons suivantes. 

Bien que la membrane postradiaire de l’ischioptérygie soit toujours présente, son déve¬ 
loppement est sujet à de considérables variations individuelles. Très courte chez certains 
individus, cette membrane se prolonge, chez d’autres, jusqu’à la nageoire impaire. 

Quant à la distance qui sépare ces 2 nageoires l’une de l’autre, l’absence de tout support 
squelettique confère à cette partie du corps une malléabilité qui en rend la mensuration 
exacte pratiquement impossible. Il se peut toutefois que la distance préanale et la distance 
postnasale, définies et utilisées par Ginsburg, méritent de retenir l’attention ; cependant, faute 
d’expérience, j’avoue ne pouvoir apprécier la valeur de ces deux derniers caractères, qui 
me semblent faire double emploi avec la longueur proportionnelle de la tête. 

Après de multiples tentatives, force m’a été de renoncer à tirer parti de la dentition 
zénithale, quelque intéressante qu’en soit l’étude. 


SYMBOLES ET ABRÉVIATIONS 
i° Lettres. 


A. Proctoptérygie (nageoire anale). 

C. Uroptérygie (nageoire caudale). 

D. Notoptérygie (nageoire dorsale). Précédant immédiatement une formule rhachiméris- 
tique, D signifie dissection. 

H. Hauteur du corps. 

Mx. Extrémité caudale du maxillaire zénithal. 

Oc. Diamètre de l’un quelconque des 2 yeux. 

R. (devant une formule rhachiméristique). Radiographie. 

S. Nombre des écailles comptées sur la face zénithale, entre la verticale de la limite dorsale 
de la fente operculaire et le milieu de la base de l’uroptérygie. 

T. Longueur de la tête. 

V. Ischioptérygie (nageoire ventrale). 
n, nadir al. 

Z, zénithal. 


Source : MNHN, Paris 



Les Symphurus marbrés du Complexe Indo-Pacifique tropical 


85 


2 0 Chiffres romains. 

Les symboles suivants concernent exclusivement la position de l’extrémité caudale du 
maxillaire (Mx), par rapport à l’œil fixe : 1 (théorique), en avant de l’œil fixe; 11, au-dessous 
de la moitié antérieure de l’œil fixe; ni, au-dessous de la moitié postérieure; iv, en arrière 
de l’œil fixe. Les positions intermédiaires sont notées de la façon suivante : 1/11, ii/m et 
m/rv. 

3 0 Formules rhachiméristiques. 

Dans les formules rhachiméristiques, a, signifie vertèbres abdominales; c, vertèbres 
caudales; t , nombre total. Les 2 nombres, reliés entre eux par le signe + et mis entre crochets, 
analysent le nombre des vertèbres abdominales, nombre qui les précède immédiatement. 
Le I er de ces 2 nombres mis entre crochets est celui des vertèbres dépourvues d’arc hémal; le 
suivant concerne les vertèbres abdominales qui sont en possession d’un arc hémal. Soit la 
formule a 9 [3 -f 6] -f c 46 = t 55. On lira : 9 vertèbres abdominales, dont les 3 premières 
sont dépourvues d’arc hémal, les 6 autres étant en possession de cet arc; 46 vertèbres caudales; 
au total, 55 vertèbres, y compris la vertèbre urostylique, qui termine le rhachis. 

A noter que, chez les Symphurus et à l’encontre de ce qui existe chez les Cynoglossidae 
typiques ( Cynoglossus et Paraplagusia ), tous les arcs hémaux abdominaux sont fermés par 
coossification distale des hémitoxes et s’interposent entre le rein et la chaîne des centra 
[8; 10 , fig. 3 et 5], ce que me permettent d’affirmer de nombreuses dissections. Or toutes les 
formules rhachiméristiques notées dans ce travail sont le fruit de la lecture de radiographies, 
procédé qui n’a d’autre inconvénient que celui de ne pas révéler, si tant est qu’elle se pro¬ 
duise, la non-fermeture accidentelle d’un arc hémal (nécessairement le premier). Assez fré¬ 
quente chez d’autres Soleoidei, cette anomalie, généralement de médiocre intérêt, semble 
n’affecter que fort rarement les Symphurus, chez lesquels je ne l’ai encore jamais observée. 


MÉTHODE PRÉSIDANT AUX OBSERVATIONS 

I. — La longueur étalon (longueur totale, à l’exclusion de la nageoire caudale) et la 
longueur de la tête sont mesurées à partir de l’extrémité rostrale des mâchoires (le processus 
préoral étant nul ou rudimentaire), c’est-à-dire abstraction faite du pli dermal qui forme le 
canthus rostral, pli dont le développement est individuellement variable et qui, par surcroît, 
est fréquemment atrophié ou détérioré (1). Le bord libre du lobe dorsal de l’opercule est pris 
comme limite postérieure de la longueur de la tête. 

IL — La longueur de la tête est calculée en centièmes de la longueur étalon; le diamètre 
de l’œil et la longueur de l’uroptérygie (rarement intacte), en centièmes de la longueur de la 
tête. 

III. — En ce qui concerne la position de Mx par rapport à l’œil fixe, il importe de ne pas 
confondre la commissure buccale, qui n’offre aucune précision, avec l’extrémité caudale du 


(1) Pour éliminer ce pli dermal, il suffit d’appuyer l’une des branches du compas contre l’extrémité antérieure des 
mâchoires. 


Source : MNHN, Paris 




86 


Paul Chabanaud 


maxillaire. Bien que celle-ci soit généralement discernable au binoculaire, il est pru¬ 
dent de s’assurer du point où elle se trouve, en tâtant le revêtement dermal au moyen de 
l’une des branches d’une pince fine, de la pointe émoussée d’un scalpel ou, de préférence, au 
moyen d’une aiguille courbe à dissection. D’autre part, comme tous les aplombs des parties 
de la tête (entre autres, celui de l’oeil migrateur par rapport à l’œil fixe), l’aplomb de l’extré¬ 
mité caudale du maxillaire, par rapport à l’œil fixe, peut être faussé par un redressement, 
même léger, de la tête ou, a fortiori, par une incurvation dorso-ventrale du rhachis, accidents 
qui ne sont que trop fréquents et sur lesquels j’ai précédemment attiré l’attention [ 11 ]. Force 
est donc de s’assurer de l’attitude normale de l’animal et, au besoin, de rectifier cette attitude. 

IV. — Chez tous les Soleoidei, à cause surtout de l’intensité du développement de la 
pholidose zénithale, le dénombrement des rayons des 3 nageoires impaires s’opère beaucoup 
plus facilement sur la face nadirale, seule face du corps où se peuvent compter sans erreur les 
rayons de l’uroptérygie. Grâce à l’équipement optique mis à ma disposition par le Centre 
National de la Recherche Scientifique, équipement qui me permet de combiner l’éclairage 
indirect avec l’éclairage par transparence, il m’est possible d’apercevoir (sans dissection) 
les axonostes en place et ainsi d’éviter, principalement lorsqu’il s’agit d’individus de petite 
taille, de compter pour 2 rayons les hémitriches désunis d’un seul lépidotriche ou encore de 
confondre une écaille ou quelque lambeau de peau avec les restes d’un rayon dermal brisé. 
Autant d’erreurs que, moins bien outillé, il m’était arrivé de commettre et que n’ont pu 
toujours éviter certains de mes confrères, pourtant des mieux avertis. 

V. — On trouvera dans ce travail la première description précise d’une remarquable 
particularité morphologique des Symphurus : les papilles épidermiques. Faute de mieux, je 
nomme ainsi, d’après Norman, certaines aspérités granuliformes du revêtement dermal, 
qui, en nombre parfois considérable, couvrent un champ plus ou moins étendu des 2 faces de la 
région céphalique et qui, n’était leur constante disposition en séries linéaires orientées en 
tous sens, conféreraient au tégument l’aspect d’une peau de chagrin. Seul jusqu’ici, le regretté 
J. R. Norman les a remarquées, précisément chez l’un des spécimens qui sont étudiés dans les 
pages qui suivent, en les comparant judicieusement aux papilles sensorielles dont le système 
entre dans la caractérisation de nombreux Gobiidae. 

D’une façon générale, la présence de ces papilles épidermiques est à peu près constante 
sur l’aire nasale nadirale, où elles ne font défaut que lorsque cette aire nasale est entièrement 
squameuse. Encore faut-il que les écailles ne soient pas intégralement recouvertes par l’épi¬ 
derme ; sinon les papilles se développent, mais leurs séries s’incurvent de manière à épouser le 
bord distal de chaque phanère. En dehors de l’aire nasale, l’extension du champ couvert par 
les excroissances en question est en fonction de la desquamation de la région céphalique. Le 
pli dermal qui constitue le canthus rostral à partir de l’apex du processus préoral jusqu’à la 
base du I er rayon notoptérygien, peut en être abondamment pourvu; il en peut exister aussi 
sur la mandibule, en arrière de la bouche et jusque sur l’interoperculum. 

Les papilles épidermiques peuvent également garnir la face zénithale, en avant des 
yeux, mais leur présence s’y fait plus rare que sur la face aveugle. S’agit-il d’un organe senso¬ 
riel, ainsi que le pensait Norman? C’est peu probable, mais je ne saurais encore donner à 
cette question, présentement à l’étude, une réponse catégorique. 

VI. — Peut-être estimera-t-on que certaines des espèces décrites dans ce travail ne sont 
qu’autant de sous-espèces géographiques, voire de simples variations individuelles. Selon moi, 


Source : MNHN, Paris 



Les Symphurus marbrés du Complexe Indo-Pacifique tropical 


87 


c’est pur byzantinisme que de discuter la valeur spécifique ou subspécifique de tel ou tel 
caractère, car cette valeur dépend a priori de son degré de constance. La solution de pareil 
problème exige l’apport de données biologiques qui font encore défaut pour la plupart des 
Poissons de mer, tandis qu’elles entrent plus aisément en ligne de compte, lorsqu’il s’agit 
d’espèces fluviatiles ou limniques. C’est parce qu’il a trait aux Salmonidés que, nonobstant 
quelques critiques de détail, le travail de Berg sur la subdivision de l’espèce [ 5 ] revêt un si 
haut intérêt scientifique. 

Le concept d’espèce est encore entaché de fixisme et, au fur et à mesure de l’extension 
comme de l’approfondissement de nos connaissances, force sera, tôt ou tard, d’apporter à 
la nomenclature zoologique certaines modifications qui soient de nature à la rendre, autant 
que possible, adéquate à l’infinie diversité des formes. 

Le temps n’est plus où, terrorisés par le risque de se voir révoqués en synonymie, maints 
zoologistes gardaient le silence au sujet d’individus qu’ils estimaient insuffisamment caracté¬ 
risés, privant ainsi la Science de documents inédits et, par cela même, non sans valeur. 
L’erreur n’existe pas, lorsque l’organisme que l’on a sous les yeux diffère peu ou prou de tous 
ceux qui ont été décrits. Toute description concerne une forme supposée inédite, à 
laquelle doit nécessairement s’attacher un nom, et seul l’avenir dira si cette forme est une 
espèce ( species [Berg]), une sous-espèce (subspecies, infraspecies [Berg]) ou une simple variation 
individuelle ( morpha [Berg]). 


DISTRIBUTION GÉOGRAPHIQUE 

Telle qu’elle m’est actuellement connue, la répartition géographique des Symphurus 
marbrés s’étend des îles Hawaii et des Philippines à l’archipel des Maldives, aux Seychelles et 
au banc Saya de Malha, soit, en latitude, de =b 22 0 N à ± 6° S, dans le Pacifique, et, dans 
l’océan Indien, de ± 7 0 N à ± io° S, son extension en longitude étant comprise entre 
± 53 0 E G et ± 155 0 W G. D’où il s’ensuit que cet habitat ne couvre pas moins de 152 degrés 
de longitude, mais qu’il ne s’étend que sur 17 degrés de latitude, dans le Pacifique, et sur 
28 degrés, dans l’océan Indien. Pareille superficie excède considérablement celle de l’aire 
d’habitat de n’importe quelle autre espèce du genre, à la seule exception de Symphurus strictus 
Gilbert, qui, également décrit des îles Hawaii, se retrouve aux Philippines, aux Maldives 
et jusque dans la baie de Delagoa, sur la côte du Natal. 

Comme dans tous les cas analogues, mais tout particulièrement à cause de leur diffé¬ 
renciation morphologique, il y a intérêt à rechercher le centre de dispersion du groupe des 
Symphurus marbrés. 

A supposer une dispersion géologiquement récente des stades symétriques (1), dispersion 
imputable aux courants de surface, l’archipel des Hawaii ne saurait être tenu pour le point 
de départ de cette dispersion, car, tant en février-mars qu’en août-septembre [1, cartes 29 
et 30], le courant équatorial nord ne cesse de porter de l’est à l’ouest. Force est donc, dans 


(1) Alors que, malgré l’abondance de leurs espèces et la vulgarité de bon nombre d’entre elles, les premiers états des 
Cynoglossidae typiques (Cynoglossus et Paraplagusia) restent encore à décrire, ceux de plusieurs Symphurus sont bien connus et 
la parfaite homogénéité du genre permet d’affirmer qu’à leur naissance, ces organismes sont symétriques et pélagiques, 
comme tous les autres Soleoidei , ainsi qu’en règle générale, l’ordre entier des Pleuronectiformes. 


Source : MNHN, Paris 




CO 

CO 



I? Laquédives 


Mindanao 


Bornéo, 


I? Maldives 


Equateur 


N. Calédônie 


l s Mascareignes 


' W|G«* 

Tropique_ (Jy_Çançer. 


IÇhnstmas-*' 


J » I? Tchagos 

fi 

\v-.Saya de Malha Bank 

% © 

I^Cargados 






Tropique du Capricorne 


Nouvelle 

Zélande 


echelle a T équateur: 

0 2000 Km 

y _■ —— -1 


1Ô0°Gr. 


'55°WGr 


Source : MNHN, Paris 


Paul Chabanaud 





























Les Symphurus marbrés du Complexe Indo-Pacifique tropical 


89 


cette hypothèse, de situer le centre primordial de dispersion, soit dans l’archipel Indo-Malais, 
soit quelque part plus à l’ouest et, par conséquent, dans l’océan Indien. 

Durant l’hiver septentrional, le courant équatorial nord, issu principalement du détroit 
de Malacca, porte, en effet, jusqu’aux Maldives et son contre-courant W-E atteint les Sey¬ 
chelles, mais passe au nord du banc Saya de Malha. Par contre, en août-septembre, ce même 
courant équatorial nord, renversé par la Mousson, chemine des Maldives à Sumatra et 
n’atteint les Seychelles qu’en tourbillonnant entre o° et ± 8° S. D’autre part, à cette même 
époque, le banc Saya de Malha reçoit le courant équatorial sud; mais celui-ci vient de la 
côte sud de l’Australie, d’où aucun des Symphurus qui nous occupent n’a encore jamais été 
signalé, non plus que de la côte E de ce continent. En revanche, durant l’été septentrional, 
le banc Saya de Malha se trouve sur le trajet du courant équatorial sud, mais qui, traversant 
alors les multiples détroits percés entre les îles les plus méridionales de l’archipel Indo- 
Malais, vient des mers de Banda, de Timor et de Java, mers fort éloignées des îles Philippines 
où vit S. undatus. 

L’hypothèse d’un transport des stades symétriques par les courants de surface ne pouvant, 
ce me semble, être retenue qu’au seul profit du peuplement des îles Hawaii (1), force est 
d’admettre que le groupe des Symphurus marbrés aurait pris naissance, au cours de l’Eonum- 
mulitique (Montien, Thanetien, Londinien), à la périphérie des restes d’une aire continen¬ 
tale qui, durant le Crétacé, s’étendait de la péninsule Indienne à Madagascar, englobant les 
Maldives, les Seychelles et le banc Saya de Malha [ 2 , cartes 11 et 12], aire continentale lar¬ 
gement séparée de l’archipel Indo-Malais, lequel, primitivement solidaire du continent 
Asiatique, se morcelait et acquérait progressivement son état actuel [ 2 , carte 13] ; mais, dans 
l’état présent des données acquises, rien n’explique l’énorme lacune qui s’interpose entre 
l’habitat de Symphurus maldivensis, de S. seychellensis et de S. sayademalhensis, d’une part, et, 
d’autre part, l’habitat de S. undatus et de S. marmoratus. 

Du fait que l’ordre des Pleuronectiformes ne révèle son existence qu’à dater du Lutétien 
inférieur, il ne s’ensuit nullement que cet ordre n’ait pas vécu dans des mers plus anciennes, 
car, surtout lorsqu’il s’agit de Vertébrés, l’absence de fossiles ne signifie nullement la non- 
existence de tel ou tel groupe à tel ou tel niveau géologique. Or, telle Minerve sortant toute 
armée du crâne de Jupiter, l’ordre des Pleuronectiformes apparaît soudain au Lutétien inférieur, 
aussi nettement différencié qu’il l’est actuellement. Dans la faune du Monte Bolca, Rhombus 
minimus Agassiz est un Bothidé dûment caractérisé; au Lutétien supérieur d’Égypte (Tourah) 
vivaient un Psettodidé certain, Joleaudichthys sadeki Chabanaud 1937; un Soléidé probable, 
Eobuglossus eocenicus (Woodward) Chabanaud 1937, et un Soléidé certain, Turahbuglossus 
cuvillieri Chabanaud 1937; etc. 

L’évolution de l’ordre en question n’a donc pu s’accomplir qu’au cours de l’Eonummu- 
litique et ce n’est que dans ces gisements ou dans ceux du Crétacé supérieur que l’on peut 
espérer découvrir ses ancêtres symétriques. 

D’autre part et bien que la famille entière des Cynoglossidae soit encore inconnue à l’état 
fossile, sa distribution actuelle donne à penser que les 2 sous-familles dont elle se compose 


(1) D’une façon générale, la faune ichthyologique benthique de cet archipel s’apparente à celle de l’archipel Indo- 
Malais et non à celle du continent Américain. 




9° 


Paul Chabanaud 


ne revendiquent pas une origine absolument identique. De même que bon nombre d’autres 
familles (les Soleidae notamment), voire certains sous-ordres ( Psettodoidei, Citharoidei), la sous- 
famille des Cynoglossinae (Cynoglossus et Paraplagusia ) est absolument étrangère aux eaux amé¬ 
ricaines, tant atlantiques que pacifiques, où la famille des Soleidae est remplacée par celle des 
Achiridae, endémique, bien que morphologiquement moins spécialisée. Par contre, la sous- 
famille des Symphurinae (genre unique Symphurus) est cosmopolite dans la zone intertropicale, 
ainsi que dans les 2 zones tempérées chaudes, Méditerranée comprise. 

Au surplus, tandis que les Cynoglossinae font preuve d’une spécialisation plus accusée que 
celle des Soleoidei dextres ( Achiridae, Soleidae ), les Symphurinae sont empreints d’indubitables 
caractères dont les uns sont régressifs et les autres néoténiques : conservation de la denture 
zénithale (déficiente chez les Achiridae, les Soleidae et les Cynoglossinae ), résorption de l’apo¬ 
physe coracoïdienne des clithra (apophyse spéciale aux seuls Cynoglossinae) , immense fonta¬ 
nelle annihilant la voûte du cavum, proéminence des capsules otiques [6]. Ensemble de 
données qui, s’ajoutant à l’ampleur de leur habitat actuel, témoignent, en faveur des Symphurus, 
d’une distribution mésogéenne infiniment plus vaste que celle des Achiridae (confinés dans 
les eaux américaines), que celle des Soleidae (famille largement eurytherme, qui serait cosmo¬ 
polite, n’était son exclusion absolue des eaux américaines) et que celle enfin des Cynoglossinae 
(dont la distribution serait calquée sur celle des Soleidae, n’était, chez lesdits Cynoglossinae, 
l’intensité accrue de leur thermophilie). 

D’autre part et afin de ne négliger aucune hypothèse, on ne saurait passer sous silence 
la théorie wégenérienne de la Dérive des continents, théorie qui a du moins l’avantage de ne 
pas obliger à faire remonter au Mésozoïque l’origine de la différenciation spécifique des 
Symphurus [3, p. 14]. 


DONNÉES MORPHOLOGIQUES ET ANATOMIQUES 


A n’en juger que d’après leurs caractères morphologiques, les 8 Symphurus dont se compose 
la collection qui fait l’objet de ce travail peuvent aussi bien être considérés comme autant de 
représentants d’une seule et même espèce, extrêmement variable au sein d’une aire d’habitat 
particulièrement vaste, ou comme se répartissant entre 5 espèces différentes et plus ou 
moins étroitement localisées, mais dont la plupart des caractères quantitatifs et même certains 
caractères dimensionnels se chevauchent réciproquement. 

C’est à cette dernière solution que j’ai cru bon de m’arrêter, malgré l’imprécision de la 
clef dichotomique destinée à faciliter, autant que faire se peut, la discrimination de ces suppo¬ 
sées 5 espèces. Les choses se compliquent du fait que le type unique de l’une des espèces 
inédites est incomplet et quelque peu monstrueux, avatars qui, par bonheur, ne nuisent 
que partiellement à sa caractérisation. 

La région céphalique des 8 individus est particulièrement riche en papilles épidermiques 
et les seules différences qu’il est possible de relever de ce chef se réduisent à l’ampleur plus 
ou moins considérable du champ occupé par ces papilles, sur l’une ou l’autre des 2 faces de la 
tête. Alors que leur présence est constante sur l’aire nasale nadirale, les papilles épidermiques 
sont généralement moins nombreuses et, parfois même, totalement déficientes sur l’aire 


Source : MNHN, Paris 



Les Symphurus marbrés du Complexe Indo-Pacifique tropical 


9i 


nasale zénithale, bien que très apparentes chez certains individus, où l’on en voit même sur 
le tube narial inhalant (tube de la narine antérieure) (1). 


CLEF DICHOTOMIQUE DES ESPÈCES (2) 

1 (6). Hauteur 26-33. Tête 17-20. D 99-102. A 83-89. S 115-125. 2 

2 ( 3 ). Hauteur 33. Tête 18. Mx rv. D 100. A 83. C 12. ( 1 ) seychellensis, p. 93 

3 ( 2 ). Hauteur 26-30. Tête 17-20. Mx ii-m. A 87-89. 4 

4 ( 5 ). Hauteur 23-30. Tête 18-20. C (13) 14.( 2 , 3 , 4 ) undatus, p. 94 

5 ( 4 ). Hauteur 26-28. Tête 17-18. C (11) 12.( 5 , 6) sayademalhensis, p. 97 

6 ( 1 ). Hauteur 23-26. Tête 13-17. D 102 (+ n). A 95-105. S ± 130. 7 

7 (8). Hauteur 26. Tête 17. Mx m. D 102 (-+- n). A 95. C 6 (+ n). . ( 7 ) maldivensis, p. 97 

8 ( 7 ). Hauteur 23. Tête 13. Mx 11. D 118. A 105. C 14.(8) marmoratus, p. 98 


FORMULES RHACHIMÉRISTIQUES 


Dans toute la mesure où, avec l’aide du Tableau comparatif, la clef dichotomique permet 
de choisir l’espèce à laquelle il convient de rapporter le spécimen que l’on se propose de 
déterminer, les données que procure l’étude comparative du rhachis ne sont guère plus 
explicites. En effet, sériées selon l’ordre croissant du total individuel des vertèbres, les 8 for¬ 
mules rhachiméristiques sont les suivantes (3) : 


1. S. seychellensis. Holotype . 

5. S. sayademalhensis. Holotype 

6. S. sayademalhensis. Paratype 

2. S. undatus. Holotype . . . 

3. S. undatus. Paratype . . . 

4. S. undatus . 

7. S. maldivensis. Atélètype. . 

8. S. marmoratus. Holotype. . 


« 9 [3 + 6 ] + c 42 = 

« 9 [3 + 6] + c 45 = 

a 9 [3 + 6] + c 45 = 

a 9 [3 + 6 ] + c 4 6 = 

« 9 [3 + 6] + c 47 = 

a 9 [3 + 6 ] + c 48 = 

a 9 [3 + 6] + c 49 = 

a 9 [3 + 6 J + c 55 = 


t 51 
t 54 
t 54 
t 55 
t 56 

t 57 
t 58 
t 64 


La formule du rhachis abdominal a 9 [3 + 6] s’avère presque universelle dans le genre 
Symphurus, n’étant différente (a 10 [3 + 7], exceptionnellement an [3 + 8]) que chez 


(1) Le modelé de l’une et l’autre des 2 faces de la région céphalique et, par suite de la réduction de l’extrémité rostrale 
du neurocrâne, le manque de rigidité de la partie de la tête qui s’étend des symphyses gnathiques et du complexe ethmoï- 
dien au I er rayon notoptérygien sont autant de causes de l’extrême difficulté à laquelle se heurte l’exacte représentation 
graphique de l’ensemble de ces formations épidermiques, tant nadirales que zénithales. 

(2) Les nombres proportionnels sont imprimés en caractères penchés; les nombres quantitatifs en caractères droits. Le 
trait d’union placé entre 2 nombres indique l’écart entre un minimum et un maximum. Ne pas confondre n-m, qui 
exprime un écart, avec 11/m, qui précise une position. Les numéros imprimés en chiffres gras, mis entre parenthèses et 
précédant immédiatement le nom spécifique, renvoient au Tableau comparatif des caractéristiques individuelles, p. 100. 

(3) Les numéros des individus sont ceux qui leur sont attribués dans le Tableau comparatif (p. 100). 


*4 


Source : MNHN, Paris 




















92 


Paul Chabanaud 


5 espèces ; savoir : S. gilesi (Alcock), S. regard Weber et Beaufort, S. macrophthalmus 
Norman, S. arabicus Chabanaud et S. vanmelleae Chabanaud. Seuls different donc le nombre 
des vertèbres caudales et, par conséquent, le nombre total. 

A cet égard, 2 espèces, présentement monotypiques, s’isolent de l’ensemble : S. sey- 
chellensis (/ 51) et S. marmoratus [t 64). Les 6 autres individus semblent, a priori, appartenir à 
une seule et même espèce, S. undatus, dont les 3 authentiques représentants possèdent respec¬ 
tivement 55, 56 et 57 vertèbres, tandis que, pour l’ensemble de ces 6 individus, ce nombre 
oscille entre 54 et 58, la formule de chacun d’eux, si tant est qu’elle ne soit pas identique à 
celle qui la précède ou à celle qui la suit immédiatement, ne différant de celles-ci que par 
une seule unité. 

Le holotype et le paratype de S. sayademalhensis ont même nombre de vertèbres, t 54, 
nombre qui ne diffère que par une seule unité en moins de celui du holotype de 
S. undatus (t 55). Même différence, mais en plus, cette fois, entre S. maldivensis [t 58) et un 
spécimen de S. undatus ( t 57). Toutefois entre le minimum 54 et le maximum 58, bien qu’elle 
ne soit pas théoriquement impossible, la différence de 4 unités excède l’amplitude habituelle 
de variabilité d’un ensemble spécifiquement homogène. 

Cette hypothèse bénéficie de l’appui d’un caractère morphologique utilisé dans la clef 
dichotomique : le nombre des rayons uroptérygiens. Ce nombre est typiquement 14 pour 
S. undatus (holotype et paratype n os 2 et 3 du Tableau comparatif), accidentellement 13, 
pour le 3 e spécimen (n° 4 du même Tableau), tandis que, chez S. sayademalhensis, il se 
réduit à 12 (holotype, n° 5 du Tableau) et même à 11 (paratype, n° 6 du Tableau). 

Reste l’énigmatique S. maldivensis (n° 7 du Tableau comparatif), dont le nombre 58 des 
vertèbres n’est que d’une unité supérieur au maximum 57, observé chez les authentiques 
S. undatus. Ici, à cause de son évidente anomalie le nombre 6 des rayons uroptérygiens ne 
pouvant être pris en considération, c’est le nombre des rayons proctoptérygiens qui tranche 
la question : ce nombre s’élève à 95, alors qu’il ne dépasse pas 87 chez les 2 espèces précédentes. 

Si donc les données acquises à leur sujet ne m’abusent pas, les 8 Symphurus marbrés, objet 
de cette étude, appartiennent bien à 5 espèces différentes et dont chacune paraît plus ou 
moins étroitement localisée. 

D’autre part, certaines espèces, différant nettement les unes des autres par leur morpho¬ 
logie externe, peuvent avoir des formules rhachiméristiques qui se chevauchent réciproque¬ 
ment ou qui sont même identiques. Par exemple : Symphurus septemstriatus (Alcock), 52 à 
54 vertèbres (6 observations), et S. woodmasoni (Alcock), 50 à 52 vertèbres (7 observations); 
S. nigrescens Rafinesque, 48 à 50 vertèbres (6 observations), S. trifasciatus (Alcock), 48 ou 
49 vertèbres (3 observations), et S.fasciolaris Gilbert, 49 ou 50 vertèbres (3 observations). 


Source : MNHN, Paris 



Les Symphurus marbrés du Complexe Indo-Pacifique tropical 


93 


DESCRIPTION ET SYNONYMIE DES ESPÈCES 

Symphurus seychellensis Chabanaud. 

Bull. Mus. Nat. Hist. nat., (2) 27, 1955, p. 368. 

Tableau comparatif : n° 1. Planche 1, fig. 1 (photographie). Planche 3, fig. 8, 
(radiographie). 

D 100. A 83. C 12, V n 4. S 115. Formule rachiméristique : a 9 [3+ 6] + c 42= 1 51. 

En centièmes de la longueur étalon : tête 18; hauteur 33. En centièmes de la longueur de 
la tête : œil 7; uroptérygie 46. Position de l’extrémité caudale du maxillaire : iv court. 
Narines zénithales : le tube narial inhalant est très court, sa longueur n’excédant pas son 
diamètre; la narine exhalante est large; elle s’ouvre au-dessous du bord antérieur de l’œil 
migrateur et en avant de la verticale du bord antérieur de l’œil fixe. Narines nadirales : le 
tube inhalant, très court, s’érige contre le bord du sillon sublacrymal, au-dessus du I er tiers 
du rictus oris; la narine exhalante s’ouvre à sa place habituelle, c’est-à-dire à l’angle formé 
par le bord dorsal (longitudinal) et par le bord caudal (vertical) de l’aire nasale, mais approxi¬ 
mativement à la verticale du 2 e tiers du rictus oris et non à la verticale de la commissure 
maxillo-mandibulaire (position la plus fréquente de cette narine, chez les Symphurus). 

L’aire nasale nadirale est en partie squameuse, les écailles sont entièrement recouvertes 
par l’épiderme, qui est épais et dont les papilles dessinent des courbes qui épousent le contour 
du bord distal des écailles. L’épiderme s’amincit au-dessus de l’aire nasale et les écailles, 
devenant de plus en plus apparentes, couvrent la totalité de l’espace compris entre l’aire 
nasale et le canthus rostro-dorsal; en même temps, les papilles épidermiques deviennent 
progressivement indiscernables. Sur la face zénithale — exception faite du pli dermal rostro- 
dorsal, qui, dépourvu d’écailles, est peut-être garni de granulations épidermiques obsolètes — 
la région préoculaire est squameuse, ainsi que l’aire nasale, où l’on n’aperçoit aucune trace 
de papilles. 

En alcool, la face zénithale de la région céphalique est pointillée de brun rougeâtre, en avant 
des yeux, y compris l’aire nasale; mais le pli tégumentaire rostro-dorsal est blanc, jusqu’au- 
dessus de l’œil migrateur; en arrière des yeux, la face zénithale est ornée de fines marbrures 
brun rougeâtre, tendant à dessiner, en arrière de la tête, des lignes longitudinales qui 
s’effacent vers l’extrémité postérieure du corps, peut-être parce que le dernier cinquième de la 
longueur du gastrocerque est desquamé. La notoptérygie et la proctoptérygie sont blanchâtres, 
mais deviennent brunâtres vers l’arrière; l’uroptérygie est entièrement brunâtre. Le péritoine 
est incolore et la face nadirale uniformément blanchâtre. 

Holotype d 1 . Longueur totale 85 mm. Longueur étalon 78 mm. Longueur de la tête 
15 mm. British Muséum, n° 1935.10.6.11. Seychelle Isl., Compana Petrolea Lobitos. In 
schedula : Symphurus undatus. 

Symphurus seychellensis diffère de tous les autres Symphurus marbrés par les caractères sui¬ 
vants : sa forme est plus courte, la hauteur du corps atteignant les 33 centièmes de la lon¬ 
gueur étalon, au lieu de n’en mesurer que des 23 aux 30 centièmes; le nombre de ses vertèbres 
est plus réduit (51, au lieu de 54 à 64) et corrélativement le nombre de ses rayons proctopté- 
rygiens (83, au lieu de 87 à 105) ; enfin, l’extrémité caudale du maxillaire est placée en arrière 
de l’œil fixe et non au-dessous de cet œil (symbole rv, au lieu de ii-m). 


Source : MNHN, Paris 



94 


Paul Chabanaud 


Symphurus undatus Gilbert. 

Symphurus undatus Gilbert, Bull. U.S. Fish Comm., 23, 1903 (1905), p. 690, tab. 98 (1). — Cha¬ 
banaud, Bull. Mus. Nat. Hist. nat., (2) 27, 1955, p. 368. 

Symphurus marmoratus (paratype non décrit) Fowler, Proc. Acad. nat. Sci. Philadelphia, 85, 1933 
P- 349 - 

Tableau comparatif : n 08 2, 3, et 4. Planche 1, fig. 2 (photographie). Planche 4, fig. 11 
(radiographie). 

D 99-102. A 88-89. G 13-14- S 112-125. En centièmes de la longueur étalon : longueur de 
la tête 18-20; hauteur ± 30. En centièmes de la longueur de la tête : œil 11-12; uroptérygie 
75-76. Position de l’extrémité caudale du maxillaire ii-m. De 55 à 57 vertèbres. 

Les données qui suivent concernent exclusivement le paratype de l’espèce et celui de 
S. marmoratus. 

Sur la face zénithale, le tube narial inhalant s’érige à égale distance de l’extrémité 
rostrale du prémaxillaire et de l’œil fixe (plus près de l’œil fixe que du canthus rostral, si l’on 
ne fait pas abstraction du pli dermal rostro-dorsal) ; ce tube étant couché en arrière, son 
extrémité distale n’atteint pas, ou seulement à peine, l’œil fixe. La narine exhalante s’ouvre 
entre le bord antérieur de l’œil migrateur et celui de l’œil fixe. Sur la face nadirale, le tube 
narial inhalant est court; il s’érige au-dessus du tiers antérieur du rictus oris et à quelque 
distance du sillon sublacrymal, sillon que n’atteint pas son extrémité distale, lorsque ce tube 
est rabattu dorso-ventralement. La narine exhalante s’ouvre à sa place habituelle, c’est-à-dire 
à grande distance au-dessus de la commissure buccale ou un peu en avant de cet aplomb. 

Sur cette même face zénithale, la limite antérieure de la pholidose se situe entre la base du 
I er rayon notoptérygien et le bord antérieur de l’orbite migratrice. Assez abondantes sur le 
pli dermal rostro-dorsal, les papilles épidermiques se font plus rares à proximité des yeux; 
il en existe quelques-unes, éparses sur l’aire nasale et en particulier sur la narine exhalante. 
Sur la face nadirale, l’aire nasale est riche en papilles épidermiques, où elles s’arrangent en 
de multiples séries, longues ou courtes, orientées en tous sens. Une série verticale borde l’aire 
nasale, entre la narine exhalante et la commissure buccale. Au-dessus de l’aire nasale, les 
papilles abondent jusque sur le canthus rostro-dorsal et leurs séries, de plus en plus courtes 
vers l’arrière, se continuent jusqu’à la base du 3 e rayon notoptérygien. Il en existe qui sont 
placées immédiatement en arrière de l’aire nasale; la mandibule s’en montre abondamment 
pourvue et l’on en voit quelques-unes sur l’interoperculum (fig. 1 et 2). 


(1) Malgré sa réelle beauté et bien que l’ornementation pigmentaire y paraisse reproduite avec une scrupuleuse 
exactitude, le dessin qui accompagne la diagnose originale de cette espèce ne laisse pas que de donner lieu à de sérieuses 
critiques. Les yeux sont trop écartés l’un de l’autre; le profil dorsal et le profil ventral sont inexacts, car l’un et l’autre 
s’incurvent brusquement au dernier quart de la longueur de l’animal, d’où il s’ensuit qu’au lieu de se réduire progressivement 
à partir de son apogée — comme c’est le cas pour la totalité des espèces décrites, à la seule exception de S. jenynsi , et comme 
le montre la photographie qui fait l’objet de la figure 2, pl. 1 — la diminution de la hauteur s’accentue brusquement, 
à courte distance de la nageoire caudale. En partie à cause de cela, la longueur de bon nombre de rayons notoptérygiens 
et proctoptérygiens semble bien n’avoir pas été respectée et le bord libre de la notoptérygie dessine une large concavité, 
presque certainement inexistante. Enfin, le nombre des rayons uroptérygiens ayant été négligé par l’auteur, rien d’éton- 
nant si cette nageoire n’est pas délimitée, par rapport aux deux autres périssoptérygies. 

D’autre part, comme tous ceux dont le mémoire de Gilbert est illustré, le dessin en question est accompagné d’un 
trait indicatif de l’échelle, mais duquel l’auteur, non sans désinvolture, a laissé au lecteur le soin d’en supputer la valeur. 
En la circonstance, ce trait scalaire paraît représenter 1 inch. 


Source : MNHN, Paris 




Les Symphurus marbrés du Complexe Indo-Pacifique tropical 


95 



Fig. i. — Symphurus undatus. Paratype. Papilles épidermiques de la face zénithale. L’œil 
migrateur est placé un peu trop en arrière. 


Source : MNHN, Paris 




96 


Paul Chabanaud 



Fig. 2. — Même spécimen. Papilles épidermiques de la face nadirale. 


Source : MNHN, Paris 




Les Symphurus marbrés du Complexe Indo-Pacifique tropical 


97 


Holotype. U. S. National Muséum, n° 51619. Longueur totale (fide Gilbert) 105 mm. 
D’après la radiographie : longueur étalon 93 mm; longueur de la tête ± 16 mm; hauteur 
± 28 mm. Formule rhachiméristique : a 9 [3 + 6] + c 46 = t 55. Archipel des Hawaii : 
île Oahu. 

Paratype. Natural History Muséum of Stanford University, n° 8630. D’après mes obser¬ 
vations : $ longueur totale 80 mm; longueur étalon 70 mm; longueur de la tête 21 mm; 
hauteur 21 mm. Formule rhachiméristique : a 9 [3 + 6] + c 47 = t 56. Même localité. 

Paratype non décrit de S. marmoratus Fowler. U. S. National Muséum, n° 93208. 
D’après mes observations : o* longueur totale ? longueur étalon 79 mm; longueur de la 
tête 16 mm; hauteur 24 mm. Formule rhachiméristique : a. 9 [3 + 6] + c 48 = t 57. Archipel 
des Philippines : île Tulayan, Noble Point, 6°6'48"N, i2i°20'32"E, Albatross, 15 septembre 
1919. Aux précisions concernant le lieu de capture, l’étiquette de ce spécimen que j’ai reçu 
en communication porte, de la main de Schultz : “ This is the paratype listed by 
Fowler..., under S. marmoratus , but is a different species from the holotype. ” 

Symphurus sayademalhensis Chabanaud. 

Symphurus woodmasoni (nec Alcock) Regan, Trans. Linn. Soc. London, Zool., 12, 1908, p. 235. 
Symphurus marmoratus (nec Fowler) Norman, The John Murray Expédition 1933-1934, Scient. Rep., 
7 , n ° 1, Fishes, 1939, p. 106 (1). 

Symphurus sayademalhensis Chabanaud, Bull. Mus. Nat. Hist. nat., (2) 27, 1955, p. 369. 

Tableau comparatif : n os 5 et 6. Planches 1 et 2, fig. 3 et 4 (photographies). Planche, 
fig. 12 et 13 (radiographies). 

D ioo-ioi. A 87-88. C 11-12. S > 100. En centièmes de la longueur étalon : tête 17-18; 
hauteur 26-28. En centièmes de la longueur de la tête : œil 10-11 ; uroptérygie > 52. Position 
de l’extrémité caudale du maxillaire 11-ni. 

Holotype </. British Muséum, 1908.3.23.158. In schedula : S. marmoratus. Longueur 
totale ? Longueur étalon 101 mm. Longueur de la tête 18,5 mm. Hauteur 25 mm. C 12. 
Formule rhachiméristique : a 9 [3 + 6] -f c 45 = t 54. Banc Saya de Malha. Choisi comme 
holotype, à cause du nombre pair de ses rayons uroptérygiens. 

Paratype cf. British Muséum, 1908.3.23.157. In schedula : S. marmoratus. Longueur 
totale 125 mm. Longueur étalon 115 mm. Longueur de la tête 19 mm. Hauteur 26 mm. G 11. 
Même formule rhachiméristique. Banc Saya de Malha. 

La capture de ces 2 spécimens est due à M. J. Stanley Gardiner, membre de The 
Percy Sladen Trust Expédition to the Indian Océan in 1905. 

Symphurus maldivensis Chabanaud. 

Symphurus marmoratus (nec Fowler) Norman, The John Murray Expédition 1933-1934, Scient. Rep., 
7, 1, Fishes, 1939, p. 106. 

Symphurus maldivensis Chabanaud, Bull. Mus. Nat. Hist. nat., (2) 27, 1955, p. 369. 

Tableau comparatif : n° 7. Planche 2, fig. 5 (photographie). Planche 4, fig. 14 
(radiographie). 

D 102 + ? A 95. C 6 + ? S ± 130. Formule rhachiméristique : a 9 [3 -f- 6] + c 49 = <58. 

( i ) Regan, d’une part, et Norman, de l’autre, restent muets sur le nombre des individus qu’ils ont respectivement 
étudiés. 


Source : MNHN, Paris 




98 


Paul Chabanaud 


En centièmes de la longueur étalon : tête iy, hauteur 26. En centièmes de la longueur 
de la tête : œil 10; uroptérygie? Position de l’extrémité caudale du maxillaire ni. En alcool, 
la face zénithale, d’un blanc rougeâtre, est couverte d’une infinité de macules brun marron, 
généralement discrètes, mais souvent confluentes et dessinant des marbrures. Les nageoires 
sont blanchâtres, passant au brun foncé vers l’extrémité des rayons dont un grand nombre, 
distants les uns des autres ou rassemblés en petits groupes, sont entièrement ou en partie 
de cette dernière couleur. La face nadirale est d’un jaune rougeâtre clair, uniforme. 

Le type unique de S. maldivensis est malheureusement incomplet : l’œil fixe est détruit; il 
manque un petit nombre des derniers rayons notoptérygiens ; chose plus grave, l’uroptérygie 
est monstrueuse. Œuvre probable de quelque prédateur, la destruction de l’œil fixe a eu lieu 
pendant la vie; la cicatrisation de la plaie permet cependant de localiser l’orbite dermale 
et d’en mesurer le diamètre, qui est égal à celui de l’orbite migratrice. Quant à l’uroptérygie, 
les épuraux et les hypuraux sont anormalement contournés et l’on ne peut compter que 
6 rayons dermaux. 

Malgré ces accidents, dont le plus grave nous laisse dans l’ignorance du nombre typique 
des rayons uroptérygiens, Symphurus maldivensis diffère évidemment de S. undatus, comme de 
S. sayademalhensis, par le nombre notablement plus élevé de ses rayons proctoptérygiens 
(95 au lieu de 87 à 89 chez l’une ou l’autre de ces 2 espèces) et par le nombre un peu plus 
élevé de ses vertèbres (58 au lieu de 54 à 57). 

Atélètype (i) çf. British Muséum, 1939.5.24.1815. In schedula : S. undatus. Longueur 
totale? Longueur étalon zb 106 mm. Longueur de la tête 20 mm. Hauteur 27,5 mm. S zb 130. 
Formule rhachiméristique : a 9 [3 -j- 6] + c 49 = t 58. Fide Norman : st. 153, Maldive Area, 
TD 4, 256-295 m. 

C’est ce spécimen qui a donné à Norman l’occasion de remarquer la présence, chez les 
Symphurus, des papilles épidermiques de la région céphalique, papilles dont le développement 
ne diffère cependant en rien de celui des espèces précédentes. 

Symphurus marmoratus Fowler. 

Symphurus marmoratus Fowler, Proc. Acad. Nat. Sci. Philadelphia, 85, 1933, p. 349, eff. 102 (2). — 

Chabanaud, Bull. Mus. Nat. Hist. nat., (2) 27, 1955, p. 370. 

Tableau comparatif : n° 8. Planche 2, fig. 6 (photographie), planche 3, fig. 7 
(dessin). Planche 4, fig. 15 (radiographie). 

D 11 8 . A 105. C 14. S 131 . Position de l’extrémité caudale du maxillaire 11. Formule 
rhachiméristique : a. 9 [3 + 6] -f- c 55 = t 64 (3). En centièmes de la longueur étalon : 
longueur de la tête 13; hauteur 23. En centièmes de la longueur de la tête : œil 12 ; uropté¬ 
rygie ? 


(1) ’AxeXifc, incomplet; rtaoc, type. 

(2) La documentation dont, grâce aux obligeances du Dr Schultz, j’ai le privilège de bénéficier au sujet du holotype 
de Symphurus marmoratus me permet d’affirmer, d’accord avec mon éminent confrère, l’inexactitude de cette figure, en ce 
qui concerne la position du I er rayon notoptérygien, lequel est placé beaucoup trop loin en avant de l’œil migrateur. 
Cette disposition est incompatible avec les caractères anatomiques du genre (cf. Chabanaud, C. R. Acad. Sci., t. 240, 
r 955 » P- 561-563, radiographie). Comme chez tous les Symphurus , le rayon en question ne peut être placé qu’au-dessus 
de l’œil migrateur ou à très courte distance en avant ou en arrière de cet œil et, si j’en crois de très nombreuses observa¬ 
tions, les variations de ce chef sont purement individuelles. 

(3) A part celles que je dois à l’obligeance du Dr Schultz (entre autres le lieu de capture du spécimen), ces données 
m’ont été fournies par une épreuve radiographique. 


Source : MNHN, Paris 




Les Symphurus marbrés du Complexe Indo-Pacifique tropical 


99 


Holotype. U. S. National Muséum, n° 93092. Longueur totale ? Longueur étalon 88 mm. 
Longueur de la tête 13,5 mm. Hauteur 22,7. Philippines : cap Lassa. 

N’ayant de commun avec Symphurus undatus que le nombre 14 de ses rayons uropté- 
rygiens, S. marmoratus diffère nettement des 4 autres Symphurus marbrés par sa forme beaucoup 
plus allongée (la tête ne mesurant que les 15 centièmes de la longueur étalon, au lieu des 17 
aux 20 centièmes, et la hauteur, à peine les 23 centièmes, au lieu des 26 aux 33 centièmes), 
par le nombre beaucoup plus élevé de ses rayons notoptérygiens (118 au lieu de 99 à 102), de 
ses rayons proctoptérygiens (105 au lieu de 83 à 95), et de ses vertèbres (64 au lieu de 51 à 58). 


BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE 

Ne sont mentionnés ici aucun des travaux afférents à la description des espèces ou à celle de leurs 
synonymes. 

1 . Schott, Géographie des Indischen und Stillen Ozeans. Hamburg, 1935. 

2 . Furon, La Paléogéographie. Paris, 1941. 

3 . Wegener, La Genèse des Continents et des Océans (traduction A. Lerner). Paris, 1937. 

4 . Norman, A Systematic Monograph of the Flatfishes, vol. 1. London, 1934. 

5 . Berg, Sur les unités taxonomiques chez les Poissons. Bull. Mus. Nat. Hist. nat., (2) 7, 1935, p. 79-84. 

6. Chabanaud, Contribution à la morphologie des Cynoglossidae. Bull. Mus. Nat. Hist. nat., (2) 12, 
1940, p. 182-191, %. 1-6. 

7 . Id., Sur le véritable caractère externe, par quoi les Soléiformes diffèrent des Pleuronectiformes. 
Ibid., (2) 18, 1946, p. 158. 

8. Id., Le rein des Cynoglossidae. C. R. Acad. Sci., 225, 1947, p. 1021. 

9 . Ginsburg, Western Atlantic Tonguefishes with descriptions of six new species. Zoologica, 36, 1951, 
p. 185-201, pl. 1-3. 

10 . Chabanaud, Morphologie comparée des arcs hémaux abdominaux des Téléostéens symétriques et 
dissymétriques. C. R. Acad. Sci., 233, 1951, p. 1339, fig. 3 et 5. 

11. Id., Sur l’origine et les conséquences d’une fréquente déformation qui affecte, après la mort, certains 
Soléiformes. Bull. Soc. Zool. France, 79, 1954 (1955), p. 427-431. 

12 . Id., Sur la présence d’axonostes libres chez les Pleuronectiformes de la famille des Cynoglossidae . 
C. R. Acad. Sci., 240, 1965, p. 561-562. 

13 . Id., L’organe pleurogrammique (ligne latérale) des Pleuronectiformes du sous-ordre des Soleoidei. 
C. R. Acad. Sci., 241, 1955, p. 989-99L 2 fig. 



TABLEAU COMPARATIF DES CARACTÉRISTIQUES INDIVIDUELLES 


NUMÉROS DE RAPPEL 

COLLECTION 

LOCALITÉ 

NOM DES ESPÈCES 

ET QUALITÉ 
DES SPÉCIMENS 

(Z> 

w 

g 

c f 

MILLIMÈTRES 

EN 

CENTIÈMES 

DE LA 

LONGUEUR 

ÉTALON 

EN % DE 

LA LONGUEUR 

DE LA TÊTE 

POSITION DE L’EXTRÉMITÉ 

CAUDALE DU MAXILLAIRE 

FORMULE 

ACTINOPTÉRY- 

GIENNE 

NOMBRE DES 
ÉCAILLES 
ZÉNITHALES , 

NOMBRE DES VERTÈBRES 

Longueur 

totale 

Longueur 

étalon 

Longueur 

DE LA TÊTE 

Longueur 

DE LA TÊTE 

Hauteur 

g 0 9 
s » ? 

« g-sr 

S z s 

D 

A 

C 

Vn 

S 

I 

BM 

i 935 - i 0 * 6- 1 1 

Seychelles 

S . seyckellensis. 
Holotype. 

85 

78 

15 

18 

33 

10 

IV 

IOO 

83 

12 

4 

"5 

51 

2 

USNM 

5 i6i 9 

Hawaii : Oahu 

S. undatus. 
Holotype. 

? 

105 

93 

16 

1 7 

30 

±12 

III 

99 

88 

h 

4 

"5 

55 

3 

SUM 

8630 

Hawaii : Oahu 

S. undatus. 
Paratype. 

9 

80 

71 

13 

18 

29,5 

> 11,5 

II 

102 

88 

i 4 

4 

± 112 

56 

4 

USNM 

93208 

Philippines : 
Tulayan 

S. undatus (S. mar- 
moratus. Para- 
type). 

c/ 

? 

79 

16 

20 

29 

>n 

Il/m 

102 

89 

13 

4 

'25 

57 

5 

BM 

1908.3.23.158 

Banc Saya de 
Malha 

S. sayademalhensis. 
Holotype. 

c/ 

? 

IOI 

18,5 

18 

28 

> n 

Il/lll 

IOI 

88 

12 

4 

> IOO 

54 

6 

BM 

1908.3.23.157 

Banc Saya de 
Malha 

S . sayademalhensis . 
Paratype. 

c/ 

125 

"5 

19 

n 

26 

10 

Il/lll 

IOO 

87 

11 

4 

> IOO 

54 

7 

BM 

i 939 - 5 - 24 -i 8 i 5 

Maldives 

S. maldivensis. 
Atélètype. 

d" 

? 

± I06 

20 

n 

25 

10 

III 

102 4- ? 

95 

6 

4 

± 130 

58 

8 

USNM 

93 ° 9 2 

Philippines : 
cap Lassa 

S. marmoratus. 
Holotype. 

? 

? 

88 

136 

I 5 

<23 

12 

il 

118 

105 

14 

4 

131 

64 


Source : MNHN, Paris 






















































































































































ARCHIVES DU MUSÉUM D'HIST. NAT., 7e série, IV, 1956. 


PLANCHE I 




Fig. 2. — Symphurus undatus Gilbert. Holotype. x 1,2. Cliché de l'U. S. National Muséum (Washington). 



Fig. 3. — Symphurus sayademalhensis Chabanaud. Holotype. x 1,565. Cliché du Muséum National d'HistoIre Naturelle (Paris). 


J BP.UN1SSEN imp ÎO rue Le Brun Pans 


Source : MNHN, Paris 







Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM D’HIST. NAT., 7® série, IV, 1956. 


PLANCHE II 



Fig. 4. — Symphurus sayademalhensis Chabanaud. Paratype. x 1,355. Cliché du Muséum National d'Histoire Naturelle (Paris). 



Fig. 5. — Symphurus maldivensis Chabanaud. Atélétype. x 1,436. Cliché du Muséum National d’Histoire Naturelle (Paris). 



Fig. 6. — Symphurus marmoratus Fowler. Holotype. x1,20. Cliché de l’U. S. National Muséum (Washington). 


J. BRUNISSEN. imp. 30. rue Le Brun. Paru 


Source : MNHN, Paris 





Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM D’HIST. NAT., 7* série, IV, 1956. 


PLANCHE III 



Fig. 7. — Symphurus marmoratus Fowler. Holotype. x1,64. Dessin de l'U. S. National Muséum (Washington). 



Fig. 8. — Symphurus seychellensis 
Chabanaud. Holotype xi. Cliché du 
Muséum National d'Histoire Natu¬ 
relle (Paris). 


Fig. 9. — Symphurus undatus Gilbert. 
Holotype. Radiographie x 1. Cliché 
de l'U. S. National Muséum (Was¬ 
hington). 




Fig. 10. — Symphurus undatus Gil¬ 
bert. Paratype. Radiographie x 1,34. 
Cliché du Muséum National d’His- 
toire Naturelle (Paris). 


J. BRUNISSEN imp 30 rue La Brun Paru 


Source : MNHN, Paris 







Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM D’HIST. NAT.. 7* série, IV, 1956. 


PLANCHE IV 



Fig. 11. — Symphurus undatus 
Gilbert. Spécimen U. S. N. M. 
932.08. Radiographie x 1. Cliché 
de l’U. S. National Muséum 
(Washington). Par erreur, au lieu 
de la face nadirale, c'est la face 
zénithale qui a été placée contre 
la plaque sensible. 


Fig. 12. — Symphurus sayademal- 
hensls Chabanaud. Holotype. Ra¬ 
diographie xi. Cliché du Mu¬ 
séum National d’Histoire Natu¬ 
relle (Paris). 




Fig. 13. — Symphurus sayademal- 
hensis Chabanaud. Paratype. Ra¬ 
diographie x 1. Cliché du Mu¬ 
séum National d'Histoire Natu¬ 
relle (Paris). 


Fig. 14. — Symphurus maldiven- 
sis Chabanaud. Atélétype. Radio¬ 
graphie x 1. Cliché du Muséum 
National d'Histoire Naturelle 
(Paris). 




Fig. 15. — Symphurus marmoratus 
Fowler. Holotype. Radiographie x 1 
de l’U. S. National Muséum 
(Washington). 


J. 8RUNISSEN. imp. Î0. rue Le Brun. Par» 


Source : MNHN, Paris 




Source : MNHN, Paris 


LE PRÉSENT OUVRAGE, RÉALISÉ 
POUR LE MUSÉUM NATIONAL 
d’histoire NATURELLE DE PARIS, 
A ÉTÉ ACHEVÉ D’iMPRIMER EN 
DÉCEMBRE 1956, SUR LES PRESSES 
DE L’IMPRIMERIE A. LAHURE 
A PARIS 


Source : MNHN, Paris 


Source : MNHN, Paris 


ARCHIVES DU MUSÉUM NATIONAL D’HISTOIRE NATURELLE 

de format in-4 ü avec planches, ont paru depuis 1802 sous les titres suivants : 


1 re SÉRIE : Annales du Muséum d'histoire naturelle, t. I à XX, 1802-1813. La table parue en 1827 forme 
le t. XXL 

2 e SÉRIE : Mémoires du Muséum d'histoire naturelle, t. I à XX, 1815-1832, table à la fin du t. XXL 

3 e SÉRIE : Nouvelles annales du Muséum d'histoire naturelle, 1.1 à IV, 1832-1835. 

4° SÉRIE : Archives du Muséum d'histoire naturelle, t. I à X, 1839-1861. 

Ces 4 séries sont épuisées. 

5 e SÉRIE : Nouvelles archives du Muséum d'histoire naturelle en 46 volumes. 

1° de 1865 à 1874, 10 volumes, 

2° de 1878 à 1888, 10 volumes et table générale pour 1839-1888, 

3° de 1889 à 1898, 10 volumes et table générale pour 1889-1898, 

4° de 1899 à 1908, 10 volumes, 

5° de 1908 à 1914, 6 volumes. 

Épuisées en partie, une liste détaillée des tomes disponibles sera prochainement dressée. 

Le tome : France, 2.000 fr. ; Étranger, 3.000 fr., sauf le tome XII : France, 3.500 fr., Étranger, 5.000 fr. 

6 e SÉRIE : Archives du Muséum national d'histoire naturelle. 

T. I, 1926 à XI, 1934. Liste détaillée sur demande. 

T. XII, 1935 - Volume du Tricentenaire,683 p., fig.,portr., 19 pi. Le Muséum national d'histoire naturelle, 
son histoire, son état actuel, par Paul Lemoine, suivi de 64 mémoires. 

T. XIII, 1935 - Le Crétacé et le Tertiaire du Sahara soudanais (Soudan, Niger, Tchad), par R. Furon. 
Crustacés décapodes du Crétacé de Tanout (Damergon, Niger français), par L. Joleaud et Te- 
You-Hsu. Sur quelques caractères anatomiques du pied des Éléphants. Contribution à l’étude 
de la formation des phanères unguéales, par H. Neuville. 

T. XIV, 1937 - Troisième centenaire du Muséum national d'histoire naturelle. Liste des délégués. Dis¬ 
cours. Étude des Opisthobranches des côtes nord de la Méditerranée, par A. Pruvot-Fol. Ana¬ 
tomie des Cypraeidés, par J. Risbec. Recherches sur les caractères ostéologiques des Casto- 
ridés, par M. Friant. Sur trois Xyphius échoués sur les côtes des Landes et des Basses-Pyré¬ 
nées, par P. Arne. Épuisé. 

T. XV, 1937 - Recherches sur le télencéphale des Ruminants primitifs, par R. Anthony et M. Friant. 
Recherches sur l'anatomie comparée des graines de Ptéridospermes, par A. Loubière. Contri¬ 
bution à la morphologie et à la systématique des Téléostéens dissymétriques, par P. Chabanaud. 

Épuisé. 

T. XVI, 1940 - Un nouveau Téléostéen dissymétrique fossile, originaire du Lutétien du Bassin de Paris, 
par P. Chabanaud. Le Télencéphale des Hippopotamidés, par M. Friant. L'œil des Cétacés, par 
le D r A. Rochon-Duvigneaud. Recherches sur l'Arctonyx dictator Thomas, par Ach. Urbain 
et M. Friant. Gorgonides et Alcyonides des collections du Muséum National d’histoire naturelle 
(1 re partie), par G. Stiasny. 

T. XVII, 1940 - Variations expérimentales de Chrysiridia madagascariensis Less. (Lep. Uranlidae, 
par R. Catala.) 

T. XVIII, 1942 - Mollusques pléistocènes de la Côte française des Somalis recueillis par E. Aubert de 
la Rüe, par R. Abrard. Nouvelles études descriptives sur les Agarics termitophiles d'Afrique 
tropicale, par R. Heim. Recherches anatomiques sur l'Antilope royale, Neotragus (Neotragus) 
pygmaeus L., par Ach. Urbain et M. Friant. 

T. XIX et dernier, 1942 - Études critiques sur les Tetrarhynques du Muséum de Paris, par R.-Ph. Doilfus. 

7 e SÉRIE : Archives du Muséum national d'histoire naturelle. 

T. I, 1952 - L'œuvre de Richard Fosse, par Ch. Sannié. Les Corallinacées de France et d'Afrique du 
Nord, par Gontran Hamel et M mo P. Lemoine, XVI-137 p., 24 pi. France, 3.500 fr. ; Étranger, 
4.500 fr. 

T. Il, 1954 - Alfred Lacroix par Jean Orcel. Contributions à l’étude des flores fossiles quaternaires de 
l'Afrique du Nord, par C. Arambourg, J. Arènes et G. Depape. XXVII-87 p., 7 pi., portrait. 
France, 2.500 fr. ; Étranger, 3.000 fr. 

T. III, 1954-55 - Jean Becquerel, par Y. Le Grand. Un Juniperoxylon particulier dans l'éocène inférieur 
du Bassin de Paris, par L. Grambast. Cinq espèces de Nématodes chez un Atèle (Ateles ater) 
(G. Cuvier, 1823), mort à la Ménagerie du Muséum, par R. Ph. Doilfus et A. G. Chabaud. 
Recherches anatomiques et biologiques sur les Sphaeropsidales-Phaeodidymae des Fungi Imper- 
fecti, par Ch. E. Zambettakis. XVIIM46 p., 34 pi., portrait. France, 4.500 fr. ; Étranger, 5.000 fr. 

En vente à la Bibliothèque centrale du Muséum national d'histoire naturelle, 36, rue Geoffroy-Saint- 
Hilalre, Paris (5 e ). Paiement au comptant ou par chèque bancaire au nom de la Bibliothèque centrale du 
Muséum ou par C.C.P. Paris 9062-62, Bibliothèque centrale du Muséum. 

Ces Archives peuvent aussi s'obtenir par échange . 


Source : MNHN , Paris 


Source : MNHN, Paris